Dimanche 21 août, Père Claude reprend maintenant ses commentaires de la Règle :
Ce chapitre sur le choix de l’abbé parle de lui-même et saint Benoît y détaille toutes les qualités qui sont attendues de lui.
Une des qualités qui se distingue parmi d’autres est la miséricorde ; elle tient de la bonté et de la charité. L’abbé doit rappeler la loi divine ; il doit haïr les vices, mais aimer les frères en les remettant dans le droit chemin avec bonté. Il ne suffit pas d’appliquer le règlement pour lui-même, mais d’en montrer la valeur pour le bien des personnes, et sans les écraser. On se rappelle la parole de Jésus reprochant aux docteurs de la Loi d’écraser les gens sous de pesants fardeaux, sans qu’eux-mêmes ne les remuent du doigt !
La discrétion, dit saint Benoît, est mère des vertus ; elle est proche de la mesure qu’il recommande souvent, car elle demande à la fois le discernement et la modération, la fermeté tempérée de douceur pour éviter l’excès de rigueur afin de tenir compte des fragilités des plus faibles. L’abbé doit toujours suivre la Règle en montrant qu’elle est un chemin de vie et de bonheur.
Par-delà cet appel direct aux prêtres qui voudraient entrer au monastère, Jésus nous rappelle indirectement les exigences de notre vocation.CHAPITRE 65 : DU PRIEUR DU MONASTÈRE.
Lundi 22 août :
Plutôt que de prieur du monastère, on devrait dire le second, puisque le prieur est en fait désigné par l’abbé pour être son second. Il ne doit pas être choisi par une autre autorité que celle de l’abbé, sinon c’est la porte ouverte à cette situation de crise décrite par saint Benoît.
A travers ses remarques, saint Benoît nous fait comprendre combien le goût du pouvoir est tapi en chacun de nous, alors que si nous suivons le Christ, c’est par le chemin du service et dans l’humilité que nous serons vraiment ses disciples. Nous devons donc être chacun à notre place pour que la paix puisse régner dans la communauté.
Mardi 23 août :
Ce qui est dit ici du prieur qui s’attribue une autorité et un pouvoir et qui va jusqu’à la rébellion, saint Benoît le dit aussi de tout moine qui s’enferme dans la désobéissance, ou de prêtres qui se croient au-dessus de la Règle. Il est rappelé à tous qu’ils sont sous l’autorité de l’abbé et tenus à l’observance de toute la Règle, l’abbé lui-même s’y soumettant le premier.
C’est pourquoi, pour le prieur, c’est à l’abbé de le choisir parmi les frères, souvent après les avoir consultés, afin que son choix ne soit pas arbitraire, mais inspiré par l’Esprit Saint.
On se rend compte que l’orgueil, la jalousie nous menacent tous toujours. L’antidote à ce poison sont l’humilité et l’obéissance. Ce sont les armes grâce auxquelles les disciples du Christ peuvent trouver la paix et la sérénité.
CHAPITRE 66 : DES PORTIERS DU MONASTÈRE.
Mercredi 24 août :
Dans le monastère, le portier est le frère qui accueille les arrivants ; il est le premier moine que rencontrent ceux qui viennent, soit pour simplement passer, soit pour séjourner. Actuellement au Bec, les conditions sont différentes : l’accueil se fait soit au magasin, soit à la maison des hôtes. La façon dont nous accueillons ceux qui arrivent est importante : quel visage donnons-nous pour un premier contact avec la communauté ?
La clôture a toujours son importance aujourd’hui, car même si nous avons des contacts avec l’extérieur, nous devons veiller à ne pas en faire un prétexte de fuite pour préserver notre solitude et le retrait du monde nécessaire à notre vie intérieure et au respect de la vie communautaire.
Enfin, saint Benoît rappelle l’importance de lire régulièrement la Règle qui est notre chemin de vie puisqu’elle est la mise en œuvre de l’Évangile nous menant à Dieu. En la laissant nous pénétrer par son esprit, elle nous fera participer à la vie divine.
CHAPITRE 67 : DES FRÈRES QUI PARTENT EN VOYAGE.
Jeudi 25 août :
Lorsque des frères s’absentent pour un voyage plus ou moins long, pour quelque raison que ce soit, envoyé par l’abbé ou pour une raison personnelle, ils demeurent en lien avec la communauté. Ils ne fuient pas la communauté pour se permettre n’importe quoi, mais, représentant le monastère, ils continuent de porter leurs frères dans la prière. C’est pourquoi, celle-ci entoure leur voyage : prière avant le départ, prière au retour, mais aussi prière des frères eux-mêmes pendant leur absence et prière de la communauté pour eux.
Les frères en voyage donnent au dehors un témoignage de ce qu’est la vie monastique, de la vie en communauté qui est une vie avec le Christ. Il ne s’agit pas de discours ou d’actes ostentatoires et exagérés ; encore moins de prosélytisme, mais de rester simple et vrai, d’être en accord avec ce que nous vivons quotidiennement.
CHAPITRE 68 : SI L’ON COMMANDE À UN FRÈRE DES CHOSES IMPOSSIBLES.
Vendredi 26 août, solennité de saint Herluin :
Lorsqu’on aborde cette question de choses difficiles ou impossibles à réaliser, on pense parfois à des ordres concernant la vie courante. Certains peuvent être réellement impossibles pour diverses raisons, mais d’autres sont finalement réalisables pour peu que l’on écarte les faux obstacles, grâce à un dialogue avec le supérieur. Mais il peut aussi s’agir de missions ou de situations plus importantes qui nécessitent un acte de foi car leur terme ou leur objet n’est pas évident au premier abord. Il faut donc demander le secours de Dieu dans la prière et la grâce de l’Esprit Saint pour en obtenir la force et la lumière.
Lorsqu’Herluin s’est engagé dans sa marche à la suite du Christ, son retrait du monde a dû sembler folie aux yeux des hommes et il n’avait certainement pas en vue l’avenir qui était promis à son renoncement. Et pourtant, grâce à sa démarche de foi et à la confiance qu’il avait placé dans le Christ, il a vu l’œuvre de Dieu se réaliser, une œuvre qui continuerait à se développer après lui, malgré les épreuves, les échecs et les ruptures occasionnées par l’histoire.
Si nous connaissons aujourd’hui des moments plus difficiles, il nous faut garder la certitude que l’Esprit Saint agit aujourd’hui comme hier, et marcher avec la même foi qu’Herluin, fidèles à l’appel du Christ que nous avons entendu au début de notre vie monastique.
CHAPITRE 69 : QUE NUL DANS LE MONASTÈRE NE SE PERMETTE D’EN DÉFENDRE UN AUTRE.
Samedi 27 août :
Ce bref chapitre peut être mis en rapport avec la parole exprimée plusieurs fois par saint Benoît : « Ne rien préférer à l’amour du Christ ».
En effet, défendre et protéger tel ou tel frère, même s’il y a un lien de parenté, c’est se mettre en contradiction avec la parole du Christ : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il renonce à son père, sa mère, ses frères [..] » (Luc 14, 26), qu’il renonce à lui-même et à sa volonté propre . Se faire le défenseur d’un frère peut être une cause de trouble dans la communauté, une source de divisions et de conflits. Défendre quelqu’un peut entraîner l’opposition à un autre et au lieu d’apaiser un conflit, on ne fait que l’aggraver.
Aussi, mieux vaut faire appel au supérieur ou à quelqu’un de neutre et s’en remettre à Dieu dans la prière.