Dimanche 3 septembre :
Le Seigneur désire nous donner la vie et le bonheur, la vie vraie et éternelle. Pour cela, il cherche, parmi la multitude, un ouvrier qui aspire à voir des jours heureux. Cet appel est lancé à chacun de nous, baptisé ou non. Et quel est le travail proposé à cet ouvrier ? C’est le labeur de l’obéissance indiqué dès les premiers mots du Prologue.
Le but de ce labeur, c’est donc d’obtenir la Vie vraie et d’aspirer à des jours heureux. Et les moyens proposés pour y parvenir sont ceux décrit dans les citations du psaume 33 : se détourner du mal, faire le bien, rechercher la paix. C’est donc aller à contre-courant de la vie de ce monde qui est une vie facile où l’on cède à ses penchants mauvais, à l’égoïsme d’où découlent : jalousies, querelles, médisances, divisions…
Pour nous encourager sur ce chemin, nous avons l’exemple du parfait obéissant, Jésus qui n’a pas cherché sa volonté, mais a réalisé celle de son Père. C’est aussi le sens de l’Évangile de ce dimanche où pour marcher à la suite du Christ, il nous faut renoncer à nous-mêmes et prendre notre croix. Et à l’ouvrier qui s’adonne au labeur de l’obéissance, Dieu promet sa présence, et il exauce sa prière.
C’est ce chemin que nous avons à suivre chaque jour, chemin pascal qui, bien souvent, ne présente rien d’extraordinaire ni d’héroïque. Mais c’est une fidélité qu’il nous faut reprendre jour après jour, dans tous les actes ordinaires de nos vies.Lundi 4 septembre :
Saint Benoît continue d’exposer les conditions nécessaires pour parvenir au bonheur, pour habiter la tente du Roi : prendre la foi pour ceinture sur le chemin où l’Évangile nous guide et pratiquer les bonnes œuvres. Saint Benoît s’appuie toujours sur l’Écriture ; ici, le psaume 14, comme hier le psaume 33.
Si nous marchons selon ses commandements, il nous ouvrira sa demeure pour nous admettre en sa Présence. Mais nous devons reconnaître que c’est lui-même qui nous inspire de marcher selon ses voies, et les bonnes œuvres que nous pouvons pratiquer, sont un don de son amour. Il faut toujours s’appuyer sur le Christ, car c’est lui qui nous donne sa grâce et qui nous assure de son appui. Nous ne pouvons pas nous sauver par nos seules forces ! Pour être disciple de Jésus, il ne faut rien lui préférer et prendre chaque jour notre croix pour le suivre. Ce sont là les exigences de l’Évangile et le seul moyen de parvenir, avec le Christ, au vrai bonheur.
Mardi 5 septembre :
Tout au long du Prologue, saint Benoît nous rappelle que le Seigneur nous exhorte à désirer la vie, la Vie vraie : « quel est l’homme qui désire la vie ? Quel est celui qui désire voir des jours heureux ? Qui veut habiter sous la tente du Roi ?» Et encore aujourd’hui : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il revienne à la vie. »
Pour parvenir à ce but, il faut saisir les moyens que saint Benoît nous propose : marcher dans la confiance, pratiquer les bonnes œuvres. Mais aussi, bâtir sa vie sur le roc qui est la Parole de Dieu à laquelle il faut sans cesse revenir, car compter sur nos seules forces, c’est construire sur le sable, c’est s’appuyer sur les moyens matériels uniquement humains. Au contraire : « malheureux l’homme qui met sa foi dans un autre homme » dit le prophète Jérémie, car « mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur que de compter sur les hommes » nous dit le psaume 117.
S’appuyer sur la Parole de Dieu, c’est s’appuyer sur le Roc qu’est le Christ comme l’ont fait Pierre et les apôtres, même si son chemin paraît déroutant, puisqu’il va à l’encontre de la facilité, des succès humains et mondains en proposant un chemin d’humilité, le seul qui peut conduire à la stabilité et à la Vie véritable.
Mercredi 6 septembre :
Ici encore, il est toujours question d’obéir à l’appel du Seigneur qui veut nous faire partager son bonheur et la vie éternelle. Et saint Benoît rappelle que celui qui veut habiter sous la tente du Seigneur doit en remplir toutes les obligations. Cela ne va pas sans un combat, celui de l’obéissance aux commandements pour entrer dans la vie éternelle qui commence dès maintenant. Il nous faut donc opérer un changement radical en renonçant à nous-même, à la facilité, pour accepter les exigences de l’Évangile avec les difficultés et les contrariétés qui peuvent se présenter !
Saint Benoît insiste sur l’urgence à obéir à cet appel du Seigneur : « Hâtons-nous de faire maintenant ce qui doit nous avancer pour l’éternité ». Dès l’instant où l’on choisit de suivre le Christ pour le suivre, il nous faut mettre en œuvre ses commandements. Le renoncement à soi-même ouvre au don de nous-mêmes car c’est l’amour qui nous fait vivre.
Jeudi 7 septembre :
Tout au long du Prologue, saint Benoît nous a montré l’orientation vers laquelle il nous faut tendre : d’abord écouter la voix du Père, répondre à son appel par l’obéissance en nous mettant à l’école du service du Seigneur, et marcher à la suite du Christ en nous enracinant dans sa Parole. Car ce qu’il nous propose, c’est la vie vraie et le bonheur. Pour y parvenir, il nous faut renoncer à notre volonté propre, au péché et en résumé il faut nous convertir. Et c’est bien le but de toute cette Règle qui se veut accessible à tous et non réservé à quelques initiés ou à des spécialistes de l’ascèse. Elle ne propose pas une philosophie hermétique, ni un concours de pénitences ou de mortifications. Et la conclusion du Prologue nous montre comment mettre en œuvre ce programme ; c’est ce que va développer toute la Règle.
La Règle est une école au service du Seigneur, une école de charité, un moyen de vivre l’Évangile, une invitation à suivre le Christ. S’il y a des renoncements à mettre en œuvre, des difficultés qui se présentent, ce ne doit pas être des obstacles insurmontables car avec le secours du Seigneur, nous pouvons les accueillir comme des moyens d’union au Christ qui les a connus avant nous et pour nous. C’est une occasion de partager ses souffrances pour avoir part aussi à son Règne. La Règle ne fait que nous proposer un chemin de vie et d’amour.
I-LES GENRES DE MOINES.
Vendredi 8 septembre, solennité de la Nativité de la BVM. :
En lisant ce chapitre le jour de la fête patronale de notre Congrégation de Mont-Olivet, dédiée à la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, nous pensons aux origines de Mont-Olivet, comme aux origines du Bec, dont nous avons fêté récemment les saints fondateurs.
Les fondations monastiques ont souvent commencé par un type de vie plus ou moins érémitique. A l’origine, c’est souvent un seul homme, ou un petit groupe, animés par le désir de quitter le monde et qui se mettent en quête d’un lieu désert pour chercher Dieu. Puis des compagnons se joignent à eux, gagnés par leur exemple de renoncement, et c’est le départ d’une vie communautaire qui va se développer et se structurer. C’est le parcourt de saint Benoît, de saint Herluin, comme de saint Bernard Tolomei avec ses deux premiers compagnons.
Saint Benoît évoque dans ce premier chapitre les différents genres de moines en s’adressant particulièrement aux cénobites qui vivent en communauté sous une règle et un abbé. Il fait aussi mention des ermites qu’il admire car ce sont des moines expérimentés qui ont été éprouvés par la vie commune et qui ont pratiqué le combat spirituel dans un monastère. Ils peuvent donc le poursuivre, avec l’aide de la grâce de Dieu. Mais ce n’est pas à eux qu’il s’adresse, car le but de sa Règle est de proposer un programme de vie à des débutants que nous serons toujours.
Samedi 9 septembre :
Saint Benoît évoque ici deux autres genres de moines : les Sarabaïtes et les Gyrovagues ; et on voit tout de suite ce qu’il pense d’eux. Si à l’origine ces deux catégories avaient une existence reconnue, il semble qu’au temps de saint Benoît, ils soient devenus très décadents et marginaux.
On dit toujours que nous pouvons encore avoir, même aujourd’hui, certains de leurs mauvais côtés. Ce n’est pas parce que nous sommes des cénobites que nous n’aurions pas ces défauts, et si nous n’y veillons pas, nous risquons d’avoir des comportements en contradiction avec l’idéal cénobite, en faisant sauter les barrières qui nous retiennent de faire notre volonté propre ou de céder à nos penchants naturels, pour ne pas dire mauvais. Nous aurons toujours un combat à mener pour suivre Jésus.
Frère Claude
Prieur du Bec