La réforme en Angleterre (1)

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Beaucoup des origines de la réforme en Angleterre peuvent se trouver dans la vie telle qu’elle était vécue dans le monastère du Bec Hellouin au 11e siècle.

Premièrement le roi Guillaume se croyait le seul arbitre dans la nomination des évêques de l’Église, c’est ainsi que Anselme et Lanfranc furent nommes Archevêque de Cantorbery sans référence au Pape.

Deuxièmement la règle de Saint Benoit allait devenir universelle dans les constitutions de la plupart des cathédrales du pays.

Au début du 16e siècle les doctrines de la réformation commencèrent à influencer la pensée en Angleterre et le roi Henri VIII écrit un discours intitulé “Assertion septe sacramentorum”, une défense de la compréhension traditionnelle des sept sacrements. En 1521 Le Pape Léon X l’a nommé “Fidei Defensor” (défenseur de la Foi) et les initiales “FD” se trouvent toujours à ce jour sur la monnaie anglaise.

Le 4 mai, nous commémorons tous ceux qui sont morts pour leur foi dans les disputes de la Reforme d'Angleterre des 16-17 siècles.

La persécution des Protestants allait déjà bon train ; William Tyndale avait commencé sa traduction de la Bible et, pour sa sécurité, il fuit au continent. Mais il fut trahi et condamné pour hérésie. En 1536 il fut mis a mort par strangulation et son corps brulé. Ses dernières paroles furent une prière afin que le Seigneur puisse ouvrir les yeux du Roi d’Angleterre. Un an plus tard le roi ordonna qu’une grande copie de la Bible soit placée dans chaque église.

En 1509 Henri avait épousé la veuve de son frère Arthur, Catherine d’Aragon, avec une dispensation du pape Clément VII en raison de leur consanguinité. Leur première fille Mary naquit en 1516. Quand Catherine ne put donner à Henri un fils pour lui succéder, il essaya de convaincre le pape que son mariage avec Catherine n’était pas légitime.

Henri reçut une réponse négative et se posa la question: pourquoi est-ce que moi, un roi Anglais, je dois me soumettre à un évêque étranger?  Il s’adressa alors à son Archevêque de Cantorbery, Thomas Cranmer, qui lui donna la réponse voulue. Henri se sépara de Catherine et épousa sa seconde femme Ann Boleyn, qui fut la mère d’Elizabeth I. Pour sa troisième femme Henri épousa Jane Seymour et leur fils, le futur Edouard VI naquit en 1537. Il succéda à son père en 1547.

Pendant ce temps Henri avait coupé tous les liens qui unissait l’Église d’Angleterre avec Rome et il se nomma lui même Chef Suprême de l’Église d’Angleterre. Une quarantaine de personnes tenant office public, et ne voulant pas jurer fidélité, furent exécutées, y compris un évêque et le Chancelier Thomas More. En même temps, Henri avait passé des lois pour combattre la superstition en prohibant les pèlerinages, la vénération des reliques et les statues.

Tous les livres liturgiques en Latin ont été traduits en Anglais et simplifiés en un livre pour chaque paroissien, nommé ‘La Liturgie, ou le formulaire des Prières Publiques et autres cérémonies de l’Église selon le rite de l’Église Anglicane’. Les 7 offices latins du jour furent réduits à deux, Prières du Matin et Prières du Soir et chaque prêtre était obligé de les lire, en l’église paroissiale. Les maisons religieuses furent fermées et le clergé monastique des cathédrales furent remplacé par des chanoines et un doyen. L’interdiction du mariage pour le clergé fut levée. Les Églises abbatiales dans les villes furent achetées par les paroissiens pour servir d’église paroissiale. Les bâtiments en pleine campagne, comme ceux des Cisterciens furent laissés en ruines, le plomb des toits pris par les habitants du voisinage pour couvrir leurs propres maisons.

Mais la tradition Bénédictine qui avait, pendant de longues années, imprégné la spiritualité du peuple anglais, fut perpétuée dans les cathédrales, et les grandes églises (anciennement abbayes) du pays.  Les deux offices du matin et du soir étaient lus ou (le soir) chantés  par les chorales des églises. Les compositeurs anglais ont continué à créer des chants, quelques uns, dans les deux langues, Latin pour l’ancienne liturgie, et, en même temps, Anglais pour la nouvelle. Un fait remarquable de cette époque est que les compositeurs ont écrit des textes pour leurs nouveaux maitres, le clergé de l’église de langue anglaise, et en même temps, pour les grandes familles catholiques dites « récusantes » qui continuaient à célébrer la liturgie latine en secret; la famille du Duc de Norfolk en est un bon exemple. Le Duc, tout en restant catholique, a toujours joue son rôle traditionnel dans la liturgie du couronnement du monarque, comme pour Elizabeth II. Peut-être finalement, c’est un bon exemple du ‘compromis’ typiquement anglais!

En plus le clergé paroissial dut lire en public les deux offices du matin et du soir, et faire sonner une cloche pour avertir les paroissiens à venir participer. On peut dire que les principes de l’opus Dei ‘ de Benoit devinrent ainsi l’ordre de toute l’église aussi bien clergé que laïcs.

En 1549 la liturgie de la messe fut traduite presque littéralement de l’ancien rite de Salisbury. Une seconde version beaucoup plus radicale, apparut en 1552, ou toute interprétation sacrificielle fut exclue, ainsi que toute idée de la présence réelle. Les réformateurs anglais voulaient à tout prix exclure l’idée, assez courante à l’époque, que l’eucharistie était une répétition du sacrifice du Christ sur la croix. La première version française fut publiée « pour l’usage des habitants de la ville de Calais et des Iles Anglo-normandes ».

Après la mort d’Henri en 1547 son fils Édouard, encore enfant, lui succéda. A sa mort six ans plus tard en 1553, sa sœur Mary, qui était catholique, lui succéda. Elle a inversé beaucoup des réformes et entamé la persécution des hérétiques. Pendant son court règne de huit années, presque 300 personnes, y compris trois évêques, furent brulées vives pour hérésie.

A suivre…

Michael Halliwell
Oblat du Bec, OSB