Vigile pascale – année B – dimanche 4 avril 2021
En cette Vigile Pascale, l’Église nous invite à revivre la résurrection de Jésus. Ce mystère illumine toutes les écritures. Elles sont à la fois tendues vers la Passion et la Résurrection de Jésus et leur sens profond est dévoilé par le mystère pascal.
La liturgie de cette nuit nous fait revivre les principales étapes de l’histoire d’Israël, depuis la création jusqu’aux prophètes. La résurrection du Fils et une œuvre d’amour du Père. C’est une nouvelle création qui parachève la première création que le péché avait défiguré.
Parmi les textes que nous venons d’entendre, retenons-en deux : Le récit du sacrifice d’Isaac et le passage de la Mer Rouge.
Isaac, le fils de la promesse, est offert par son père Abraham. Le sacrifice est beaucoup plus le fait d’Abraham que de l’enfant, Dieu lui demande de renoncer à ce qu’il a de plus cher et qui lui avait été donné après une longue attente. Or, contre toute espérance, ce fils lui est rendu. La vie est sauve. C’est comme si Dieu lui donnait une nouvelle naissance, le recréait. C’est ce qu’a parfaitement compris l’auteur de l’épître aux Hébreux, allant jusqu’à voir chez Abraham la foi en la résurrection : « Dieu, pensait-il, est capable même de ressusciter les morts, c’est pour cela qu’il recouvra son fils, et ce fut un signe » (Heb 11, 19). La résurrection de Jésus accomplit cette préfiguration car Jésus est véritablement offert en sacrifice.La traversée de la mer Rouge est elle aussi une préfiguration de la Résurrection de Jésus. Les eaux de la mer sont l’image de la mort, des puissances hostiles qui cherchent à anéantir. Mais grâce à l’intervention divine, elle laisse passer les Hébreux avant de se refermer sur leurs ennemis. Jésus traverse lui aussi les eaux de la mort et son Père le relève au matin du troisième jour.
Ce passage à la suite de Jésus et avec lui, nous le revivons lors du baptême. Cette image est développée par l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains : « Si par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » Par le baptême, nous mourrons au péché qui est englouti dans les eaux et nous renaissons à une vie nouvelle grâce à la résurrection de Jésus.
Dans quelques instants, nous allons revivre ce passage par les eaux de la mort pour renaître à la vie nouvelle. Nous bénirons l’eau par la puissance du Christ ressuscité pour qu’elle n’engendre plus la mort mais donne la vie. En renouvelant les promesses de notre baptême, nous nous engageons à être les Témoins de Jésus ressuscité et à vivre de son amour manifesté dans sa Pâque. Comme les femmes que l’ange envoie annoncer cette Bonne Nouvelle aux apôtres avant de le retrouver en Galilée, le lieu de notre vie quotidienne.Dimanche de Pâques – 4 avril 2021
Nous voici rassemblés en ce jour en Église, avec toute l’Église, pour célébrer le cœur de notre foi, la Résurrection de Jésus. Cet événement capital est source de paix et de joie. Il illumine notre vie et notre monde. Jésus, le Fils de Dieu, condamné à mort sous Ponce Pilate, s’est affranchi des liens de la mort. Il est sorti vainqueur du tombeau. Il est le Vivant. Cette affirmation pour nous est centrale car, selon l’apôtre Paul, si le Christ n’est pas ressuscité, la vie, le monde n’ont plus aucun sens. Nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.
Pourtant c’est une toute petite étincelle qui est à l’origine de ce feu qui embrase le monde. C’est la foi de quelques-uns qui s’est transmise et propagée à l’univers. Au matin de Pâques, selon l’évangile de Jean que nous venons d’entendre, Marie de Magdala se rend au tombeau. C’est le matin du premier jour, le lendemain du grand Sabbat. Il fait encore nuit, comme ce matin lorsque plusieurs parmi vous ce sont enfoncés dans la nuit pour venir célébrer la vigile pascale et ont vu se lever l’aube de ce jour en même temps que brillait la flamme du cierge pascal trouant l’obscurité.
Marie, voyant la pierre enlevée, pense que le Seigneur a été emporté. Elle n’est pas prête à comprendre la Résurrection, pas plus que les disciples d’ailleurs. Car Dieu nous surprend toujours dans sa manière d’agir. Elle court aussitôt avertir Pierre et Jean qui viennent à leur tour. Marie de Magdala, Pierre, Jean, c’est déjà l’Église naissante. C’est sur leur foi encore indécise que va reposer la fois des autres disciples et la nôtre après eux. Lorsqu’ensemble, ils ont observé le linceul et les bandelettes restées là, Jean à l’intuition que Jésus n’a pas été enlevé mais a repris vie. Aussitôt, « il vit et il crut. »
Et, remarque importante, l’évangéliste fait observer que « jusque-là les disciples n’avais pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. » Il a donc fallu l’événement de la Résurrection pour que l’Écriture s’illumine. C’est maintenant que les disciples ont compris ce que signifiait les annonces des prophètes et des psaumes et les prédictions de Jésus lui-même. On se souvient comment Pierre a été scandalisé quand Jésus a annoncé sa Passion. La Résurrection illumine leur esprit et leur cœur.
Jésus ressuscité est source de lumière. Sa Résurrection révèle le sens de sa Passion qui, sans elle, apparaîtrait comme un échec dramatique. La Résurrection en fait la Victoire de l’Amour. Tout au long de cette semaine de Pâques, les apparitions du Ressuscité aux disciples, aux femmes et aux autres, nous montreront la naissance et la croissance de la foi dans leurs cœurs. Et grâce à leur témoignage, nous croyons nous aussi que Jésus est ressuscité.
L’annonce de la Résurrection de Jésus est l’objet de la prédication des apôtres au début de l’Église. Annoncer, proclamer la bonne nouvelle de Jésus qui a été envoyé par le Père, qui est passé en faisant le bien, qui a été persécuté, condamné et qui est mort, puis est ressuscité le troisième jour, voilà la mission des apôtres. Mais cette prédication n’aurait pas atteint son but si, grâce aux dons de l’Esprit Saint, elle ne suscitait pas dans le cœur des auditeurs la foi, l’adhésion du cœur et de tout l’être à Jésus ressuscité. La foi se traduit par une conversion, l’abandon du péché et l’ouverture à la grâce. Le baptême agrège le converti au corps de l’Église, à la communauté des disciples.
Ce matin, nous avons renouvelé notre renonciation au mal et au péché, et notre foi en Dieu, Père, Fils et Esprit. Nous allons encore affirmer notre foi en chantant le Credo. L’aspersion en début de cette célébration nous a rappelé que l’eau du baptême nous à purifié du péché et fait naître à la vie divine.
L’apôtre Paul nous exhorte à vivre en ressuscités. « Si vous êtes ressuscité avec le Christ, recherchez les choses d’en haut. » La vie du Christ ressuscité nous transforme intérieurement. Nous ne pouvons plus rester prisonnier des passions d’ici-bas. Cela ne signifie pas que nous devions nous désintéresser des choses de la terre et du monde. Ce qu’il faut quitter, c’est toutes les formes de convoitise, l’attachement aux choses matérielles, au pouvoir, à l’égoïsme, qui sont une idolâtrie et nous détournent de Dieu. Vivre en ressuscité nous engage à ouvrir nos cœur à notre prochain, à pratiquer le service, le partage, la générosité.
Car l’amour que Jésus a manifesté en mourant pour nous et en ressuscitant doit se communiquer et se répandre dans le monde.
Ainsi avec toute l’Église, en cette fête de Pâques et tout au long de ce temps Pascal, proclamons notre foi en Jésus ressuscité, demeurons dans l’espérance pour la vie nouvelle promise par Dieu et témoignons par notre amour que nous sommes sauvés.
Père Claude
Prieur du Bec