Vigile du 21ème dimanche du temps de l’Église -A- 2020 (Mt 16, 13-20)

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Catégorie : Homélies

Beaucoup sont prêts à reconnaître que Jésus est un homme exceptionnel dont le message a marqué et marque toujours l’histoire, celle de l’humanité et celle des personnes individuelles aussi. Deux signes, même s’ils ne disent pas tout : nous sommes en 2020 après Jésus Christ… Les idéaux promus par la Révolution française : liberté, égalité, fraternité, ne viennent pas de nulle part…

Mais quand Pierre déclare à Jésus qu’il est « le Messie, le Fils du Dieu vivant », il confesse une réalité tout autre : ce n’est pas le caractère unique de sa personnalité que reconnaît Pierre ici, c’est son identité divine : Jésus, le Fils de Dieu, est bien le Messie annoncé par les prophètes, qui sauvera Israël.Pierre ne met pas dans cette confession, au moment où il la formule, tout ce qu’il mettra après la résurrection ; mais il est conscient d’exprimer son acte de foi en Jésus, envoyé du Père des cieux pour accomplir sa promesse de salut. Son acte de foi s’enrichira, à partir de Pâques et jusqu’à la fin de sa vie, de son contact continuel et quotidien avec le christ ressuscité. Un peu comme le « oui », donné lors d’un grand engagement, religieux ou conjugal, qui englobe tout l’avenir, avec ses imprévus, ses accidents, ses transformations inévitables.

Ce que nous révèlent la question de Jésus : « pour vous, qui suis-je ? » et la réponse de Pierre, c’est que la vie de foi n’est pas de l’ordre du savoir, mais de la relation personnelle avec le Christ : « A qui irions-nous, Seigneur, demandent les disciples, tu as les paroles de la vie éternelle. » Jésus est vie, promesse d’éternité, source d’espérance pour aujourd’hui, quelles que soient les conditions de notre existence et la situation dans laquelle nous nous trouvons. On peut, en ce sens, connaître le message chrétien, sans être chrétien, pratiquer la morale chrétienne, sans être chrétien…

Un passage de ‘Croire’, de Bernard Sesboüé, dit cela bien mieux que moi : Jésus n’a pas réuni ses disciples, un jour, pour leur dire : « Je vais maintenant vous révéler un grand secret : je suis le Fils de Dieu ». Telle n’est pas sa pédagogie. Jésus ne met jamais les mots avant la réalité. A supposer qu’il ait procédé ainsi, une telle révélation était-elle recevable ? Il a préféré faire progressivement ‘deviner’, à partir d’une communion de vie, sa propre identité. Non pas que ce fût une sorte de charade. Mais la réponse à la question de l’identité de Jésus ne peut être apportée que par la relation personnelle qui se noue avec lui. (Croire, Droguet & Ardant, 1999, p. 265)

Retenons la leçon : croire en Jésus, le Fils de Dieu, le Messie, c’est essentiellement vivre avec lui, nous laisser habiter par sa parole, nous couler dans sa prière, le reconnaître dans toutes les personnes rencontrées, les plus pauvres particulièrement, et témoigner autour de nous qu’il est le visage de Dieu pour nous, son amour vivant.

 

Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du Bec