CHAPITRE 52 : DE L’ORATOIRE DU MONASTÈRE.
Dimanche 3 avril :
Ce chapitre sur l’oratoire du monastère peut être rapproché des chapitres 19 et 20 qui concluent le cycle consacré à l’office divin.
L’oratoire est le lieu de la prière, le lieu de la Présence de Dieu, mais pas uniquement, car nous pouvons rencontrer Dieu partout ; mais il l’est plus spécialement car il lui est consacré. On y célèbre l’office divin, mais le reste du temps, ce doit être un lieu de silence qui exprime justement cette Présence de Dieu que l’on peut venir prier à tout moment.
Même si l’on y entend des bavardages parfois bruyants du fait de visiteurs peu accoutumés aux églises, on y voit aussi, et assez souvent des fidèles recueillis pour un temps de prière silencieuse, ou simplement assis dans le calme. C’est le signe qu’ils ont plus ou moins conscience d’une Présence apaisante.
Pour nous qui célébrons plusieurs fois par jour l’office divin dans notre église, c’est aussi le lieu des évènements importants de notre vie monastique : nos engagements, notre profession monastique, et à la fin de notre vie, le lieu du dernier à Dieu. C’est aussi le lieu où nous renforçons les liens de la communion fraternelle dans l’eucharistie et la prière communautaire et ecclésiale.
De nombreux textes bibliques, en particulier ceux qui sont lus pour les célébrations de la Dédicace, nous rappellent que l’oratoire est bien un lieu de prière : l’échelle de Jacob, la prière de consécration du Temple par Salomon, etc…CHAPITRE 53 : DE LA RÉCEPTION DES HÔTES.
Lundi 4 avril :
La manière de recevoir les hôtes aujourd’hui n’est plus tout-à-fait la même qu’au temps de saint Benoît, pour plusieurs raisons. Mais si les formes changent, le fond reste le même.
Dans les hôtes nous reconnaissons le Christ ; le Christ qui est là dans la personne de l’hôte reçu et en celui qui l’accueille. L’hôte est reçu avec toute l’humanité possible dit saint Benoît ; on lui fournira tout le nécessaire, matériellement et spirituellement, pour le temps de son séjour.
Si on ne lui lit plus la loi divine à son arrivée (à l’époque de saint Benoît, peux savaient lire !), on lui donne les moyens de la lire personnellement en mettant à profit son séjour pour être à l’écoute du Christ pendant les offices, pour entrer dans la prière de la communauté, ou dans sa prière privée.
C’est la démarche de beaucoup de nos hôtes venant au monastère. Il en résulte que nous devons garder à leur égard la plus grande discrétion et l’humilité pour ne pas les troubler dans leur recherche de Dieu. Et dans notre prière, nous les confions au Seigneur pour qu’il parle à leur cœur et agisse en eux.
CHAPITRE 54 : SI UN MOINE PEUT RECEVOIR DES LETTRES OU AUTRE CHOSE.
Mercredi 6 avril :
Dans ce chapitre, il est encore question de la désappropriation. Et saint Benoît, comme dans d’autres chapitres de la Règle, veut combattre ce vice de la propriété. C’est une tentation fréquente qui peut traduire une recherche de sécurité : lorsqu’on reçoit quelque chose, on est tenté de le garder pour soi, comme on peut aussi vouloir donner soi-même quelque chose. Or la vraie désappropriation suppose que lorsqu’on reçoit ou que l’on donne quelque chose, on s’en remette d’abord à l’abbé.
La désappropriation, ou le détachement, va de pair avec l’obéissance. En abandonnant sa volonté propre, on trouve la vraie liberté qui permet de suivre le Christ, lui qui n’a fait que la volonté de son Père. C’est en lui seul que nous devons chercher notre unique assurance, alors que prendre seul la liberté d’agir, n’est pas la vraie liberté que l’on trouve seulement dans le renoncement à sa volonté propre et à la possession.
Et rappelons-nous cette parole de Jésus priant à Gethsémani que nous allons bientôt réentendre : « Père, non pas ma volonté, mais la tienne ».
CHAPITRE 55 : DES VÊTEMENTS ET CHAUSSURES DES FRÈRES.
Jeudi 7 avril :
Dans ce chapitre comme dans ceux sur la nourriture (chap. 39 et 40), l’idée principale de saint Benoît est la suivante : savoir se contenter du nécessaire ; tout ce qui est superflu est inutile.
Le désir d’avoir toujours davantage est ancien dans l’homme, mais nous le percevons particulièrement à notre époque où, par de nombreux moyens, la société incite à consommer toujours davantage. C’est vrai dans le domaine de l’habillement, avec les ‘’modes’’ successives, comme en bien d’autres domaines. Saint Benoît n’exige pas, par exemple, que l’on soit peu couvert en hiver par ascèse, mais que les vêtements des moines soient adaptés à la région et à la saison. Il condamne seulement le superflu ou le raffinement. Une recherche excessive serait contraire à l’esprit de la Règle.
Vendredi 8 avril :
Dans la fin de ce chapitre, saint Benoît insiste encore sur le vice de la propriété personnelle. Pour l’empêcher, il faut que chacun reçoive ce dont il a besoin ; c’est à l’abbé d’y veiller. C’est pourquoi saint Benoît fait référence aux premiers chrétiens en citant les Actes des Apôtres : « On distribuait à chacun selon ses besoins. (Act. 4, 35) ».
Cette citation rappelle d’abord l’attention que l’abbé doit avoir pour chacun, et les besoins peuvent varier d’un frère à l’autre, mais que chacun reçoive le nécessaire. Surtout, il faut éviter l’envie, la comparaison et respecter la faiblesse de ceux qui auraient besoin de plus. Et en même temps, cette citation des Actes rappelle le lien communautaire qui nous unit tout en nous décentrant de nous-mêmes pour être attentifs à nos frères.
Enfin, et même si ce n’est pas exprimé dans ce chapitre, notre habit, reçu au début de notre vie monastique, signifie le renoncement à toute volonté propre afin d’appartenir à Jésus seul et lui offrir toute notre vie. En recevant notre nouvel habit, signe d’unité, nous nous engageons ainsi dans une communauté.
CHAPITRE 56 : DE LA TABLE DE L’ABBÉ.
Samedi 9 avril :
Ce bref chapitre rappelle la dimension sociale des repas ; nous ne sommes pas des individus isolés pratiquant le chacun pour soi. Quelle que soit la façon dont nous exerçons l’hospitalité aujourd’hui, les hôtes sont accueillis au monastère. Et même s’ils ne peuvent pas manger au réfectoire monastique avec nous, comme actuellement, servis dans la maison des hôtes par le frère chargé d’eux, nous gardons conscience de leur présence parmi nous. Entre nous le repas est toujours convivial ; c’est un partage et nous restons attentifs les uns aux autres.
Particulièrement en ce temps liturgique de Carême, nous gardons aussi présent à l’esprit le repas du Seigneur avec ses disciples, le soir du Jeudi Saint. Car tout repas nous rappelle, d’une part, le repas eucharistique, et d’autre part le partage avec les plus pauvres et le souci de ceux qui sont démunis et affamés. C’est une exigence pour nous de garder le cœur ouvert à l’action de grâce et à l’intercession pour tous les hommes, proches ou lointains.