Évangile : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif »
En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la Vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Homélie :
Déjà la semaine dernière, nous avons entendu qu’une grande foule suivait Jésus. Voici que dans le passage de ce dimanche, nous retrouvons cette même foule qui poursuit Jésus sur le chemin autour du lac. Jésus a de la sollicitude, de la compassion et, en même temps, il l’a fait parce qu’il perçoit bien le décalage entre les motivations de cette foule enthousiaste – elle voulait le faire roi – et sa mission. Fossé abyssal entre les aspirations, l’attente du peuple et ce que Jésus vient apporter : ce qu’il est !
Ce pourrait-il déjà être un premier axe de réflexions aujourd’hui pour nous ? Qu’est ce que j’attends de Jésus le Christ ? Qu’est-ce que je cherche ? Qu’est-ce que je désire ? Oh, il y a bien eu les enthousiasmes des premiers temps dans une vocation religieuse par exemple, voir qu’en est il dans la vie quotidienne de l’Église en tous ses membres ? Que cherchons nous à faire en suivant le Christ ? Les œuvres de Dieu ou le œuvres pour Dieu ? Car, ici, il va bien être question d’œuvres : Que devons nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? et, à la fin, Jésus les renvoie en Lui. Toutes les belles réalisations institutionnelles sont-elles l’œuvre de Dieu ou l’œuvre pour Dieu ? Sommes-nous disciples du Christ, serviteurs de l’Evangile ou du Royaume ou serviteurs d’institutions ? Il ne s’agit pas d’opposer systématiquement les deux mais il s’agit de veiller à ce qu’il y ait une adéquation entre les deux.
Et Jésus, déjà au début de l’Évangile, renvoyait la foule à la réflexion : « Vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes mais parce que vous avez mangé du pain et avez été rassasiés. »
Mais c’est Jésus lui-même qui a voulu cela et les a nourris avec générosité, à satiété, rappelez vous tout ce qu’il restait ! Ici encore, le Seigneur nous renvoie à nous-mêmes : satisfaction matérielle ou signe pour se mettre en route ? Et la 1ère lecture nous a bien rappelé ce dilemme : Voici les hébreux en route vers la liberté qui regrettent l’esclavage car ils étaient rassasiés ! Que chérissons nous : la marche vers la liberté avec les signes donnés par Dieu, dans tous les risques que cela fait courir, ou l’esclavage mais avec la sécurité d’être dans l’abondance.
Et, à travers l’épitre aux Éphésiens, Paul nous invite bien à nous défaire de la conduite d’autrefois, de l’homme ancien cerné par les convoitises. Nous savons combien ces convoitises peuvent être diverses et variées, combien notre société nous offre de tels objets. Mais nous sommes invités à avancer sur ce chemin de liberté, sur ce chemin de renouvellement à préférer devenir sans cesse un être nouveau, selon Dieu, c’est-à-dire selon la grâce que nous avons reçue au baptême : Christ de la prière et de la Sainteté au cœur de nos vies.
Mais, dans l’Évangile, la foule ne semble pas avoir compris parce qu’elle demande à Jésus : « Quel signe fais-tu donc pour qu’à sa vue, nous te croyons ? » La foule semble donc aveugle ! Elle ne sait pas lire, elle ne sait pas interpréter ce que Jésus fait et réalise !
Aujourd’hui le Seigneur se donne à nous comme le pain venu du Ciel. Soyons dans l’action de grâce pour ce don qui nous est fait. Le Seigneur vient à nous et se donne à nous : pain de la Parole et pain de l’Eucharistie. Reconnaissons-le et accueillons le pour pouvoir accomplir l’œuvre du Père.
Père Louis Marie Coudray
Prieur du monastère d’Abu Gosh
Près Jérusalem