Écouter une parole du Bec en 2023 – S29 – 16 juillet

Publié le

Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 37 : DES VIEILLARDS ET DES ENFANTS.

Dimanche 16 juillet :

A la suite du chapitre sur les malades, vient ce bref chapitre sur les vieillards et sur les enfants. Lorsqu’on imagine la vie monastique de loin et de l’extérieur, on peut penser que tous les moines obéissent à une discipline rigoureuse, la même pour tous, faite de rigueur, de silence, d’ascèse, de privations, et Dieu sait quelles autres austérités !

Mais nous qui vivons concrètement dans le monastère, nous voyons bien qu’il n’en est pas ainsi et que saint Benoît sait tempérer ces rigueurs par beaucoup d’humanité, de compréhension et de miséricorde, car il a une attention particulière pour les plus fragiles comme il y en a dans toutes les communautés.

Une communauté, à l’image des familles et de la société, connaît les rapports des générations et cette solidarité se traduit par une attention particulière envers les plus jeunes en cours de formation et envers les anciens qui ne peuvent plus suivre le rythme commun. Des assouplissements sont donc nécessaires pour eux. On fera preuve envers eux de plus d’attention pour leurs besoins spécifiques et de compassion, de cette miséricorde que Dieu manifeste pour les plus petits des siens et que Jésus a toujours témoigné envers les pauvres, les plus faibles et les malades.CHAPITRE 38 : DU LECTEUR DE SEMAINE.

Lundi 17 juillet :

La lecture au cours du repas monastique est la pratique la plus répandue, même s’il peut y avoir quelque fois des repas en silence ou en musique. La lecture qui accompagne les repas a pour but de nourrir l’esprit comme le corps est nourri par ce qui vient de la cuisine, car l’homme ne vit pas seulement de pain, mais il a aussi besoin de nourrir son intelligence et son cœur. De plus, l’écoute de la lecture favorise le silence et créée l’unité de la communauté.

La bénédiction que reçoit le lecteur entrant en fonction donne à celle-ci un caractère liturgique. Cet élément, avec d’autres, fait du repas un acte communautaire dans le prolongement de l’office, et la communauté s’édifie et se construit dans tous ces actes si simples.

CHAPITRE 39 : DE LA MESURE DE NOURRITURE.

Mardi 18 décembre :

Dans ce chapitre, comme en d’autres concernant la vie monastique, on retrouve un principe cher à saint Benoît qui est celui de la mesure. Et en ce qui concerne la nourriture, ce principe va de pair avec la sobriété.

La nourriture est calculée en fonction des besoins de chacun comme du moment, de la saison, du travail à accomplir. Il doit y avoir suffisamment pour chaque frère, mais ce qu’il faut éviter, c’est l’excès ; la sobriété reste indispensable. Le moine doit demeurer vigilant par rapport à la nourriture, comme pour toutes les autres choses d’ailleurs !

C’est ainsi que les différents domaines de la vie ne sont pas séparés, car c’est toujours l’homme total qui prie, qui travaille, qui se nourrit… Notre être est UN ; il n’y a pas de séparation entre l’esprit, le cœur et le corps. Notre corps participe à la prière de la même façon que notre esprit et notre cœur respirent nos actions les plus variées comme le travail, les repas ou le repos.

On voit ici que tous ces chapitres sont animés par cette idée que tout homme, donc le moine, forme un tout dont les différentes composantes sont inséparables.

CHAPITRE 40 : DE LA MESURE DU BOIRE.

Mercredi 19 juillet :

Dans ce chapitre, comme dans le précédent, et d’autres encore, saint Benoît insiste sur la mesure. C’est un souci qu’on retrouve chez lui en d’autres domaines de la vie courante, jusqu’en liturgie. Il connaît la nature humaine et sait que tous les excès sont possibles ! C’est pourquoi il tient compte des faiblesses et des fragilités des uns comme des autres.

Il permet donc l’usage du vin tout en y mettant des limites. Il ne faut pas plus tomber dans l’ivresse que dans la gloutonnerie lorsqu’il s’agit de la nourriture. Ce souci de la mesure exprime l’attention de saint Benoît pour les frères, comme à toute personne, car l’excès n’est jamais bon, pour la boisson comme pour la nourriture. Jésus mettait déjà en garde ses disciples contre tous les excès possibles.

Mais au principe de la mesure, saint Benoît en ajoute un second : bannir le murmure ! Si les circonstances font que l’on ne peut pas satisfaire tous ses désirs, que ce soit pour la nourriture, la boisson ou dans tout autre domaine, on ne doit pas s’en attrister. Au contraire, les moines doivent bénir Dieu, car le manque peut nous rappeler que l’essentiel n’est pas d’ordre matériel. Cette attitude de bénédiction est un antidote au poison du murmure qui est corrosif et destructeur.

Nous chantons dans une hymne : « Il creuse en toi la pauvreté pour t’apprendre à prier ». La pauvreté est un chemin d’ouverture de nos cœurs vers Dieu.

 

CHAPITRE 41 : À QUELLES HEURES SE PRENNENT LES REPAS.

Jeudi 20 juillet :

Il apparaît ici, une fois de plus, que toutes les activités de la journée, y compris les repas ont toujours un rapport avec la liturgie comme on l’a vu à propos des semainiers de la cuisine et du lecteur. La fête de Pâques commande le calendrier et la vie liturgique est centrée sur le mystère pascal : on voit ici le lien des repas avec le temps liturgique. L’horaire est calculé en fonction de la fête de Pâques d’une part, et par la longueur de la journée d’autre part. Il y aura deux repas pendant le temps pascal, mais le repas sera retardé, en début de l’après-midi, de septembre au Carême, et le soir pendant le Carême. Les activités prennent fin avec la tombée de la nuit ; on entre alors dans le grand silence avant la louange des Vigiles pour une nouvelle journée.

Il y a donc toujours une référence au mystère du Christ et l’attente de l’heure du repas a pour but de nous rappeler que notre vie est tendue vers le Christ ; notre horizon n’est pas seulement pour cette terre. C’est bien le sens de notre vie au monastère, comme de toute vie chrétienne d’ailleurs, car dès maintenant, nous vivons de la vie du Christ.

CHAPITRE 42 : QUE PERSONNE NE PARLE APRÈS COMPLIES.

Vendredi 21 juillet :

Ce chapitre est consacré à l’entrée dans la nuit et dans son silence pour lequel il y a toute une préparation ; on n’arrive pas brusquement dans la nuit. Et c’est l’office de Complies qui marque le passage du jour à la nuit ; on quitte les activités du jour pour le recueillement et le repos.

Mais là encore, il faut une transition qui se fait au moyen de la lecture précédant les Complies. Cette lecture nourrit le cœur et l’esprit ; elle favorise la prière nocturne.

L’office de Complies est l’achèvement de la journée, son accomplissement. Le mot ‘’complies’’, completorium en latin, peut d’ailleurs avoir ce sens. Il nous renvoie à la dernière parole du Christ sur la croix : « Tout est accompli ». Le Christ remet sa vie entre les mains du Père ; à notre tour nous lui remettons toute notre journée avec ses œuvres bonnes et aussi avec notre péché, d’où la récitation du Confiteor au début de l’office. Et nous nous unissons à la prière de l’Église pour remettre au Père la vie de tous les hommes, proches ou lointains, avec les soucis du monde que nous pouvons offrir dans le silence de la nuit.

Ce silence que recommande saint Benoît avec insistance, n’est pas un silence disciplinaire, qui à la limite serait vide, mais un silence qui nous met en relation avec Dieu et qui, s’il suspend les relations humaines, les offre au Seigneur qui veille sur tous et poursuit son œuvre de rédemption dans le secret.

CHAPITRE 43 : DE CEUX QUI ARRIVENT EN RETARD À L’ŒUVRE DE DIEU OU À TABLE.

Samedi 22 juillet, fête de sainte Marie-Madeleine :

Au début de ce chapitre, saint Benoît rappelle ce principe essentiel : « Que rien ne soit préféré à l’œuvre de Dieu ». La célébration de l’office, plusieurs fois par jour, est notre premier service car la liturgie est le lieu de la rencontre entre Dieu et chacun de nous, elle doit imprègner toute notre vie de moine. Par la prière liturgique, nous rendons hommage à Dieu, qu’elle soit solennisée ou beaucoup plus simple, nous avons à manifester notre amour pour Lui à l’exemple de sainte Marie-Madeleine que nous fêtons aujourd’hui.

Saint Benoît inclut les repas dans ce même chapitre où, une fois de plus, il établit le lien entre repas et liturgie. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’être présent, du début jusqu’à la fin, à tous ces actes communautaires. Nous devons donc veiller à l’exactitude de l’heure qui est la marque du respect dû à Dieu et aux frères.

 

 

Frère Claude
Prieur du Bec

Complies