Paroles du Bec en 2022 – S4

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 6 : DU SILENCE.

Lundi 24 janvier :

     Quand nous évoquons le silence, nous voyons d’abord l’absence de paroles : se taire, ne pas parler, surtout à tout propos. Pour certaines personnes, l’absence de paroles peut devenir source d’angoisse, donner l’impression d’un vide alors que les paroles ne combleront jamais ce vide !

Mais il ne suffit pas toujours de se taire pour être silencieux, car on peut avoir le cœur et l’esprit envahis de bruits, pas seulement des bruits extérieurs, mais surtout intérieurs : les pensées et les sentiments de toutes sortes peuvent se bousculer en nous et nous tenir dans une agitation permanente.

Être en silence consiste à mettre une garde à sa bouche, pour reprendre l’expression du psaume 140, mais aussi à veiller sur ses pensées, à les filtrer. C’est aussi garder son cœur vigilant pour qu’il soit tout entier écoutant. Le silence de paroles et de pensées favorise l’écoute de la Parole de Dieu et l’attention aux inspirations de l’Esprit-Saint.

Nous avons donc toujours à veiller sur notre langue et nos pensées, car il est toujours très facile de céder aux bavardages, à l’imagination débridée. Et le silence donnera plus de valeur à nos paroles. Si nous sommes encore loin de la prière continuelle, nous devons le plus possible respecter les temps réservés au silence et à la prière, temps d’écoute et de communion avec Dieu et avec nos frères.CHAPITRE 7 : DE L’HUMILITÉ.

 

Mardi 25 janvier, fête de la conversion de saint Paul :

Ce chapitre sur l’humilité est un des textes fondamentaux de la Règle, car l’humilité est d’une grande importance pour la vie du moine. Et la meilleure école de l’humilité, c’est la divine Écriture, la Parole de Dieu. On voit dans la Bible, comment le Peuple de Dieu fait l’apprentissage de l’humilité ; il est façonné par Dieu, éduqué par lui tout au long de son histoire, faite d’alliances successives avec lui, mais aussi de péchés, de chutes et de relèvements, de fidélité et d’infidélité comme de mises à l’épreuve. Et l’humilité trouve sa plus parfaite expression en Jésus, « doux et humble de cœur ».

Ce chapitre commence par une citation de l’évangile, une parole de Jésus : « Quiconque s’exalte sera humilié, et qui s’humilie sera exalté » (Luc 14,11). Suivent plusieurs citations de psaumes, le psaume 131 en particulier.

Nous sommes donc invités à entrer toujours plus profondément dans l’Écriture guidés par l’Esprit-Saint, à nous laisser façonner par la Parole de Dieu, par l’enseignement de Jésus, mais aussi par toute l’histoire du peuple de Dieu, par la parole des prophètes et des sages. Il nous faut revenir sans cesse à la parole et à la vie de Jésus dont le Père nous dit : « Écoutez-le ! », car il est lui-même l’humilité incarnée.

Et l’Église nous offre aujourd’hui un bel exemple d’humilité avec l’apôtre Paul, lui qui farouche défenseur et excellent connaisseur du judaïsme, jusqu’à être un persécuteur acharné de la vie nouvelle, a été renversé, retourné par celui qu’il persécutait. Il a dû abandonner toutes ses assurances et sa superbe pour renaître par le baptême et mettre toute son ardeur au service de l’Évangile du Christ. L’humilité demande toujours une conversion.

 

Mercredi 26 janvier :

Au début du chapitre sur l’humilité, saint Benoît a cité cette phrase de l’évangile : « Quiconque s’exalte sera humilié, et qui s’humilie sera exalté ». Pour exprimé ce double mouvement, saint Benoît utilise l’image de l’échelle de Jacob où celui-ci voyait des anges monter et descendre. Mais saint Benoît change le sens de la vision : dans la Genèse, les anges établissent la relation entre Dieu et les hommes, entre la terre et le ciel, alors qu’ici, l’image de l’échelle met l’accent sur la montée par l’humilité et la descente par l’orgueil. Elle prend ainsi une signification nouvelle, morale.

Cette échelle, c’est notre vie dont la montée peut être longue et prendre justement le temps de toute une vie. On monte pas à pas, degré après degré, au moyen des échelons qui sont les actes de notre vie. C’est une montée escarpée, mais une montée dans l’amour. Il peut y avoir des reculs, des chutes, peut être pas jusqu’en bas, mais en levant les yeux, nous verrons Jésus tout en haut de l’échelle qui nous tend la main pour nous aider à remonter.

La suite du chapitre nous le montrera dans son abaissement, mais un abaissement jusqu’à mourir par amour, dans l’obéissance à son Père. Et son Père le relève pour lui donner sa gloire. Il nous montre ainsi le chemin de la véritable humilité et son aboutissement qui est la vie divine en plénitude.

 

Jeudi 27 janvier :

A partir de ce matin, et jusqu’à lundi, c’est Père Abbé Mark Ephrem qui donnera son commentaire de la Règle : « C’est le premier degré d’humilité si, plaçant la crainte de Dieu devant ses yeux, toujours, l’homme fuit absolument l’oubli… ». Il nous faut rester présent à Dieu, car Dieu, lui, nous est toujours présent. Et si nous lui sommes présents, nous serons aussi présents à tous nos frères pour leur communiquer justement cette présence par un geste, une parole, ou tout simplement ce que nous sommes, avec la paix et la joie données par l’Esprit-Saint.

 

Vendredi 28 janvier :

« Dans la Prière, nous demandons à Dieu que ce soit sa volonté qui se fasse en nous » nous dit saint Benoît ce matin. Cette prière devrait toujours être notre prière disait un de nos anciens qui rajoutait : « C’est le combat de toute ma vie ! ». Ayons la simplicité de la Vierge Marie qui a répondu ainsi à l’ange de l’Annonciation : «  Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ». Que Ta Volonté soit faite ! La tienne et non la mienne. Prions cette prière pour nous, pour notre communauté, et pour toute notre Congrégation.

 

Samedi 29 janvier :

Ce matin, l’invitation que nous adresse saint Benoît est de vivre sous le regard de Dieu comme il l’a pratiqué toute sa vie pour plaire à Dieu seul. Notre danger est de ‘’bien paraitre’’ devant les autres, de par-être sans être un moine de prière, de jouer au moine sous l’habit au lieu d’avoir le même cœur que celui de la Vierge Marie, la servante du Seigneur.  Elle nous dit, encore aujourd’hui, comme elle le disait aux serviteurs à Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».

 

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Dimanche 30 janvier :

Dans ce second degré d’humilité, le Seigneur nous dit : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé ». Et nous prions ensemble, ou nous entendons dire par le supérieur, plusieurs fois par jour, dans le Notre Père : « Que Ta volonté soit faite ». Saint Benoît nous rappelle aussi : « Que notre cœur soit accordé à nos paroles ». En restant accordé à Jésus qui est venu faire la volonté de son Père, nous serons nous-mêmes accordés à cette volonté. Et la volonté du Père est de nous donner la vie, une vie pleine, sa Vie divine.

Notre désir est-il vraiment en accord avec celui de Dieu ? Voulons-nous vraiment accueillir le don de la vie qu’il veut nous faire ? Voulons-nous vivre pleinement, et pas seulement survivre? Au Prologue de sa Règle, saint Benoît écrit : « Et le Seigneur insiste encore : Quel est l’homme qui veut la vie, et aspire à voir des jours heureux ? Si tu réponds ‘’Moi !’’ Voici que dans sa tendresse, le Seigneur nous montre lui-même la voie de la vie.»