Écouter une parole du Bec en 2022 – S37

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 11 septembre :

Saint Benoît continue de montrer la cohérence nécessaire entre les actes et les paroles pour l’abbé qui doit toujours avoir un double enseignement : celui de la parole et celui des actes. Il doit démontrer par l’exemple et par ses actes la justesse de ce qu’il veut enseigner dans ses exhortations. Il doit être vrai dans ses actes qui peuvent avoir plus de force de conviction pour certains ‘’durs de cœur’’, comme le remarque saint Benoît.

Cette cohérence entre parole et action se retrouve dans toute la Règle ; elle est fondée sur l’exemple du Christ obéissant à son Père et qui s’est offert par amour. Par sa mort et par sa Résurrection, il a scellé tout son enseignement. Et les trois paraboles de l’Évangile de ce dimanche (Luc 15, 1-32) montrent clairement son amour à l’œuvre, son désir de sauver tous les pécheurs pour les ramener à son Père.Lundi 12 septembre :

Saint Benoît rappelle ici un principe qui est affirmé par l’apôtre saint Paul, c’est que nous sommes tous égaux devant Dieu. Par conséquent, il ne doit pas y avoir de préférence parmi les frères et l’abbé doit les aimer d’un amour égal car nous formons tous un seul Corps dans le Christ. C’est Lui qui est notre référence, notre soutien, aussi bien pour l’abbé qu’à chacun d’entre nous. C’est pour Lui que nous vivons ; c’est sa charité et son humilité que nous devons pratiquer.

Mardi 13 septembre :

Dans cette section du chapitre sur l’abbé, il est question de son rôle magistériel car il est chargé de faire progresser ses frères vers le Royaume des cieux. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que son service est loin d’être de tout repos !

Il peut trouver toutes sortes de caractères dans sa communauté, car nous sommes loin d’être parfaits ; il suffit de lire l’énumération de saint Benoît pour nous reconnaitre en tel ou tel tempérament. Aussi il est demandé à l’abbé d’exhorter, de reprendre, de corriger pour nous aider à nous convertir. Cela ne veut pas dire qu’il ne soit que dur ou sévère. Il est père et il exprime son amour autant par les reproches que par les encouragements. Son modèle c’est le Christ qui veut nous attirer à Lui et ne cesse de déployer son amour pour sauver tous les pécheurs.

Mercredi 14 septembre, fête de la croix glorieuse :

Si saint Benoît insiste toujours sur la mission de l’abbé, le souci qu’il doit avoir de chacun, c’est parce qui lui est demandé avant tout est de veiller au salut de chacun. L’abbé doit marcher dans la foi, avoir toujours les yeux tournés vers le Monde à venir, car c’est là l’essentiel : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit ».

Ainsi, il nous arrive bien souvent de rester trop accaparés par les soucis matériels, la peur de manquer ou la recherche d’un certain confort. Qu’il faille avoir une certaine sécurité peut se comprendre, mais ce besoin ne doit pas nous faire oublier l’essentiel : la marche à la suite du Christ, le renoncement à nous-mêmes pour partager sa mort et sa résurrection et la fête d’aujourd’hui nous y invite plus particulièrement.

Ce que dit saint Benoît de l’abbé, s’adresse aussi à chacun de nous. Nous devons avancer dans la confiance, dans la pauvreté et le détachement sans rester prisonniers de l’immédiateté, de l’efficacité, de la superficialité qui s’imposent dans notre société d’aujourd’hui. Le Christ a tout abandonné et s’est totalement confié à son Père qui l’a relevé et exalté.

Jeudi 15 septembre :

Saint Benoît rappelle ici quelle doit être l’attitude de l’abbé. C’est une vie dans la foi, puisqu’il « doit chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » et mettre ainsi sa confiance en Dieu seul. C’est l’attitude d’Abraham telle qu’elle est décrite au chapitre 11 de l’Épitre aux Hébreux : « Par la foi, Abraham partit à l’appel de Dieu sans savoir où la route le mènerai… » Il se confie totalement en la promesse de Dieu !

On se rappelle aussi la parole de Paul dans son Épitre aux Romains à propos de l’espérance : « L’espérance ne trompe pas ». L’abbé doit donc avancer dans la foi et dans l’espérance, mais il n’est pas seul, car s’il est un guide pour ses frères, tout le troupeau avance aussi avec lui. Nous avons tous à mettre notre confiance en Dieu et à chercher d’abord son Royaume. Nous avançons toujours vers un inconnu, mais avec la promesse de Dieu qui est au bout du chemin, quoi qu’il arrive.

Nous lui avons demandé le jour de notre profession : « Accueille-moi Seigneur, selon ta Parole et je vivrai, ne me déçois pas dans mon attente ! ». Et nous savons bien que le Seigneur tient toujours ses promesses car sa fidélité est le roc sur lequel peut s’appuyer notre propre fidélité.

III-DE L’APPEL DES FRÈRES EN CONSEIL

Vendredi 16 septembre :

Lorsque l’abbé réunit la communauté pour traiter de choses importantes, il l’invite d’abord à se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint. En effet, parmi les attributs de l’Esprit-Saint, son troisième attribut est le conseil ; Il est ‘’Esprit de Conseil’’.

Se réunir en conseil, c’est donc se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint, et cette écoute de l’Esprit-saint, comporte l’écoute mutuelle, humble et respectueuse de chacun. On ne peut prétendre avoir tout seul la Vérité ! L’Esprit-Saint inspire à chacun une sagesse, sa Sagesse. Et c’est après avoir écouté les uns et les autres que l’abbé peut décider ce qu’il estimera bon pour la communauté. On évite ainsi la précipitation et la légèreté puisque la lumière vient d’une réflexion commune et du respect mutuel.

Samedi 17 septembre :

Aujourd’hui, un commentaire de Dom Guillaume :

« Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur. » Cela vaut pour chacun de nous, en commençant par l’abbé [..] Saint Benoît traite cette question de manière très éclairante dans ce chapitre, car la convocation des frères en conseil suppose une double réalité. D’abord parce que tous sont concernés par ce qui se vit dans la communauté et ensuite perce que nul ne détient la vérité à lui seul.

Tout ce qui concerne la communauté me touche parce que la communauté est bien le milieu où Dieu m’appelle par mon nom. Rien ne peut m’être indifférent de ce qui touche mes frères car nul d’entre nous, pas même le responsable de tel ou tel secteur, pas même l’abbé, n’a une parole définitive sur ce qui touche la communauté. Nous sommes tous des serviteurs.

Le souci du bien commun, du bien de la communauté, voilà ce que saint Benoît attend du moine qui renonce ainsi au désir de son propre cœur, à sa prétention de posséder la vérité sur tout. Celui qui reste prisonnier de son propre cœur ne s’intéresse qu’à ce qui le touche personnellement, n’arrivant pas à écouter l’autre dans sa différence. Au fond, par cette ascèse du dialogue communautaire, saint Benoît propose à chacun d’entre nous un véritable chemin de conversion et de libération : libération de notre propre désir, de nos intérêts, de notre petit univers personnel.

Mosaïque de la Croix glorieuse : Abside de la basilique de Saint-Apollinaire-in-Classe à Ravenne, vers 550.