Écouter une parole du Bec en 2023 – S30 – 23 juillet

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 23 juillet :

« Discerner les temps et les moments, voilà bien l’un des fruits de l’Esprit. Et pour l’apprendre, il est important d’assouplir notre propre rythme intérieur pour le faire correspondre à cet autre rythme qui nous fait entrer dans le grand battement du cœur de Dieu, ce battement que déjà nous pouvons écouter, au plus profond de nous-mêmes, si nous y sommes attentifs. »

Dom Guillaume.

 

CHAPITRE 44 : DE CEUX QUI SONT EXCOMMUNIÉS, COMMENT DOIVENT-ILS SATISFAIRE.

Lundi 24 juillet :

Ce chapitre, comme le précédent, vient compléter le code pénitentiel, toute la série des chapitres qui traitent des coulpes et de l’excommunication. Il est question ici, plus que de la faute, de la réparation et du retour en grâce du pénitent. Par cette faute, il s’était ‘’excommunié’’ lui-même, c’est-à-dire qu’il s’est coupé de la communauté, exclu de la communion. Sa réadmission dans la communauté se fera par étapes, ce qui donne au coupable le temps de prendre conscience de la séparation où la conduit sa faute, et de creuser son désir d’être rétabli dans sa communauté. Mais cela demande de sa part une démarche d’humilité et pour soutenir son effort, la communauté prie pour lui. Cette démarche peut demander du temps, mais le lien qui a été rompu n’en sera que plus solide, et la parole de l’abbé sera libératrice comme celle du Christ s’adressant au pécheur repentant à qui il dit : « Va en paix et désormais ne pèche plus ! ».CHAPITRE 45 : DE CEUX QUI SE TROMPENT À L’ORATOIRE.

Mardi 25 juillet :

Dans ce bref chapitre qui prolonge tout ce que saint Benoît recommande précédemment à propos des dispositions que nous devons avoir à l’office, il est question, non plus des fautes graves, mais des négligences à l’office où il arrive forcément des erreurs par manque de préparation ou par distraction.

Ce chapitre fait écho au chapitre 19 qui conclut la série concernant l’office divin, ainsi que le chapitre 7 sur l’humilité où il est dit que Dieu est présent partout, surtout lors que nous célébrons l’office divin. Nous devons donc avoir toujours conscience de cette présence de Dieu pendant le temps de la prière où nous devons garder une attitude de foi en cette Présence, et cette conscience doit nous permettre d’éviter les distractions qui sont souvent cause d’erreurs. Nous devons célébrer avec gravité, ce qui ne veut pas dire avec raideur ou tension, la gloire de Dieu pour être attentifs à ce que nous chantons. Le chant de l’office n’est pas la recherche de la perfection musicale ou technique et nous ne sommes pas non plus en représentation, ni ne donnons un concert. Mais il est important d’être attentifs les uns aux autres quand nous chantons, sans précipitation et dans un climat paisible. Et même si nous ne chantons pas parfaitement, il s’agit de prier par le chant en étant présent à Dieu qui nous écoute. Cette prière s’exprime à travers des paroles que nous n’avons pas inventées, qui viennent de la tradition du Peuple de Dieu, ces psaumes qui ont été portés, priés par Israël, par Jésus et par l’Église, dès le début.

 

CHAPITRE 46 : DE CEUX QUI COMMETTENT QUELQUE AUTRE FAUTE.

Mercredi 26 juillet :

Ce chapitre nous rappelle que nous ne sommes pas parfaits, même si nous voudrions l’être pour donner de nous-mêmes une image la plus impeccable possible, comme celui qui réussit tout ! Mais force est de constater que cela nous est impossible car nous avons des échecs, des maladresses, des limites, que ce soit dans la vie courante, dans la vie matérielle ou dans le travail. Mais cela est aussi vrai dans nos relations, car nous pouvons blesser les autres, même sans nous en rendre compte !

Toutes ces faits ont des incidences sur la vie fraternelle. Lorsqu’elles sont externes, nous devons les reconnaître devant la communauté, sachant que nous devons faire preuve d’indulgence les uns envers les autres car, c’est en nous acceptant en vérité, que nous pouvons progresser dans l’humilité, même, ou surtout, si nous acceptons d’avoir de nouveaux échecs ou de commettre de nouveaux écarts de conduite.

Et saint Benoît fait la distinction entre ce qui relève du for externe, c’est-à-dire de tout ce qui vient d’être dit, et de ce qui relève du for interne : tout ce qui sera confié au père spirituel.

CHAPITRE 47 : DU SIGNAL DE L’ŒUVRE DE DIEU.

Jeudi 27 juillet :

Il y a deux points à relever dans ce chapitre :  d’abord le signal de l’œuvre de Dieu qui a pour but de rassembler la communauté à des heures précises pour la prière. A l’époque de saint Benoît, cette tâche était confiée à un frère très attentif à observer la position du soleil pendant le jour, et à celle des étoiles pendant la nuit, pour annoncer au bon moment l’heure des offices, afin que toute la communauté se rassemble et puisse commencer ensemble l’œuvre de Dieu. C’est une prière commune dans laquelle on sanctifie le temps en se sanctifiant ensemble, ce temps qui est un don de Dieu, dont on chante la louange en intercédant pour le monde entier.

Et pour que la célébration de l’office puisse se dérouler en bon ordre, et c’est le second point, ceux qui sont chargés d’entonner les chants et de faire les lectures, doivent s’acquitter de leurs fonctions avec humilité et gravité, de manière à édifier les auditeurs, mais « seulement si l’abbé en a donné l’ordre ».

Tous ces actes liturgiques : chants, lectures, gestes, sont accomplis pour l’édification de la communauté rassemblée. C’est ce que rappelle le pape François dans sa lettre apostolique : « Desiderio magno ». Si l’on est habité par la foi en la Présence de Dieu, tous les participants seront unis dans une même foi et un même amour. Et chacun étant unifié dans tout son être, cœur, esprit et corps, il contribuera à la construction du Corps du Christ.

CHAPITRE 48 : DU TRAVAIL MANUEL QUOTIDIEN.

Vendredi 28 juillet :

Outre les offices qui rythment la journée, celle-ci se partage entre le temps réservé à la lecture de la Parole de Dieu (Lectio Divina) et le temps prévu pour le travail manuel. Comme en d’autres domaines de la vie monastique, l’organisation du temps varie entre le temps pascal et l’été, d’une part, et la saison d’hiver avec le Carême, d’autre part.

Le travail manuel est vital pour la communauté car, outre sa fonction d’équilibre pour le moine, les différents travaux prévus sont le principal moyen de vivre pour la communauté. « C’est alors qu’ils sont vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains comme nos Pères et les Apôtres ». A l’époque de saint Benoît, il s’agissait surtout de travaux agricoles qui procurent la subsistance à la communauté.

Mais il faut aussi assurer les différents travaux qui ne sont pas directement productifs, comme l’entretient des bâtiments, le ménage, les nettoyages… Mais toujours, saint Benoît est attentif aux personnes et plus particulièrement aux plus faibles qui, selon leurs moyens, participent à ce travail. Le but du travail manuel n’est pas l’enrichissement de la communauté, mais c’est d’abord le moyen de la faire vivre en la faisant participer à l’œuvre créatrice de Dieu. Tout doit se passer dans la paix et la charité.

Samedi 29 juillet :

La suite du chapitre sur le travail manuel est surtout consacrée à la place de la lecture, particulièrement pendant le Carême, à l’étude, à la ‘’lectio Divina’’, centrée sur la parole de Dieu et tout ce qui aide à l’approfondir. La lecture est indispensable pour nourrir la vie spirituelle et pénétrer tout notre être, nos activités, nos relations. L’étude de la parole de Dieu et celle des psaumes a toujours besoin d’être approfondie, et le Carême est un moment favorable à cette lecture grâce à l’abandon d’occupations plus futiles. Une meilleure compréhension des psaumes nous aide à les faire ‘’nôtres’’ et à rejoindre la prière de tous ceux qui les ont utilisés avant nous.

La vie consacrée comme toute vie chrétienne, ne peut se passer de l’écoute de la Parole de Dieu et de son approfondissement. Elle doit pénétrer notre vie de chaque jour, notre travail, nos rencontres. Marthe et Marie, que nous fêtons aujourd’hui, sont deux sœurs, toute deux amies du Seigneur, et soucieuses de l’accueillir chez elles. Nous devons, nous aussi et comme elles, l’accueillir dans nos vies.

 

Frère Claude
Prieur du Bec

Le travail manuel, œuvre de Dieu