CHAPITRE 5 : DE L’OBÉISSANCE.
Lundi 23 mai :
L’obéissance est l’un des trois vœux que nous prononçons lors de la profession monastique. C’est aussi l’un des vœux prononcés lors de l’engagement de toute vie consacrée.
Saint Benoît la met en relation avec le Christ, car à part la première citation tirée d’un psaume, les autres sont toutes des paroles de Jésus dans les Évangiles. La dernière, prise dans le discours sur le Pain de Vie (Jn. 6), exprime la parfaite obéissance de Jésus à son Père. S’il peut demander l’obéissance à ses disciples, obéissance à sa Parole, c’est que lui-même a toujours fait la volonté de celui qui l’a envoyé. Et cette volonté, c’est que tous les hommes soient sauvés ; les disciples participent à cette mission.
Suivre le Christ obéissant, c’est montrer que nous n’avons rien de plus cher que lui. Et notre obéissance au Christ passe par des médiations : la Règle, l’abbé. Il en résulte l’abandon de sa volonté propre, le renoncement à soi-même qui libère le cœur et lui permet d’aimer.Mardi 24 mai :
Saint Benoît précise quelle doit être la qualité de l’obéissance : « Elle ne sera agréable à Dieu et douce aux hommes que si l’ordre est exécuté sans impatience, sans retard, sans tiédeur ni murmure, ni parole de résistance ». Dieu voit le cœur de chacun et c’est à lui que va l’obéissance. Celle-ci lui sera agréable si elle ne rencontre aucun retard, ni impatience, ni murmure ; si non, elle ne sera pas agréée par Dieu.
Étant agréable à Dieu, elle sera ainsi douce aussi à l’entourage, car elle va de pair avec la charité. Et on reconnaît dans une telle obéissance un fruit de l’Esprit-Saint. C’est aussi ce même Esprit qui, nous inspirant l’obéissance, nous fait marcher à la suite du Christ Jésus, lui l’obéissant parfait à la volonté de son Père. Tandis que nous avançons vers la Pentecôte, nous prions l’Esprit-Saint de nous donner cette grâce de l’obéissance décrite par saint Benoît.
CHAPITRE 6 : DU SILENCE.
Mercredi 25 mai :
Les trois chapitres que nous lisons ces jours-ci : hier, l’obéissance ; aujourd’hui le silence et demain, l’humilité, sont liés. L’obéissance est une forme d’humilité et le silence, qui en est une de ses conditions, la favorise. Le bavardage peut être une façon de se mettre en avant alors que la maîtrise de notre parole aide à nous situer à notre juste place devant Dieu.
Nous sommes toujours tentés de trop parler, ce qui est aussi une façon de fuir le face à face avec Dieu et avec nous-mêmes alors que le silence nous permet surtout d’écouter la Parole de Dieu et de rester attentifs aux appels de l’Esprit-Saint.
La liturgie de ce temps de l’Ascension et de la Pentecôte nous invite au contraire, et plus particulièrement, à entrer dans ce silence pour écouter l’Esprit-Saint qui nous parle au cœur.
CHAPITRE 7 : DE L’HUMILITÉ.
Jeudi 26 mai, solennité de l’Ascension :
Saint Benoît continue d’établir les fondements de l’attitude intérieure du moine : après l’obéissance et le silence, c’est l’humilité dont il veut nous parler aujourd’hui. Ce chapitre est aussi le plus long de toute la Règle.
Cette attitude spirituelle qu’est l’humilité pour le moine s’enracine dans la Parole de Dieu ; elle prolonge le silence qui permet justement l’écoute de cette Parole par sa lecture attentive. Et c’est dans l’Écriture que l’on trouve des modèles d’humilité en commençant par la prière du psalmiste dans le psaume 130.
L’humilité permet la vigilance, et le modèle par excellence du disciple humble et obéissant à la volonté de Dieu est bien le Christ, envoyé par san Père pour sauver tous les hommes et les conduire à Lui. Jésus nous attire à lui, lui qui nous précède dans le monde nouveau où l’on entre en suivant le chemin pascal qu’il a lui-même suivi.
Vendredi 27 mai :
Pour atteindre l’humilité parfaite, saint Benoît propose une échelle, l’échelle de Jacob. L’humilité est le seul moyen pour parvenir à la gloire céleste. Et en même temps, on ne peut y parvenir que progressivement, étape par étape, marche après marche. Cette montée se fait dans notre quotidien, dans notre vie de tous les jours, sans rien d’extraordinaire.
Le Christ nous attend en haut de l’échelle, prêt à nous accueillir en nous tendant la main ; à nous de la saisir. Il nous a montré le chemin par sa Pâque ; c’est en la mettant dans notre vie quotidienne que nous la vivrons.
Samedi 28 mai :
Le premier degré d’humilité consiste à demeurer en présence de Dieu ; c’est une forme de prière continuelle. Fuir l’oubli, c’est se rappeler sans cesse la bonté de Dieu, ses actes, ses faveurs envers nous, bien sûr, mais aussi envers l’Église, envers les hommes, envers tous et chacun. Nous sommes sous son regard, c’est ce qu’expriment les nombreuses citations bibliques de ce premier degré.
Se savoir sous le regard de Dieu est la première étape de la conversion et de l’humilité. Et c’est grâce à l’Esprit-Saint que nous nous remémorons les gestes et les paroles de Dieu, particulièrement en ce moment où Jésus nous rappelle : « l’Esprit que je vous enverrai vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». Ainsi, en revenant à la source, nous retrouverons le chemin de notre cœur.