Homélie :
Chers frères et soeurs,
La fête du « Transitus » de Notre Bien heureux Père saint Benoît, en plein carême, nous donne un avant-goût des délices de la joie pascale qui approche. Saint Grégoire le Grand, parlant de saint Benoît dans les dialogues disait que « saint Benoît n’a pas enseigné autrement qu’il n’a vécu. » L’humilité si parfaite de Notre bien heureux père saint Benoît lui a mérité cette conformité, grâce à quoi, il ne pouvait enseigner autrement qu’il ne vivait, devenant l’exemple vivant de ce qu’il enseignait. Tout cela parce qu’il est rentré dans la voie, qui est le Christ, et qui est en même temps le terme. Le terme de tout homme, sa vraie finalité, c’est d’être avec Dieu pour toujours. C’est en étreignant Jésus, en s’unissant plus intimement à Lui que Notre bien heureux père saint Benoît a atteint quasiment toutes les solutions et a opéré dans la clarté du Christ. La Règle, un des moyens sûrs qui conduit à Dieu, qu’il a laissée comme héritage à ses fils et filles l’atteste si bien.
Nous pouvons être fiers de notre illustre Patriarche, fiers aussi de ceux et celles qui nous rattachent à lui : nos fondateurs et fondatrices filles et fils authentiques de saint Benoît. La vie bénédictine est appelée aujourd’hui plus que jamais à servir fidèlement de témoignage vivant aux peuples du monde entier sur la manière de vivre ensemble dans l’unité et la paix, et d’accueillir les autres dans la charité chrétienne. Saint Benoît continue ainsi jusqu’à nos jours à servir de « lampe et de lumière » non seulement pour les communautés monastiques qui se sont consacrées à vivre la vie chrétienne à travers ses enseignements, mais aussi pour tous les peuples qui cheminent dans notre monde actuel, pour être des chrétiens qui ont engagé leurs énergies à construire un monde où les Béatitudes de notre Seigneur sont vécues dans un esprit de fraternité et de réconciliation, de vraie justice et de paix.
Appartenir à cette race très forte de cénobites, cela nous compromet à chercher Dieu en vérité et sans jamais nous lasser : noblesse oblige. Alors, chers frères et sœurs, ne soyons pas des fils, des filles, dégénérés. À la suite de notre Bienheureux Père et de nos Pères abbés du ciel, soumis à la douce grâce du terrible quotidien, nous voulons ne rien préférer à l’amour du Christ, nous voulons garder la Règle qui, de son côté nous gardera, et nous voulons transmettre l’héritage reçu, par notre vie et par notre fidélité, en le confiant à l’Immaculée Mère de Dieu, à son Fiat qui a protégé le Suscipe de S. Benoît, avant de protéger maintenant le nôtre.
Louons et rendons grâce à Dieu pour tant de grâces reçues à travers l’enseignement et la vie de Notre Père Saint Benoît depuis des siècles jusqu’à nous. Nous pouvons reprendre la collecte de la fête avec fierté et en communion avec tous les fils et filles de saint Benoît qui se réclament de sa spiritualité en disant : « Dieu très haut, en comblant saint Benoît de l’Esprit de ton Fils, tu as fait de lui un Maître de perfection évangélique; permets qu’en fêtant aujourd’hui son entrée dans la lumière, nous trouvions un nouvel élan pour le suivre vers les sommets de l’amour et de la gloire. » Amen.
Père Dieudonné
Prieur du Bec