Écouter une parole du Bec en 2022 – S36

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 4 septembre :

Saint Benoît continue d’exposer les conditions nécessaires pour parvenir au bonheur, pour habiter la tente du Roi : marcher dans la foi sur le chemin où l’Évangile nous guide et pratiquer les bonnes œuvres. Saint Benoît s’appuie toujours sur l’Écriture ; ici, le psaume 14, comme hier le psaume 33.

Il faut toujours s’appuyer sur le Christ, car c’est lui qui nous donne sa grâce et qui nous assure de son appui. Nous ne pouvons pas nous sauver par nos seules forces ! Et encore une fois, nous ne devons rien lui préférer comme nous le montre l’Évangile de ce 23ème dimanche : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple » (Luc 14, 26-27).

Pour être le disciple de Jésus, il ne faut donc rien lui préférer et prendre sa croix pour le suivre. Ce sont là les exigences de l’Évangile et le seul moyen de parvenir, avec le Christ, au vrai bonheur.Lundi 5 septembre :

J’ai découvert hier soir que cette journée du 5 septembre est ‘’Journée internationale de la charité’’. Il y a ainsi dans l’année, plusieurs journées consacrées à telle ou telle cause. J’ignore qui est à l’origine de cette journée dédiée à la charité ; peut-être y a-t-il un rapport avec la fête de Mère Theresa, sainte Teresa de Calcutta, dont c’est aujourd’hui le 25ème anniversaire de la mort.

On peut se demander si beaucoup de gens dans le monde savent que cette journée est dédiée à la charité ? On peut aussi penser qu’une seule journée pour la charité, c’est bien peu ! Pour nous chrétiens, c’est chaque jour qui doit être journée de la charité. Encore faut-il que cela ne reste pas des mots ou des ‘’vœux pieux’’, mais que la charité puisse s’exprimer en actes à différents niveaux : personnel, mais aussi social et collectif. Il faudrait une prise de conscience, une ouverture du cœur pour les pauvres, les souffrants, les isolés ; un décentrement de soi-même pour donner et se donner. Cela suppose une conversion, un retournement vers le Christ que saint Benoît demande aujourd’hui dans le Prologue lu ce matin. Et cette conversion est urgente nous dit-il.

Et de la charité, saint Benoît en fait une règle de vie, un chemin qui est le seul à conduire au bonheur. Se convertir, c’est en effet sortir de soi pour s’ouvrir et se donner à Dieu et à tous ceux qui nous entourent, les plus proches comme aussi les plus lointains qui nous sont rendus proches par tous les moyens actuels de communication.

Mardi 6 septembre :

Il est toujours question, dans cette suite du Prologue, d’obéir à l’appel du Seigneur qui veut nous faire partager son bonheur et la vie éternelle. Et cette vie éternelle commence dès maintenant. Il nous faut donc faire un changement radical en renonçant à nous-même, à la facilité pour accepter les exigences de l’Évangile avec les difficultés et les contrariétés qui peuvent se présenter !

Saint Benoît insiste sur l’urgence à obéir à cet appel du Seigneur : « Hâtons-nous de faire maintenant ce qui doit nous avancer pour l’éternité ». Courons, car la vie est courte et nous ne savons ni le jour ni l’heure de notre mort.

Répondre à l’appel du Seigneur, c’est ce qu’ont fait les apôtres qui, comme tous les saints, se sont engagés à sa suite, à partir de situations diverses. Avec Jésus, ils ont pris part à l’annonce du Royaume de Dieu. Cette mission, qui est offerte à chacun de nous, exige le don total de nous-même.

Mercredi 7 septembre :

Au bout d’une semaine, nous arrivons à la fin du Prologue qu’il faudrait relire d’un trait et où saint Benoît nous invite à nous mettre à l’école du service du Seigneur ; c’est bien le but de toute cette Règle qui se veut accessible à tous et non réservé à quelques initiés ou à des spécialistes de l’ascèse. Il ne propose pas une philosophie hermétique, ni un concours de pénitences ou de mortifications.

La Règle est un moyen de vivre l’Évangile ; elle est une invitation à suivre le Christ. S’il y a des renoncements à mettre en œuvre, des difficultés qui se présentent, ce ne sont pas des obstacles insurmontables, mais, avec le secours du Seigneur, nous pouvons les accueillir comme des moyens d’union au Christ qui les a connus avant nous et pour nous. C’est une occasion de partager ses souffrances pour avoir part aussi à son Règne. La Règle ne fait que nous proposer un chemin de vie et d’amour.

LES GENRES DE MOINES.

Jeudi 8 septembre, solennité de la Nativité de la BVM. :

En lisant ce chapitre le jour de la fête patronale de notre Congrégation de Mont-Olivet, dédiée à la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, nous pensons aux origines de Mont-Olivet, comme aux origines du Bec, dont nous avons fêté récemment les saints fondateurs.

Les fondations monastiques ont souvent commencé par un type de vie plus ou moins érémitique. A l’origine, c’est souvent un seul homme, ou un petit groupe, animés par le désir de quitter le monde et qui se mettent en quête d’un lieu désert pour chercher Dieu. Puis des compagnons se joignent à eux, gagnés par leur exemple de renoncement, et c’est le départ d’une vie communautaire qui va se développer et se structurer. C’est le parcourt de saint Benoît, de saint Herluin, comme de saint Bernard Tolomei avec ses deux premiers compagnons.

Mais ce que saint Benoît veut nous dire dans ce chapitre, c’est le cas de moines qui adoptent la vie érémitique après avoir été bien préparés par la vie communautaire, car il y aurait danger à s’improviser ermite. On appartient toujours à une communauté où la vie commune nous fait vérifier notre amour pour Dieu et pour nos frères, sinon on risquerait de fuir les autres pour échapper au don de soi.

Vendredi 9 septembre :

Saint Benoît évoque ici deux autres genres de moines : les Sarabaïtes et les Gyrovagues ; et on voit tout de suite ce qu’il pense d’eux. Si à l’origine ces deux catégories avaient une existence reconnue, il semble qu’au temps de saint Benoît, ils soient devenus très décadents et marginaux.

On dit toujours que nous pouvons encore avoir, même aujourd’hui, certains de leurs mauvais côtés. Ce n’est pas parce que nous sommes des cénobites que nous n’aurions pas ces défauts, et si nous n’y veillons pas, nous risquons d’avoir des comportements en contradiction avec l’idéal cénobite, en faisant sauter les barrières qui nous retiennent de faire notre volonté propre ou de céder à nos penchants naturels, pour ne pas dire mauvais. Nous aurons toujours un combat à mener pour suivre Jésus.

DE L’ABBÉ.

Samedi 10 septembre :

Dans ce chapitre sur l’abbé, la référence donnée par saint Benoît est celle du Bon Pasteur. L’abbé est en effet assimilé au Christ dont il tient la place, et au Christ Bon Pasteur qui déploie tout son zèle pour son troupeau. Rien de moins ! Ce modèle peut paraître difficile à imiter pour l’abbé, car trop élevé pour son humanité. C’est un service qui exige toute sa disponibilité et il doit l’exercer de deux manières : d’abord par des actes, par son exemple ; c’est ce que dit saint Benoît dès le début du chapitre. Ensuite par son enseignement de la Loi divine. Et cet enseignement ne sera convainquant précisément que s’il est démontré par ses actes. L’abbé doit être le premier à accomplir la volonté du Seigneur.

C’est ce que Jésus recommande aujourd’hui même dans l’Évangile avec les deux paraboles des deux arbres, avec leurs fruits bons ou mauvais, et des deux maisons, construites sur le roc ou sur le sable (Luc 6, 43-49).

Le bon Pasteur : Mausolée de Galla Placidia, Ravenne, Italie