Dimanche 23 octobre :
Saint Benoît continue ici le développement des psaumes pour les petites heures avec le psaume 118, puis les psaumes 119 à 127, appelés psaumes des montées, puisque c’étaient les psaumes que chantaient les pèlerins montant vers Jérusalem.
Le psaume 118 est attribué au dimanche et au lundi, car il est une méditation sur la loi pour le ‘’Jour du Seigneur’’. On se rappelle que pour les Juifs, le sabbat était consacré à méditer la Loi de Dieu, toutes activités cessantes. Et les psaumes des montées, ou psaumes de pèlerinage, accompagnent aujourd’hui notre cheminement dans le monde vers la Jérusalem nouvelle. Et c’est de semaine en semaine que se renouvelle notre montée vers le Seigneur.Lundi 24 octobre, fête de Notre-Dame de la Sainte Espérance :
Avec un décalage en raison du dimanche, nous fêtons aujourd’hui Notre-Dame de la Sainte Espérance. C’est l’occasion de nous unir à nos frères du Mesnil qui l’ont solennisée hier. Demain, à Abu-Gosh, 25 octobre, c’est la solennité de la Bienheureuse Vierge Marie, Reine de Terre Sainte qui sera fêtée. Nos communautés sont toutes associées en cette fête de la Vierge Marie ; certaines l’ont célébrée samedi, et la neuvaine préparatoire de la prière à N-D. de la Ste. Espérance nous a réunis dans cette prière pour nous confier à Marie en cette période, et en vue de la préparation du Chapitre Général.
Comme Marie à Cana, dont nous lirons l’évangile à la messe, nous mettons notre confiance en son Fils qui est toujours à l’œuvre dans l’Église et dans nos communautés, à travers moments difficiles et épreuves diverses. C’est Lui qui est notre guide ; Il sait où Il nous conduit.
Mardi 25 octobre :
Saint Benoît propose un ordre de la psalmodie pour l’office du jour et pour l’office de la nuit. Cet ordre a été suivi rigoureusement pendant des siècles, mais ce serait trahir la pensée de saint Benoît que d’en faire un absolu, car lui-même ne le fait pas ; il laisse une certaine liberté à ceux qui préfèreraient disposer d’un autre choix comme il le dit lui-même. Cependant, il tient compte de l’ensemble de la vie des moines et il propose de chanter le psautier sur seulement une semaine, et non en une seule journée « quand nous lisons que nos saints Pères remplissaient vaillamment cette tâche dans un seul jour » dit-il. Il est important de garder un équilibre entre les temps de prière et de travail.
Ce qui compte avant tout, c’est que les offices rythment les journées et qu’ils permettent d’entrer dans une prière continue avec le Seigneur.
XIX. DE LA DISCIPLINE DU CHANT.
Mercredi 26 octobre :
Après avoir détaillé la composition des offices de la journée, saint Benoît prend de la hauteur et précise la manière de célébrer l’office avec l’attitude que nous devons y garder. Nous ne sommes pas des moulins à prière et il ne s’agit pas d’exécuter par obligation des chants et des rites, si non l’office deviendrait un ‘’pensum’’, un poids, une obligation, une servitude comme on le disait parfois.
Nous devons venir à l’office avec foi, car Dieu y est présent comme Il est présent partout et en tout temps, mais « croyons-le d’une conviction parfaite lorsque nous prenons part à l’œuvre de Dieu », nous rappelle saint Benoît. La foi en sa Présence et notre participation active déterminent notre présence à l’office. Nous venons y chanter les psaumes, et c’est dans les psaumes que nous sont précisées les attitudes que nous devons avoir ; elles nous y sont données par trois citations de psaumes :
« Servez le Seigneur dans la crainte », c’est-à-dire entrez dans la contemplation. Il faut se laisser saisir par la transcendance de Dieu et entrer dans la crainte filiale.
« Chantez en adoration » ou avec sagesse : c’est demander à l’Esprit-Saint d’habiter nos cœurs et de nous faire entrer dans l’intelligence des psaumes qui sont Paroles de Dieu.
« Je te chanterai en présence des anges ». Autrement dit, nous participons à la liturgie céleste et éternelle ; l’Église de la terre est unie à celle du ciel.
Ainsi la célébration des offices liturgiques nous transformera intérieurement si nous tenons compte de ces attitudes. Nous y sommes appelés à la conversion et ainsi, progressivement, notre esprit pourra tendre à s’accorder avec notre voix.
- DE LA RÉVÉRENCE DANS LA PRIÈRE.
Jeudi 27 octobre :
En conclusion de cette longue séquence sur l’office divin, et dans la ligne du chapitre précédent, saint Benoît insiste sur l’attitude intérieure que nous devons avoir dans la prière liturgique. Il rappelle que nous sommes en Présence de Dieu avec l’humilité et le respect qu’elle inspire.
Ces dispositions intérieures de crainte, d’humilité, de pureté de cœur, de respect, doivent pénétrer notre prière commune pendant l’office, car encore une fois, le chant de l’office ne doit pas être une récitation mécanique, mais une prière inspirée qui engage tout notre être, cœur, esprit et corps. Et si l’office n’a pas à se poursuivre au-delà du temps imparti, il doit être entouré d’un climat de recueillement et d’intériorité qui doit se ressentir par le silence avant et après et se poursuivre dans tous les services et activités que nous avons à remplir.
XXI. DES DOYENS DU MONASTÈRE.
Vendredi 28 octobre :
Dans ce chapitre sur les doyens du monastère, plusieurs qualités sont demandées à ceux que l’abbé appelle à le seconder. Mais ces qualités sont aussi demandées à chacun puisque nous sommes tous appelés à la conversion.
La bonté est la première de ces qualités et c’est une des qualités de Dieu Lui-même, puisque « Dieu seul est bon » dira Jésus à l’homme riche. Elle est donnée en partage aux fidèles qui vivent selon l’Esprit-Saint puisque faisant partie de ses fruits. La bonté n’est pas mièvrerie ; elle est une forme de la charité comme don de soi et elle va de pair avec la sainteté. Saint Paul énumère toutes ces qualités qui sont celles du disciple qui vit selon Dieu et en qui Dieu vient habiter.
C’est en ce sens que saint Benoît peut parler du mérite de nos vies, non comme un honneur auquel nous aurions droit, car « nous ne sommes que des serviteurs inutiles » dira Jésus, mais en accueillant le don de Dieu avec un cœur humble et ouvert à sa grâce. Car c’est dans l’humilité et dans l’accueil de la bonté de Dieu que ceux qui sont appelés à ce service de doyens peuvent aider leurs frères à progresser dans la Sagesse.
XXII. COMMENT DORMENT LES MOINES.
Samedi 29 octobre :
Dans ce chapitre, ce n’est pas l’aspect matériel du sommeil qui importe le plus, car les conditions de vie ont changé depuis saint Benoît ; c’est surtout la dimension symbolique et spirituelle de la nuit qui est visée ici. La nuit est le temps où le moine se retrouve seul avec lui-même et face à Dieu ; c’est le temps du repos et en même temps l’attente du jour qui succède à la nuit, attente de la venue du Seigneur.
« Je dors mais mon cœur veille » dit le Cantique des Cantiques. Plusieurs détails ont une signification symbolique ici : la lumière qui brûle jusqu’au matin, la ceinture aux reins, le signal du lever, la hâte pour arriver le premier à l’œuvre de Dieu. La nuit est aussi vécue comme le temps de la foi, dans l’espérance de la venue de l’époux au jour promis. Et la nuit de la foi peut parfois être longue. Il faut donc être toujours prêts pour le service du Seigneur, mais aussi pour la rencontre qui aura lieu quand le Seigneur viendra.