Évangile : « Que devons-nous faire ? »
En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. »
Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Homélie :
Du prophète Sophonie : « Pousse des cris de joie, Fille de Sion ! Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie, fille de Jérusalem »
De Saint Paul : « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. »
Et Jean Baptiste nous dit ce que nous devons faire pour connaitre cette joie dans le Christ et pour y demeurer.
Or, la joie, la joie de Dieu semble avoir disparu de notre monde, de notre Église, de notre cœur. La planète est menacée, les pays, les états se font la guerre, le Covid atteint des milliers de personnes, l’Eglise est traversée par les scandales que nous connaissons et Dieu, dans ces lectures, nous demande de vivre dans la joie ? Et bien oui, parce que la joie de Dieu n’est pas de ce monde. Mais si nous vivons de cette joie, elle entrera dans notre monde.
Notre péché, c’est que nous nous divertissons, nous nous amusons, nous nous faisons plaisir, nous profitons et, en fait, nous sommes tristes dans le fond de nous-mêmes. Et nous fuyons cette tristesse par des riens, par du vide.
L’absence de joie pour un chrétien est un péché, car c’est oublier que nous sommes sauvés, que Dieu nous aime, que nous sommes ressuscités.
La joie n’est pas une facette parmi d’autres du christianisme, c’est sa tonalité, sa nature profonde.
Jean Baptiste nous dit comment découvrir cette joie unique, dans le partage, partager ce que l’on a, ce que l’on est.
La joie, que Dieu donne au monde en Jésus, ne peut être accueillie, vécue, que si elle est communiquée comme ces flammes que nous nous passons les uns aux autres dans la nuit de Pâques et qui illuminent tous les visages.
Jean Baptiste, le prophète de l’Avent, place ses auditeurs, pratiquement de force, face à la gravité de l’heure de Dieu, et sa voix est entendue, elle provoque en eux la repentance, c’est-à-dire une transformation intérieure, un changement venant de la conscience du péché ; il s’agit de passer de l’égoïsme, du retour sur soi-même à une vie de responsabilité devant Dieu et nos frères.
« Que devons-nous faire ? » demandent ceux qui viennent vers Jean Baptiste pour se faire baptiser. Et la réponse de Jean est toute simple : faites votre devoir avec droiture, rectitude, justice, vivez dans la vraie charité les uns vis-à-vis des autres. Aimez vos ennemis. N’oublions jamais que Jésus nous rappelle que nous sommes des serviteurs inutiles. Nous n’avons pas à nous prévaloir de nos dons, nous les avons reçus de Dieu.
En ouvrant nos cœurs à l’Esprit Saint, à l’imprévu de Dieu, nous laissons en même temps Jésus nous libérer, transformer nos pauvretés en lumières.
La grandeur de Jean-Baptiste a été précisément de n’être attaché qu’à Dieu seul, de s’effacer totalement devant Jésus. Jésus aussi s’effacera et disparaitra à nos yeux parce qu’il est venu nous révéler le Père et nous conduite à lui.
Le message de Jean est très contemporain, il retentit aussi neuf, aussi percutant en notre siècle qu’il y a deux mille ans. L’homme d’aujourd’hui cherche à trouver un remède à son malaise profond dans des idoles diverses ou le dans changement des autres.
La réponse est toujours la même, le mal est en chacun de nous, la racine de toutes les injustices est aussi dans notre cœur.
Tout l’Évangile pourrait se résumer dans cette maxime : « Veux tu être en paix avec Dieu ? Veux tu communier à sa joie ? » Alors, sois en paix avec ton prochain : « Attires la paix et deviens lumière. », dit Gogol. Et c’est vrai, quelqu’un qui rayonne la paix de Dieu, la joie de l’Evangile, attire les autres tout naturellement à lui. C’est ainsi que la qualité de notre relation aux autres dépend de la manière dont nous habitons notre cœur.
Dans quelques jours, nous fêterons Noël, nous irons prier à la crèche. Mais la vraie, l’unique crèche, c’est notre cœur. Que chacun de nous prépare son cœur, sa crèche intime en y laissant entrer la lumière de l’amour, du pardon, du partage, de la paix.
Frère Michel
Moine du Bec