Evangile
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »
Homélie de Vigile
« Veillez », nous dit Jésus, pour être prêts quand viendra le Fils de l’homme ! Ne nous méprenons pas sur cette veille. On la comprendrait de travers, en la considérant comme l’attente, pour demain, du retour du Christ et en se contentant, aujourd’hui, d’éviter les écarts, d’appliquer les lois, de faire juste ce qu’il faut pour être en règle face au jugement de Dieu.
En réalité, aujourd’hui est l’heure de la venue du Christ, et veiller, c’est le reconnaître présent dans l’autre qui nous aborde, que nous croisons, qui nous gêne parfois ou nous agace. Passer à côté des autres, sans les regarder, sans voir en eux le Christ qui nous sollicite, ou les ignorer plus ou moins consciemment parce qu’ils nous dérangent, c’est oublier qui nous sommes, frères dans le Christ, et trahir notre mission de veilleurs.
Veiller est un acte incessant de foi, un discernement continuel, pour reconnaître, dans les événements, dans les situations de tous ordres, un appel, un signe du Christ. Veiller est une activité de tous les instants, pas une activité épuisante, mais recréatrice, car inspirée par l’amour et l’espérance. On pourrait dire que veiller, c’est exercer activement la charité.
Homélie de la messe du dimanche
Le Seigneur vient, il est venu, il reviendra. Nous sommes ici dans le temps des hommes, mais aussi dans celui de Dieu où passé, présent avenir sont comme un perpétuel aujourd’hui. De même que, dans la foi, le Christ meurt et ressuscite aujourd’hui, de même advient-il toujours, en ce temps qui est le nôtre : le pauvre, le petit, le malade, le blessé, tout homme qui se présente devant nous est le Christ qui vient, qui sollicite notre attention, nous révèle que nous sommes le Christ pour lui.
Jésus ne vient donc pas de l’extérieur de nous, pour nous arracher à l’actualité du monde ; il vient du dedans de nous, dans l’acte de foi qui nous le fait reconnaître dans l’autre et dans l’acte de charité qui nous fait son prochain, c’est-à-dire le Christ pour lui. Pour que ce mystère de l’avènement du Christ se réalise aujourd’hui, il faut, de nécessité divine, qu’il soit physiquement apparu sur terre, en un pays donné, à une date connue, dans un environnement particulier, le monde méditerranéen dominé par Rome.
Le temps de l’Avent, comme celui du Carême, nous ramène au fondement de notre vie chrétienne, à la racine de notre vocation de veilleurs. Par notre baptême, en effet, nous sommes entrés dans le temps de Dieu, notre histoire est celle de la réalisation de son dessein de salut : tout ce qui nous advient, tout ce que nous entreprenons peut devenir, dans un regard de foi, dans un acte d’espérance, participation à la mission du Christ, pierre apportée à l’édification de son règne.
l’Avent, temps d’attente, est donc mystère d’espérance, invitation à nous engager pour Dieu, à inscrire notre histoire dans son dessein de rédemption, de recréation. Si souvent, nous la subissons, notre histoire, comme une contrainte ou une fatalité, alors qu’elle est le temps de l’accomplissement de notre alliance avec Dieu, dans le Christ, quelles que soient ses sinuosités, ses crevasses, ses régressions, ses ombres, ses lumières… « Viens, Seigneur Jésus ! », pas demain, mais aujourd’hui, en nous amenant à discerner ta venue, ta présence, dans les signes que sont l’amour et la vérité, la justice et la paix, partagés entre nous.
Frère Paul-Emmanuel
Abbé du Bec