Dimanche 6 février :
Ce neuvième degré d’humilité rejoint le chapitre 5 de la Règle sur le silence et quelques-uns des instruments des bonnes œuvres au chapitre 4, surtout dans la troisième partie. Le silence, le vrai, est associé à l’humilité, car il peut y avoir un faux ou un mauvais silence qui peut être le mutisme lorsqu’on refuse de parler pour éviter d’être dérangé. Ce peut être aussi du mépris ou de l’indifférence.
Le vrai silence favorise le recueillement, car l’excès de paroles est souvent signe d’agitation intérieure, d’un flot de pensées qui se bousculent et qui, bien sûr, empêche l’écoute, l’attention à l’Hôte intérieur. Le psaume 140 dit : « Mets une garde à ma bouche et veille sur la porte de mes lèvres ».
Il y a donc une ascèse du silence par une maîtrise des paroles, des pensées et des sens. Ce don du recueillement, de la paix intérieure et de l’écoute est à demander dans la prière.Lundi 7 février :
On pourrait penser que saint Benoît est très austère avec ce dixième degré lorsqu’il écrit : « s’il n’est pas facile et prompt au rire ». Cet énoncé est à rapprocher d’un des instruments des bonnes œuvres : « Ne pas aimer le rire excessif et éclatant ».
En fait, ce que saint Benoît recommande, c’est de ne pas tomber dans la superficialité ou même dans la vulgarité, de ne pas s’esclaffer pour rien et à tout propos. Ce rire bruyant va de pair avec le bavardage incessant ou l’excès de paroles. On risque alors de glisser inconsciemment dans l’ironie et de blesser le prochain et en tout cas, de rester à la surface des évènements, des choses, au lieu de rentrer en soi-même pour être attentif à la Présence de Dieu. Saint Benoît demande la maîtrise de sa langue, de ses émotions comme de ses pensées.
Cela n’empêche pas la vraie joie, ni les moments de détente partagés, car la vraie joie est plus profonde car elle naît de l’intériorité, de l’attention à la parole de Dieu, de l’attention au prochain, du partage. Plus encore, elle naît du salut apporté par Jésus, de la victoire du Ressuscité qui donne sens à nos vies.
On connaît dans la Bible le rire de Sara, marqué au début par son incrédulité, mais devenu émerveillement devant la réalisation de la promesse divine. Et Jésus dira à propos d’Abraham : » Il s’est réjoui à la pensée de voir mon jour ». On pense aussi à la joie de Marie dans le Magnificat, à l’exultation de Jésus sous l’action de l’Esprit-Saint à cause du salut révélé aux plus petits et aux humbles. La joie dans l’humilité, c’est l’action de la grâce pour l’œuvre de Dieu qui s’accomplit.
Mardi 8 février :
Ici encore, dans ce onzième degré, saint Benoît recommande la maîtrise de la langue, comme dans les instruments des bonnes œuvres : « Ne pas aimer à beaucoup parler, ne pas dire de paroles vaines, ni de facéties,… » On retrouve ces recommandations en divers endroits de la Règle.
Nous éprouvons tous le besoin de parler, même s’il nous arrive souvent de trop parler et de tomber dans le bavardage en tenant des propos inutiles. Ce peut être même l’occasion de murmurer ou de mal parler du prochain. Et nous connaissons ce que dit l’épitre de saint Jacques à propos de la langue qui peut faire des ravages et mettre le feu ; elle a un pouvoir double : « Par elle, dit saint Jacques, nous bénissons le Seigneur et Père, et nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu » (Jac. 3, 9). Il nous faut donc veiller à la maîtriser, à retenir notre langue du mal comme il est dit au Prologue. La parole est un instrument de relation et elle doit être au service du bien. C’est pourquoi, mieux vaut qu’elle soit maîtrisée, réfléchie, comme enveloppée de silence.
Concrètement, il nous faut veiller à ne pas parler à tout moment et à tout propos pour maintenir, le plus possible, un climat de silence qui favorise le recueillement et l’écoute de Celui qui nous parle au cœur.
Mercredi 9 février :
Avec le douzième degré, nous parvenons au sommet de l’échelle de l’humilité. C’est un travail de patience qu’il a fallu mener pour atteindre ce sommet. C’est aussi tout l’être qui a été transformé ; l’humilité est devenue un état habituel, une nouvelle nature.
La première citation biblique du chapitre était la conclusion de la parabole du pharisien et du publicain. Nous retrouvons ici cette parabole avec la prière du publicain : « Seigneur, je ne suis pas digne, moi pécheur, de lever les yeux vers le ciel ».
La conclusion de ce chapitre est que l’humilité n’est pas un état d’abaissement pour lui-même, encore moins un anéantissement, mais c’est un moyen de parvenir à la vraie liberté, celle qui donne d’aimer Dieu comme des enfants, et non plus d’être devant lui comme des esclaves qui auraient peur de leur maître. L’amour véritable bannit la crainte nous dit saint Jean dans sa première épître ; il fait entrer dans la béatitude des trois personnes divines, car elles viennent habiter le cœur de celui qui est véritablement humble.
CHAPITRE 8 : DES OFFICES DIVINS LA NUIT.
Jeudi 10 février, fête de sainte Scholastique :
Nous entrons avec ce chapitre dans le cycle consacré à l’office divin. Nous y reviendrons. Dans la vie de saint Benoît, relatée par saint Grégoire, celui-ci raconte comment « sa sœur Scholastique, consacrée à Dieu dès son enfance, avait la coutume de venir le voir une fois l’an [..] pour passer avec lui, la journée entière dans la louange de Dieu et les entretiens spirituels ». Dans cette rencontre, prolongée toute la nuit à la prière de la sainte moniale, nous sommes introduits à l’office nocturne puisque, dit saint Grégoire, la nuit se passa pour eux à louer Dieu. Mais nous aurons encore l’occasion de réfléchir sur l’office divin. En tout cas, la fête de sainte Scholastique permet d’introduire tous ces chapitres consacrés à l’office divin.
CHAPITRE 9 : COMBIEN DE PSAUMES IL FAUT DIRE LA NUIT.
Vendredi 11 février :
Dans ces chapitres sur les offices de Vigiles, saint Benoît insiste sur leur structure et leur place. Ils sont célébrés avant le lever du jour, même si plusieurs communautés les célèbrent au début de la nuit. Quoi qu’il en soit, leur place signifie que la nuit est un temps de veille qui se réfère à la Vigile pascale, la nuit de la résurrection du Seigneur.
Par ailleurs, la nuit étant le moment où toute activité est à l’arrêt, l’office peut durer… Dans la tradition, il comporte plusieurs sections ou nocturnes, moins depuis la réforme liturgique du Concile Vatican II. Il y a toujours une alternance entre le chant des psaumes et l’écoute des lectures, bibliques et patristiques, et en même temps une progression vers la résurrection du Christ exprimée par l’Alléluia et la lecture de l’Apôtre. L’office terminé nous prépare à commencer la journée dont le premier office sera les Laudes (ou Matines).
CHAPITRE 10 : COMMENT SE CÉLÈBRE EN ÉTÉ LA LOUANGE NOCTURNE.
Samedi 12 février :
Ce chapitre sur la louange nocturne en été a une importance symbolique puisqu’il est bien dit que l’été commence avec la fête de Pâques et se termine à la Toussaint. C’est donc un rappel que dans l’office nous célébrons chaque jour la victoire du Ressuscité. Les psaumes sont une louange et ils constituent l’essentiel de l’office. Ils expriment la prière des hommes : joies, peines, souffrance, épreuves et toute leur confiance en Dieu. Ils ont donc toujours la première place dans l’office.