Homélie de la Vigile pascale – année C
Chers frères et sœurs,
En cette nuit très sainte, nous célébrons la fête de Pâques, la fête du passage de la mort à la vie : c’est la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ ! « Mère de toutes les veillées saintes. » Nous avons vécu, jeudi, la dernière cène, avec le commandement de l’amour fraternel par ce geste étonnant du lavement des pieds, ainsi que l’institution de l’Eucharistie et du sacerdoce ; nous avons, ensuite, vendredi, suivi Jésus dans sa Passion jusqu’au tombeau et maintenant nous sommes avec ces femmes de l’évangile, « à la pointe de l’aurore » à contempler le tombeau vide ! Leur désarroi devant cette image donnera lieu à l’Espérance renouvelée par la Résurrection de Jésus. La pierre roulée à côté du tombeau est le symbole de la victoire définitive de la vie. Et nous sommes ici pour célébrer justement cet événement historique qui a changé le cours de l’histoire.
Nous avons entendu l’annonce de la Pâque avec le chant de l’exultet ! L’église était encore dans le noir ! La flamme du cierge pascal et celle de notre cierge qui nous introduisait dans l’église, nous éclairait pour nous rappeler que la vie a pris le dessus. Mais aussi pour nous signifier que dans les ténèbres que nous pouvons traverser, le Christ est là, pour nous éclairer.
Toutes ces lectures bibliques qui nous sont proposées pour cette veillée pascale nous montrent que Dieu n’a jamais cessé d’être présent à son peuple. Et l’annonce de la Pâque par le cri de l’alléluia est, en réalité, une invitation : « Qu’éclate dans le ciel la joie des anges, qu’éclate de partout la joie du monde, qu’éclate dans l’Église, qu’éclate ici, la joie des fils de Dieu. » Devant la vie nous ne pouvons que nous réjouir. Devant cette vie qui nous est donné par ce Dieu qui nous aime, nous ne pouvons que nous réjouir !
Mais si nous regardons attentivement autour de nous, et en nous, comment entrer dans cette joie ? Car nous sommes tentés de ne voir que ce qui va mal. Ce qui va mal dans le monde, dans l’Église, dans nos vies ! Nous savons bien que tout n’est pas parfait ! Chacun sait et connait les obscurités que nous pouvons traverser. Et voilà ce que le Christ vient nous rappeler cette nuit : même si nous traversons les ténèbres, si nous sommes avec Lui, nous pouvons avancer, libres et vainqueurs car il a détruit le dernier adversaire, la mort ! Voilà notre Espérance. Voilà la certitude de notre foi ! Nous sommes constamment invités à entrer dans la lumière de cette résurrection. Et à partir de là, voir le monde d’une autre manière. Voir notre vie d’une autre manière. Voir soi-même de manière renouvelée.
L’attitude de ces femmes, après le passage de leur perplexité en voyant le tombeau vide, à la foi dans le ressuscité, c’était d’aller annoncer la bonne nouvelle. Celle de la victoire de la vie ! Car tout prend un sens nouveau lorsque nous laissons le Christ prendre part dans notre vie, dans notre histoire. Tout prend sens lorsque nous osons vivre cette relation avec le Seigneur. Lorsque nous nous laissons toucher par son regard, par sa vie, par son amour.
Nous avons entendu ce soir que « si nous sommes passés par la mort avec le Christ nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui. » Est-ce que nous le croyons vraiment ? Et cette question nous amène une autre : qui est-il, Jésus, pour nous ? Pour moi ?
Nous allons renouveler notre propre baptême tout à l’heure. Nous allons redire « Je crois » pour soutenir aussi la foi des uns et des autres. Non seulement nous ne regrettons pas d’avoir été baptisés, mais nous en sommes heureux et nous sommes dans la joie de pouvoir renouveler les engagements de notre baptême, comme nous avons été heureux de recevoir le pardon de Dieu dans le sacrement de la Réconciliation. Prenons quelques instants en silence pour laisser jaillir en nous une réponse. Car cette nuit est la nuit d’une nouvelle naissance. Ce sera une nouvelle naissance pour ceux qui vont être baptisés, mais cela peut être aussi une nouvelle naissance pour chacun de nous.
Joyeuses fêtes pascales à toutes et à tous ! Daigne le Ressuscité bénir notre assemblée de cette nuit sainte, et nous engager résolument sur des chemins de vie et de résurrection, lui le Vivant pour les siècles des siècles. Amen.
Père Dieudonné
Prieur du Bec