Écouter une parole du Bec en 2023 – S15

Publié le

Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 56 : DE LA TABLE DE L’ABBÉ.

Dimanche de Pâques, 9 avril :

Ce bref chapitre rappelle la dimension sociale des repas ; nous ne sommes pas des individus isolés pratiquant le chacun pour soi. Quelle que soit la façon dont nous exerçons l’hospitalité aujourd’hui, les hôtes sont toujours accueillis au monastère. Et même s’ils ne peuvent pas tous manger au réfectoire monastique avec nous, ils sont servis dans la maison des hôtes par le frère chargé d’eux, et nous gardons conscience de leur présence parmi nous. Entre nous, le repas est toujours convivial et fraternel ; c’est un partage et nous restons attentifs les uns aux autres.

Tout repas nous rappelle, d’une part, le repas eucharistique, et d’autre part le partage avec les plus pauvres et le souci de ceux qui sont démunis et affamés. C’est une exigence pour nous de garder le cœur ouvert à l’action de grâce et à l’intercession pour tous les hommes, proches ou lointains.CHAPITRE 57 : DE CEUX QUI EXERCENT UN MÉTIER DANS LE MONASTÈRE.

Lundi de Pâques, 10 avril :

« Afin qu’en toutes choses, Dieu soit glorifié » (1 P. 4,11). Cette expression de l’Écriture, reprise ici par saint Benoît, est comme l’expression symbolique de l’idéal bénédictin. Faisons la nôtre dans toute notre vie et dans toutes nos journées, que ce soit à l’église, pour l’office divin, dans notre prière personnelle, dans nos actes et dans toutes nos activités, pensées, etc… Que Dieu soit glorifié !


CHAPITRE 58 : DU RITE DE LA RÉCEPTION DES FRÈRES.

Mardi 11 avril :

     Dans ce chapitre sur la réception des frères en communauté, on peut remarquer la sagesse, la prudence et la patience de saint Benoît. Sans doute a-t-il vu bien des candidats à la vie monastique se présenter, plein de zèle et d’enthousiasme, puis se décourager au premier obstacle. Il insiste donc sur la durée, sur le pas à pas, sur la persévérance de l’impétrant. On examine ses aptitudes pendant un certain laps de temps avant de lui faire connaître la Règle en la lui lisant plusieurs fois (à cette époque, peu savaient lire, surtout les jeunes paysans), lui laissant la possibilité à chaque étape de s’engager un peu plus ou de se retirer.

Il est important que le postulant connaisse bien la Règle, cette loi sous laquelle il veut servir le Christ, car elle est une mise en œuvre de l’Évangile. Son but est de nous tourner vers le Christ par notre conversion, pour nous faire marcher à sa suite.

Mercredi 12 avril :

     Pour la profession monastique, saint Benoît insiste sur deux aspects : il y a d’abord l’initiative de Dieu, puis celle de la communauté ; le novice qui s’engage par la profession monastique est reçu par la communauté, comme il est aussi reçu par Dieu. Et saint Benoît insiste davantage sur le fait qu’il est reçu, plus sur le fait que le novice s’offre lui-même. La communauté le reçoit et l’accueille comme étant désormais un de ses membres.

On n’entre pas au monastère comme si on commençait une carrière professionnelle. Le moine qui s’est engagé ne peut changer d’orientation ou partir à son grès, puisque c’est Dieu qui appelle comme le Christ a appelé ses disciples. Dès que le frère a déposé sa charte sur l’autel, il adresse trois fois cette prière au Seigneur : « Accueille-moi, Seigneur, selon ta Parole et je vivrai ». On reconnaît là l’appel du Seigneur qui est premier, car ce n’est pas l’homme qui a l’initiative de ce choix de vie ; c’est Dieu qui appelle et qui suscite la réponse.

La communauté le reçoit au nom de Dieu, il fait sa demande devant la communauté rassemblée, puis il se prosterne devant tous les frères. C’est alors qu’il est reçu dans la communauté au nom de Dieu, car la communauté est le lieu où le frère répond à l’appel du Seigneur. Et une fois reçu, il appartient à Dieu en se donnant à la communauté dont tous les membres ont aussi été reçus par le Seigneur. Le renoncement à ses biens, à son propre corps et à sa volonté propre (on remarque ici les trois vœux de religion : pauvreté, chasteté et obéissance) marque son appartenance à Dieu et à sa communauté.

Mais cet appel ne supprime pas la liberté et la réflexion de l’élu ; bien au contraire, les années de discernement sont la preuve du long délai exigé pour son engagement qui devient définitif après son offrande totale. C’est un engagement qui dure toute une vie, avec toutes ses épreuves et même ses remises en cause dans les traversées difficiles.

 

CHAPITRE 59 : DES FILS DE NOBLES OU DE PAUVRES QUI SONT OFFERTS.

Jeudi 13 avril :

Ce que l’on peut retenir de ce chapitre pour aujourd’hui, ce n’est pas le fait d’offrir des enfants au monastère pour devenir moines ensuite, car une telle tradition est impensable pour notre époque : elle ne respecte pas la liberté de l’enfant, et ensuite, il est préférable que les candidats soient des adultes suffisamment formés humainement.

L’intérêt de ce chapitre est ailleurs : devant Dieu nous sommes tous égaux et l’origine sociale n’est pas déterminante pour s’offrir à Lui, même si, à certaines époques, par certaines traditions abusives, les puinés de certaines familles nombreuses étaient contraints d’entrer au couvent sans en avoir la vocation. Ce qui doit compter, ce sont les dispositions du cœur et le désir de servir Dieu pour celui qui veut s’engager dans la vie monastique.

Ensuite, on remarque que l’oblation du candidat se fait au cours de la célébration eucharistique, car l’offrande de sa vie doit être unie au sacrifice du Christ qui s’offre Lui-même au Père pour le salut de tous les hommes. Et en ces jours où nous célébrons le mystère pascal, nous pouvons nous redire que notre propre offrande nous unit à celle du Seigneur, mort et ressuscité, pour nous faire participant de Sa Vie nouvelle.

 

CHAPITRE 60 : DES PRÊTRES QUI VOUDRAIENT HABITER DANS LE MONASTÈRE.

Vendredi 14 avril :

     Dans ce chapitre concernant les prêtres qui veulent devenir moines, saint Benoît rappelle que la démarche est la même pour tous. Que le candidat à la vie monastique soit déjà prêtre ou encore laïc, l’appel de Dieu est égal pour tous, et c’est bien Jésus qui s’adresse à lui : « Mon ami, pourquoi es-tu venu ? ». Car comme pour ses disciples, Jésus appelle ‘’amis’’ tous ceux qu’il invite à le suivre.

Et la réponse demandée à tous sera de pratiquer la Règle dans son intégralité et de demeurer pour toujours dans le monastère ; c’est le vœu de stabilité. C’est la même démarche de conversion et la même attitude d’obéissance qui est demandée à chacun, qu’il soit prêtre ou non.

 

CHAPITRE 61 : DES MOINES ÉTRANGERS ; COMMENT LES RECEVOIR.

Samedi 15 avril :

          Dans ce chapitre, saint Benoît signale l’importance de l’édification mutuelle. La communauté qui accueille doit montrer une vie monastique sérieuse et, de même, le moine étranger doit respecter la vie de la communauté qui l’accueille sans la troubler par ses exigences. Saint Benoît n’attend de lui qu’une seule chose : qu’il se contente de ce qu’il trouve car le signe d’une vocation monastique authentique est cette capacité de prendre ce qui est donné, sans exiger davantage.

D’ailleurs, la vie de chaque jour permet de discerner s’il en est bien ainsi ; le quotidien est le meilleur critère pour juger d’une vocation véritable. Les grandes phrases ne suffisent pas, car dans la vie quotidienne, tout finit par se découvrir.

Saint Benoît envisage aussi le cas où le moine de passage constate des choses à corriger ou à améliorer ; l’abbé doit alors examiner le cas pour prendre, si besoin est, les décisions qui s’imposent. Mais il doit agir avec prudence et humilité en cherchant toujours quelle est la volonté de Dieu.

 

Frère Claude
Prieur du Bec

Réfectoire des moines - Abbaye du Bec