Écouter une parole du Bec en 2023 – S40 – 1 octobre

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 1er octobre, fête de sainte Thérèse de Lisieux :

Nous pouvons, plus spécialement aujourd’hui, élargir notre regard sur l’humilité en contemplant sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Et saint Benoît comme ses moines ont sans doute assez d’humilité pour reconnaître que cette vertu n’a pas à être leur ‘’propriété privée’’, car elle est un don de Dieu fait à tous les disciples du Christ, lui qui s’est fait obéissant jusqu’à la mort.

Thérèse a vécu à un degré éminent cette vertu ; elle nous est proche par sa ‘’petite voie’’, son esprit d’enfance et la façon héroïque, mais toujours voilée, dont elle a supporté les injustices, sans forcément mauvaise intention, de la part de ses sœurs. Ayant vécu le charisme du carmel, on peut toutefois reconnaitre dans sa vie l’équivalent de la mise en œuvre de ce que recommande saint Benoît, car tous les saints se rejoignent dans la ‘’sequela Christi’’ et leur amour total pour Lui.

Lorsque nous lisons le texte de ce troisième degré, il nous faut bien retenir ces quelques mots qui l’éclairent en donnant son vrai sens à l’obéissance du moine et, au-delà, pour tout chrétien, et que saint Benoît précise : « Pour l’amour de Dieu ». Chez saint Benoît, l’obéissance est un acte d’amour qui résulte du renoncement à la volonté propre pour accueillir celle de Dieu.Lundi 2 octobre :

Pour ce quatrième degré d’humilité, saint Benoît recommande la patience et la persévérance quand le moine est affronté à des circonstances dures et rebutantes. Mais il ne se découragera pas s’il met sa confiance en Dieu.

Pour appuyer son propos, saint Benoît cite plusieurs textes de l’Écriture, notamment des psaumes en faisant allusion aussi au Sermon sur la montagne et à saint Paul. Les psaumes expriment souvent la prière de pauvres accablés par la souffrance, l’injustice, la persécution. Celle du psaume 43 par exemple : « A cause de toi, nous sommes condamnés à mourir tout le jour, traités comme moutons d’abattoir » peut être rapproché du quatrième chant du Serviteur au livre du prophète Isaïe où l’on voit que le Serviteur, accablé par les péchés de la multitude et muet comme une brebis conduite devant les tondeurs, est condamné à mourir.

Ce texte annonce la Passion de Jésus, l’innocent persécuté et mis à mort pour nous sauver. Donc, à travers toutes ces citations, nous pouvons voir que c’est Jésus qui est en butte aux outrages, au supplice de la croix jusqu’à livrer sa vie pour nous. Par l’humilité, ou plutôt par les humiliations supportées avec patience, le moine – comme tout chrétien – se rapproche de Jésus qui a connu la souffrance et qui l’a supporté avec patience. Son exemple doit nous stimuler dans notre quotidien.

Mardi 3 octobre :

On retrouve ici le cinquantième des instruments des bonnes œuvres (Chap. 4 de la RB.) : « Briser immédiatement contre le Christ les mauvaises pensées qui viennent au cœur, et les découvrir au père spirituel », car saint Benoît fait le constat que nous sommes souvent habités par des pensées mauvaises qui obscurcissent nos cœurs, qui s’agitent au-dedans de nous comme : la jalousie, l’orgueil, les convoitises, l’acédie, etc… et si nous les laissons nous envahir, elles étoufferont notre vie intérieure, notre paix et notre joie spirituelle jusqu’à nous mener à la mort. Donc, au lieu de les enfouir au fond du cœur, il nous faut les laisser monter au jour.

C’est pourquoi saint Benoît nous recommande, pour affirmer notre confiance dans la présence et la miséricorde de Dieu, l’ouverture du cœur pour les découvrir au Seigneur ou à un père spirituel. Les reconnaître et les avouer permet de laisser à nouveau jaillir la source de la grâce en nous afin qu’elle puisse féconder toute notre existence. Les fruits de l’Esprit-Saint pourront alors se répandre et se développer dans nos cœurs.

Les nombreuses citations des psaumes proposées par saint Benoît nous situent dans la juste attitude d’humilité et de confiance en Dieu qui écoute notre aveu dans son cœur de Père miséricordieux.

Mercredi 4 octobre :

Avec ce sixième degré d’humilité, on s’enfonce encore un peu plus dans l’abaissement et cette situation requiert la foi en la Présence de Dieu. Le moine humble est totalement abandonné à Dieu ; il est prêt à accepter n’importe quelle extrémité. S’accepter comme inutile pourrait susciter de la révolte, de l’incompréhension, de l’indignation ou du découragement ! Le modèle de l’humilité, c’est le Christ lui-même qui a été rejeté par son peuple.

Mais avec la confiance en la Présence divine, nous pouvons traverser ces moments difficiles en union avec le Christ qui s’est anéanti lui-même, se livrant jusqu’à mourir par amour pour nous.

Jeudi 5 octobre :

Ce septième degré d’humilité, lui aussi, peut sembler scandaleux aux yeux du monde car il est le contraire d’un idéal humain pour nos contemporains. Alors que dans le monde, on cherche à s’affirmer, à briller, ici saint Benoît propose de se mettre au dernier rang, de se reconnaître nul, non par une fausse modestie, mais réellement. Et pour justifier son propos, il cite le psaume 21 : « Je suis un ver, et non un homme, la honte des hommes et le rebut du peuple. »

Mais ce psaume 21, comme le 87 qui suit, est un psaume de la Passion, un psaume dans lequel nous reconnaissons la voix de Jésus persécuté, bafoué, flagellé, portant sa croix et mourant sur le calvaire après avoir été rejeté et condamné par les hommes. Ce faisant, saint Benoît nous propose ce chemin d’humilité qui l’assimile et l’associe au Christ souffrant. Ces situations de souffrance, d’abandon, d’humiliation que le moine, comme tout chrétien, peut connaitre sont une école de patience dans la confiance, et nous permettent de marcher à la suite du Christ. Elles font mourir en nous le vieil homme pour que nous puissions renaître à la vie nouvelle en ressuscitant avec le Christ.

Vendredi 6 octobre :

Dans ce huitième degré, l’humilité consiste à accepter de faire partie d’un corps, ici le corps de la communauté, elle-même dans le corps de l’Église qui est le Corps du Christ. Cela n’empêche pas la liberté, mais cette liberté est mise au service de la communauté.

Jusqu’ici les premiers degrés d’humilité nous proposaient de nous tourner vers Dieu, de nous rappeler sa présence, de mettre Jésus au cœur de notre vie pour nous associer à la sienne. L’humilité est un chemin pour aller à la suite du Christ vers sa Pâques.

Mais ce n’est pas là le seul moyen pour aller à sa suite. Pour devenir humble comme Lui, nous devons aussi nous référer aux traditions léguées par les anciens. L’humilité est ici l’alliée de l’obéissance, et le moine suit la Règle sans chercher à se distinguer ; les anciens ont aussi laissé leur témoignage, celui d’une vie totalement donnée au Christ et à leurs frères. C’est pourquoi, nous pouvons suivre leurs exemples. Nous nous inscrivons donc dans une tradition qui nous renvoie toujours au Christ, car avant tout, c’est Lui que nous servons à partir d’une tradition et dans une communauté.

Samedi 7 octobre :

La recommandation de saint Benoît dans ce neuvième degré d’humilité n’est pas nouvelle ; elle rejoint en particulier le chapitre 6 de la Règle sur le silence, silence qui est en effet très lié à l’humilité. L’excès de parole comporte toujours des risques : d’abord il est nuisible au recueillement, au silence intérieur qui permet d’être attentif à Dieu. Il est aussi cause de dispersion et peut traduire une agitation intérieure, une tendance à se mettre en valeur.

Ensuite, on peut pêcher par la langue car, à force de parler, on peut blesser, faire du tort à d’autres par des médisances ou pire des calomnies inconsidérées. Des paroles trop rapides peuvent se répandre sans qu’on les maîtrise et faire beaucoup de mal.

Cette mise en garde se retrouve souvent dans les Écritures, comme ici dans les Proverbes ou les Psaumes, mais aussi dans les Épitres de Paul ou de Jacques. Le silence favorise donc l’écoute, la prière intérieure, l’attention à Dieu, mais aussi le respect des autres et la charité, donc la paix dans la Maison de Dieu.

 

Frère Claude
Prieur du Bec

sainte Thérèse de Lisieux