Homélie :
En plein Carême, l’Église nous propose de contempler, dans une fête solennelle, le doux et silencieux visage de Saint Joseph. Bien que les Évangiles ne nous parlent pas beaucoup de Saint Joseph, ses quelques actes et paroles connus dans la Sainte Écriture méritent des éloges et une vraie reconnaissance de notre part. Le livre de Siracide au chapitre 44 ne dit-il pas, en effet, de faire l’éloge de la foi de ces hommes glorieux qui sont nos ancêtres ? Hormis la Sainte Vierge, qui est plus glorieux que Saint Joseph ?
Saint Joseph a aimé son Dieu ! Et combien, ensemble avec Marie, ont aimé leur Dieu dans la complémentarité de leur appels propres ! Leur vie s’est passée dans une merveilleuse entraide, se soutenant l’un et l’autre à Nazareth ; c’était leur joie, leur richesse, tout pauvres qu’ils étaient.
Nous pouvons imaginer sans trop exagérer que Saint Joseph louait Dieu en tout temps, et qu’il avait tellement confiance en Lui. Il était un vrai fils d’Israël, et l’on disait de lui qu’il était non seulement un bon artisan de meubles, mais aussi un saint artisan… de paix. Il cherchait toujours le plan de son Dieu dans la foi, avec son cœur de fils. Il était si effacé, si humble et si doux. Leur Fils, Jésus, a beaucoup appris de lui, et ainsi, plus tard, il a invité ses disciples à son école de douceur et d’humilité comme à Nazareth. La force de Joseph était sa vie filiale.
Saint Joseph était aussi un homme joyeux qui prenait plaisir à tous les petits services de Nazareth dans l’effacement, surtout ceux qu’ils faisaient ensemble avec son épouse Marie et qui faisaient sa joie. Il a été un véritable père pour Jésus. C’est lui qui, selon la tradition de leurs Ancêtres, lui donna son Nom, le Nom dicté par l’Ange, et lui enseigna la Torah. Et combien Marie était ravie en son âme de les voir aller au Temple ensemble tous les deux ! Que pouvons-nous dire des moments dans l’atelier où il apprenait au petit Jésus, avec bonté et sourire, à devenir un vrai charpentier à Nazareth ! La vie familiale était aussi la force de Joseph. Saint Joseph avait un amour fort, tendre et profond et a été l’époux bien-aimé de la Vierge Marie. Son oui chaste, offert à Dieu, soutenait celui de Marie tout comme celui de Marie soutenait, sans doute, le sien. Ensemble, ils ont offert à Dieu un oui libre de participation consciente à son projet de salut qui était simplement de s’aimer l’un l’autre, comme Lui nous a aimés.
La force doublée de tendresse de Saint Joseph a apporté la sécurité, autant à Marie qu’à toute sa Famille et Marie, sa tendresse doublée de force lui donnait aussi confiance en lui-même. Ensemble ils étaient un vrai couple bienheureux. Remercions toujours Dieu, chers frères et sœurs, pour la délicate docilité de saint Joseph à son Souffle, tout comme pour sa fidélité aux côtés de Marie souvent exprimée dans un silence d’adoration et d’offrande devant le secret de Dieu qui l’échappait. « Ne crains pas, Joseph, de prendre chez toi Marie ton épouse, lui disait l’envoyé de Dieu. »
Portant la sécurité, et Marie, portant la confiance, cette profonde complémentarité d’entraide fut le secret joyeux de leur communion. Leur amour chaste et non moins profond, vrai, plénier et si fécond, leur Fils, Jésus, l’a couronné en leur invitant à une nouvelle complémentarité d’entraide en son Église : Marie comme Mère de l’Église, et Joseph qui en es le saint Protecteur. Quel bonheur céleste de pouvoir poursuivre ensemble, en ce temps de Carême, votre mission de Sainte Famille en veillant sur toutes les familles de la terre pour que se réalise le cri lancé par votre Fils, Jésus : « Père, qu’ils soient Un ! »
Saint Joseph, toi, le voyageur, le pèlerin d’espérance, homme de la route… mais aussi de la maison, de l’atelier et du voisinage ; comme toi, nous voulons être forts dans la foi et dans l’espérance, silencieux pour laisser l’Esprit parler à nos cœurs, humbles et disponibles pour accomplir l’œuvre de Dieu en nous. Saint Joseph, prie pour nous.
Père Dieudonné
Prieur du Bec