Homélie :
Chers frères et sœurs!
Aujourd’hui, nous célébrons la solennité de Marie Immaculée, qui est fêtée dans le contexte de l’Avent, temps d’attente : Dieu accomplira ce qu’il a promis. Mais dans cette fête, il nous est annoncé que quelque chose est déjà accompli dans la personne et dans la vie de la Vierge Marie.
Dans la première lecture du jour, il est écrit : « La femme répondit : “Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé.” »
Le démon nous présente un visage de Dieu déformé : c’est le menteur. Et Ève fut trompée ! Au contraire, l’Esprit Saint qui connaît les secrets de Dieu nous enseigne le chemin vers Dieu. N’a-t-il pas pris sous son ombre la Vierge Marie, l’Immaculée ?
La fête de l’Immaculée Conception, précédée cette année par le deuxième dimanche de l’Avent, nous permet d’affirmer que ce n’est pas seulement Jean-Baptiste qui a préparé la voie au Messie.
C’est d’abord et surtout Marie, Vierge et Immaculée dès sa conception. L’amour sanctifiant de Dieu était déjà présent là, en la préservant de la contamination du mal qui est l’héritage commun de la famille humaine. C’est celle, « son immaculée conception », qui de la manière la plus élevée et la plus généreuse a fait en sorte que le chemin vers le Seigneur soit aplani d’une manière définitive en « écrasant la tête du serpent ».
Lorsque les voies de Dieu semblent difficiles, perdantes, par rapport à celles que l’apparence et la grosse caisse assourdissante des médias nous fait paraître bonnes, belles et désirables, n’oublions pas que Marie est prête à accourir vers nous, comme chez Élisabeth, pour nous apporter le réconfort et la joie, pour nous aider à redresser nos chemins parfois tortueux. Apprenons de Marie à aplanir les chemins sur lesquels nous pouvons nous diriger vers le bien, avec le bien et pour le bien.
La rencontre avec le Christ, porté vers nous par Marie comme elle l’a porté jusqu’à sa cousine Élisabeth, nous permet de demander à la Vierge Marie, qui a accueilli et gardé en son cœur le Fils de Dieu, de recevoir et de conserver dans notre cœur Jésus, ce « flot incessant d’amour » fait chair.
La grâce du « oui » de Marie, qui se joint à notre fragile « oui », transforme la terre en un autel, et tout le travail de l’homme devient une offrande de louange, de joie et de mission. Ce n’est pas facile, mais c’est merveilleux de dire ce « oui » qui est contraire à ce qu’on appelle le bon sens commun. Il y a deux mille ans, à Nazareth, comme partout dans le monde juif, il y avait des péchés considérés comme les plus grands : l’idolâtrie (= infidélité à Dieu) et l’adultère (= infidélité à son mari). Marie, avec son oui à l’ange s’est abandonnée en toute confiance à Dieu, et Dieu s’est « abandonné » à elle en devenant « le fruit de ses entrailles ». Marie ne se perd pas dans les raisonnements, elle ne met pas des obstacles au Seigneur, mais elle se confie et laisse de la place à l’action de l’Esprit Saint avec promptitude. Elle met tout de suite à disposition de Dieu tout son être et son histoire personnelle, pour que la Parole et la volonté de Dieu les modèlent et les conduisent à leur accomplissement. La Vierge Marie accepta tout de Dieu, devint la Mère de Jésus, et prit la vérité entre ses bras. Mais cet abandon total de Marie au vrai Dieu a permis un vrai Noël, selon la bonne volonté de Dieu. Alors, préparons-nous à dire, à Noël : « Jésus est né », mais avec moins de sentimentalisme, conscients de ce que cela signifie de dire « oui » à Dieu, et de ce que cela implique.
Marie dit : « Oui, j’ai confiance en Toi, Seigneur, Tu me défendras et Tu me conduiras. » Le « oui » de Marie à Dieu assume depuis le début l’attitude du service, de l’attention aux besoins d’autrui. La visite à Élisabeth, qui suit immédiatement l’Annonciation, en témoigne concrètement. La disponibilité envers Dieu se rencontre dans la disponibilité à se charger des besoins du prochain. Tout cela, sans bruit et sans ostentation, sans chercher les places d’honneur, sans publicité, parce que la charité et les œuvres de miséricorde n’ont pas besoin d’être présentées comme un trophée. Les œuvres de miséricorde se font dans le silence, de façon cachée, sans se vanter de les faire. Dans nos communautés aussi, nous sommes appelés à suivre l’exemple de Marie, en pratiquant le style de la discrétion et de la vie cachée.
Faisons de même afin qu’il se passe en nous ce qui s’est passé pour Marie : « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous. »
Que la fête de notre Mère nous aide à faire de toute notre vie un « oui » à Dieu, un « oui » fait d’adoration envers Lui et de gestes quotidiens d’amour et de service.
Père Dieudonné
Prieur du Bec