Ukraine – La force de la prière

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Nous vivons une période difficile, sinon tragique. Alors que la crise sanitaire de ces deux dernières années semble reculer, une nouvelle guerre débute aux portes de l’Europe. C’est un choc d’incompréhension, une révolte qui nous submerge devant une telle barbarie aussi folle qu’injuste, alors que l’Europe, en dehors de la triste guerre dans l’ex-Yougoslavie, était en paix depuis la fin de la dernière guerre mondiale. Devant une telle brutalité, peut-on rester indifférent ou passif ? Non, tout en nous se révolte et exige une réponse, une action. Et en même temps, nous nous sentons désarmés, avec un besoin de quelque chose à faire, des actes à accomplir…

Dessin de Justin Welby, archevêque de Cantorbery

Mais que faire ? Quelles seraient les armes à prendre pour combattre cette nouvelle guerre. Pour nous chrétiens, notre seule et meilleure arme, reste la prière. Bien sur, il faut prier diront les plus pratiquants.  A quoi ça va servir proclameront les autres ! Ne servir à rien si on croît que la prière est une baguette magique qui stoppera immédiatement ces atrocités. Comme le dit un théologien protestant, la guerre relève du péché. On voit que dans le livre de la Genèse, la racine du péché est l’orgueil de l’homme qui se prend pour Dieu. C’est ce qui s’est passé lorsque nos premiers parents ont écouté la voix du serpent, le menteur et le diviseur qui leur promettait : « Vous serez comme des dieux ». On connait la suite : un déchaînement de brutalités, de guerres et de mensonges comme les images de celle-ci nous le montre chaque jour un peu plus.

 

La seule et vraie prière, c’est celle de Jésus dans laquelle il nous invite à entrer. Et la prière de Jésus, c’est d’abord une prière de demande de pardon : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Par cette prière à son Père, Jésus se place à côté de nous pour nous aider à demander pardon à Dieu pour ce nouveau péché. Mais aussi pardon pour les nôtres, car comment demander au Christ de nous délivrer du mal si nous ne sommes pas conscient que le mal est aussi en nous ? La prière avec Jésus, le seul juste qui soit sans péché, nous place du côté de la justice et du bien, dans un combat qui nous dépasse, mais où nous avons une action à mener. Dieu nous a créé libres avec tous les risques que cela peut entrainer pour Lui, comme pour nous. Libres pour faire le bien, libres pour choisir le mal, mais jamais totalement l’un ou l’autre. Je ne suis ni le meilleur, ni le pire des hommes, mais je dois reconnaître qu’il y a en moi du bien et du mal comme dit saint Paul. C’est dans la prière que la lumière de Dieu pourra venir éclairer notre cœur en rejetant tous nos ténèbres loin de nous.

 

On a souvent dit que les guerres remplissaient les églises. Plut à Dieu que ce ne soit pas la seule condition d’un retour à une foi plus forte et mieux éclairée ! Jamais la guerre ne pourra se justifier ; il n’y a ni guerre juste, ni guerre sainte. La guerre relève du diabolique en ce qu’elle est irrationnelle. Mais si on est attaqué, on a le droit, et même le devoir de défendre ceux qui sont sans défense.

 

Dans l’Ancien Testament, le Peuple de Dieu a souvent été en guerre. Chaque fois, Il a crié vers Dieu sa détresse pour lui demander son secours alors qu’il avait abandonné son Seigneur pour des idoles matérielles. Et on voit qu’à chaque fois, Dieu le sauve d’une façon ou d’une autre en lui envoyant un Sauveur qui pour nous, chrétiens, est Jésus le Christ.

 

J’aime reprendre l’image de l’épisode rapporté au livre de l’Exode où l’on trouve Israël face à son ennemi Amaleq, son ennemi héréditaire. Moïse se voit contraint à une nouvelle bataille. Mais en homme de Dieu, il veut combattre de deux façons différentes mais conjointes : par les armes de ses soldats d’une part, mais aussi et surtout, par sa prière. Pendant que Josué engage le combat dans la plaine avec ses troupes, lui, Aaron et Hour, montent sur une colline au-dessus de la bataille. Moïse tient en main le bâton de Dieu, c’est-à-dire sa présence et sa force. Il doit le garder levé pour que les Israélites puissent avoir de dessus sur son ennemi : « Lorsque Moïse élevait la main, Israël était le plus fort ; mais quand il reposait la main, c’était Amaleq qui était le plus fort. Mais les bras de Moïse se faisant lourds, Aaron et Hour prirent une pierre, la placèrent sous lui et il s’assit dessus, un de chaque côté lui soutenant les bras. Ainsi ses bras restèrent fermes jusqu’au couché du soleil et Josué vainquit Amaleq » (Ex. 17, 11-13).

 

On voit combien les deux combats, celui des armes et celui de la prière, sont indispensables pour vaincre tout mal. Le combat des armes est bien évidemment celui des armes défensives, mais c’est aussi tout le travail des ONG qui portent leur aide à la population tant civile que militaire. C’est ce qui se réalise si magnifiquement en Ukraine aujourd’hui, non seulement dans le pays même, mais aussi dans des pays voisins qui accueillent généreusement une population traumatisée. La guerre en Ukraine sera destructrice en population et en biens ; peut être longue aussi. On a vu Moïse intercéder avec persévérance et constance dans la prière, mais aussi grâce à l’aide de ses deux compagnons : Aaron, son frère, prêtre du Très Haut, et Hour, simple laïc. Si sa prière a duré toute une journée avec, comme on l’a vu, des hauts et des bas dans le déroulement de la bataille, cela nous appelle nous-mêmes à persévérer avec confiance dans la notre. Le temps de Dieu n’est pas le notre, mais on peut être certain d’une victoire finale comme la détermination de tous les combattants d’Ukraine aujourd’hui nous le confirme.

 

Derrière cette image de Moïse sur la montagne et levant ses bras soutenus pour ses deux compagnons, se  juxtapose une autre image : celle de montagne de  la Transfiguration avec Jésus entre Moïse et Élie. Et la voix de Dieu nous confirme que c’est bien Lui qu’on doit écouter. Enfin, sur une troisième montagne, celle du calvaire, on voit encore Jésus les bras écartés entre deux compagnons de souffrance, des bandits, pour nous annoncer le pardon de son Père. Ces trois images se superposent pour un unique message, celui de la présence de Jésus à nos côtés et à celui de nos frères actuellement dans le malheur et avec qui on demande le salut. Si la Bible nous rappelle que la vie est tragique, celle-ci n’est jamais le dernier mot de l’histoire ; tous les grands drames ont été suivis d’une résurrection.

 

Frère Raphael
Moine du Bec

On a souvent dit que les guerres remplissaient les églises. Plut à Dieu que ce ne soit pas la seule condition d’un retour à une foi plus forte et mieux éclairée ! Jamais la guerre ne pourra se justifier ; il n’y a ni guerre juste, ni guerre sainte. La guerre relève du diabolique en ce qu’elle est irrationnelle. Mais si on est attaqué, on a le droit, et même le devoir de défendre ceux qui sont sans défense.

A Prayer for Ukraine

God of peace and justice.
We pray for the people of Ukraine today.
We pray for peace and the laying down of weapons.
We pray for all those who fear for tomorrow.
that your Spirit of comfort would draw near to them.
We pray for those with power over war or peace.
for wisdom, discernment and compassion
to guide their decisions.
Above all, we pray for all your precious children, at risk and in fear,
that you would hold and protect them.
We pray in the name of Jesus. the Prince of Peace.
Amen.

Justin Welby, Archbishop of Cantorbery
Stephen Courell, Archbishop of York

Une prière pour l’Ukraine

Dieu de la paix et de la justice.
Nous prions pour le peuple ukrainien aujourd’hui.
Nous prions pour la paix et le dépôt des armes.
Nous prions pour tous ceux qui ont peur du lendemain.
que ton Esprit de réconfort s’approche d’eux.
Nous prions pour ceux qui ont le pouvoir sur la guerre ou la paix.
Pour que la sagesse, le discernement et la compassion
guident leurs décisions.
Par-dessus tout, nous prions pour tous tes précieux enfants, en danger et dans la peur,
pour que tu les prennes dans tes bras et les protèges.
Nous prions au nom de Jésus, le Prince de la paix.
Amen.

Justin Welby, Archevêque de Cantorbery
Stephen Courell, Archevêque de York