Homélie :
C’est la fête de la Toussaint, la fête de tous ces Bienheureux connus ou inconnus qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau, du peuple immense de ceux qui L’ont cherché. » Notons bien, « ceux qui ont cherché », non pas « ceux qui ont trouvé ». Joie pour les cœurs qui cherchent Dieu ! Si la joie est si grande de chercher Dieu, que sera celle de Le trouver et de L’étreindre !
La fête de la Toussaint nous donne l’occasion de goûter la joie de la sainteté des gens, même ordinaires, celle des « gens de la porte d’à côté ».
« Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’Il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et Il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance… En effet, le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4).
« Le salut est donné par notre Dieu et par l’Agneau. » Les saints ne disent pas : « Nous avons la gloire que nous méritons, après tout ce qu’on a fait pour Lui, Dieu nous devait bien cela. » Non ! Ils disent : « Le salut est donné ! » Il n’est pas une affaire d’effort ou de record, mais de réconfort.
Il peut y avoir de nombreuses théories sur ce qu’est la sainteté, d’abondantes explications et distinctions. Cette réflexion pourrait être utile, mais rien n’est plus éclairant que de revenir aux paroles de Jésus et de recueillir sa manière de transmettre la vérité. Jésus a expliqué avec grande simplicité ce que veut dire être saint, et il l’a fait quand il nous a enseigné les béatitudes (cf. Mt 5, 3-12; Lc 6, 20-23). Elles sont comme la carte d’identité du chrétien. Donc, si quelqu’un d’entre nous se pose cette question, « Comment fait-on pour parvenir à être un bon chrétien ? », la réponse est simple : il faut mettre en œuvre, chacun à sa manière, ce que Jésus déclare dans le sermon des béatitudes. À travers celles-ci se dessine le visage du Maître que nous sommes appelés à révéler dans le quotidien de nos vies.
Le mot « heureux » ou « bienheureux » devient synonyme de « saint » parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur.
Bien que les paroles de Jésus puissent nous sembler poétiques, elles vont toutefois vraiment à contre-courant de ce qui est habituel, de ce qui se fait dans la société ; et, bien que ce message de Jésus nous attire, en réalité le monde nous mène vers un autre style de vie. Les béatitudes ne sont nullement quelque chose de léger ou de superficiel, bien au contraire ; car nous ne pouvons les vivre que si l’Esprit Saint nous envahit avec toute sa puissance, et nous libère de la faiblesse de l’égoïsme, du confort, de l’orgueil.
Écoutons encore Jésus, avec tout l’amour et le respect que mérite le Maître. Permettons-lui de nous choquer par ses paroles, de nous provoquer, de nous interpeller en vue d’un changement réel de vie. Autrement, la sainteté ne sera qu’un mot. Léon Bloy disait : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints. »
Père Dieudonné
Prieur du Bec