CHAPITRE 41 : À QUELLE HEURE SE PRENNENT LES REPAS.
Dimanche 20 mars :
Saint Benoît fixe l’heure des repas en fonction du temps liturgique ; et tout part de Pâques ou y ramène. Le mystère pascal est donc présent même dans les actes les plus ordinaires de la vie, et cela tout au long de l’année.
De plus, pendant le Carême, les repas sont pris un peu plus tard ; et ce temps d’attente permet de mettre une distance entre nos désirs et leur satisfaction, car « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole de Dieu », entendons-nous souvent en Carême.
Ainsi les repas et la façon de les prendre ne sont pas de simples actes physiques et matériels, mais ils engagent aussi notre esprit et notre cœur, toute notre vie avec Dieu ; ils ont une dimension spirituelle. Nous pouvons ainsi, par tous les actes de notre vie, y compris les repas, sauver nos âmes.
CHAPITRE 42 : QUE PERSONNE NE PARLE APRÈS COMPLIES.
Lundi 21 mars : fête de saint Benoît :
L’office de Complies marque le passage du jour à la nuit ; l’entrée dans le silence nocturne. La société actuelle ressent moins ce contraste entre le jour et la nuit, car beaucoup d’activités se poursuivent le soir et même jusque tard dans la nuit, avec une force d’attraction pour les loisirs nocturnes et la pression d’un système qui repousse toujours plus tard les temps de travail. Il en sort des effets assez pervers de notre société moderne.
Dans la tradition monastique, et même chrétienne, la nuit est le moment de la remise de soi à Dieu, l’entrée dans le silence de la nuit et le repos. Mais c’est aussi un temps de veille et de prière comme l’expriment les chants de Complies, les psaumes 4, 90, 133 en particulier. Avec le répons, nous nous remettons tout entiers entre les mains de Dieu, rejoignant le Christ qui offre sa vie sur la croix avec cette citation du psaume 30 : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». C’est aussi le chant du Nunc dimitis du vieillard Siméon au soir de sa vie : « Et maintenant, Maître Souverain, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu ton salut … »
L’entrée dans le sommeil est un abandon confiant au Père qui nous tourne vers la résurrection. Depuis que Jésus s’est relevé du tombeau, nous savons que le sommeil n’est pas le point final, mais l’attente d’une vie nouvelle. Chaque matin nous fait revivre avec le Christ ressuscité, afin que nos nuits soient passage vers le jour et nous préparent ainsi à entrer dans la vraie Vie.
CHAPITRE 43 : DE CEUX QUI ARRIVENT EN RETARD À L’ŒUVRE DE DIEU OU À TABLE.
Mardi 22 mars :
Dans ce chapitre sur les retards, il nous est rappelé que le temps ne nous appartient pas ; il est un don de Dieu. Il nous est donné pour que nous puissions vivre ensemble. Cela suppose que nous respections les horaires, ceux des offices, des repas, du travail ou des rencontres. Ce temps donné et reçu est un facteur d’unité entre nous.
Tout retard est donc une atteinte à l’unité de la communauté et il demande réparation surtout s’il est dû à la négligence. C’est l’occasion d’un chemin de conversion.
Mercredi 23 mars :
On rejoint ici ce que saint Benoît dit des repas dans les chapitres précédents. Le repas a une valeur d’acte cultuel. En effet, il est précédé d’une bénédiction et il est suivi d’une action de grâce. Il est donc important que toute la communauté soit présente dès le début du repas et reste jusqu’à sa fin. Comme pour les offices divins, c’est le signe de l’unité du corps tout entier qui s’exprime ainsi comme c’est aussi l’occasion de partager ensemble les dons reçus du Seigneur.
CHAPITRE 44 : DE CEUX QUI SONT EXCOMMUNIÉS, COMMENT ILS DOIVENT SATISFAIRE.
Jeudi 24 mars :
Ce chapitre prolonge ceux qui sont consacrés à l’excommunication pour les fautes. Ce qui est envisagé ici c’est la réparation lorsqu’il y a eu une faute grave. Une faute, si elle est reconnue et regrettée, n’entraine pas une séparation définitive avec la communauté. Au contraire, la réintégration est possible et se fait progressivement.
Autrefois, dans l’Église primitive, la réadmission des pêcheurs publics dans la communauté ecclésiale se faisait par étapes, pour s’achever au cours de la Semaine Sainte. Le pêcheur pardonné pouvait alors célébrer la Résurrection du Seigneur à Pâques, avec toute sa communauté.
Ici, on voit la manifestation de la miséricorde de la part de l’abbé et des frères. Rappelons-nous les paraboles de la miséricorde, et en particulier celle du fils prodigue que nous entendrons dimanche prochain. L’amour du Père nous attend toujours. Rappelons-nous aussi les premiers mots du Prologue de la Règle avec l’invitation du Père qui nous aime et nous redit : « Reviens par le labeur de l’obéissance à Celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance ». Les portes du pardon – pour employer une expression de la liturgie orientale – nous sont toujours ouvertes.
CHAPITRE 45 : DE CEUX QUI SE TROMPENT À L’ORATOIRE.
Vendredi 25 mars. Solennité de l’Annonciation :
Ce chapitre pourrait compléter ceux qui concernent l’office divin ; en effet, il nous invite, en montrant ce qu’il faut éviter, à être présent, non seulement physiquement, mais de cœur et d’esprit, à Dieu que nous célébrons.
C’est la foi qui nous guide en nous faisant reconnaître et vénérer la Présence de Dieu. Nous devons donc être attentifs à ce que nous lisons et chantons. Ailleurs, saint Benoît dit que « notre cœur doit être en harmonie avec ce que chantent nos lèvres. »
Dans la fête de l’Annonciation que nous célébrons aujourd’hui, nous pouvons croire que Marie était totalement attentive à la Présence de Dieu, pénétrée de sa Parole et que son ‘’oui’’ était préparé par ses dispositions de cœur et d’esprit, même si l’on peut imaginer la surprise qui était la sienne pour avoir été choisie par Dieu en vue de cette mission incroyable : ‘’Être la Mère de son Fils’’.
CHAPITRE 46 : DE CEUX QUI COMMETTENT QUELQUE AUTRE FAUTE.
Samedi 26 mars :
Ce chapitre rejoint en quelque sorte le chapitre 7 ‘’De l’humilité’’, car il traite de la reconnaissance des fautes. La première partie concerne les fautes externes. Nous ne pouvons pas tout faire parfaitement, que ce soit dans le travail, dans les différents services, dans nos relations réciproques ou dans les différents aspects de la vie quotidienne, et nous ne pouvons pas donner une image impeccable de nous-mêmes. Il nous faut savoir le reconnaître devant les autres et avoir une indulgence réciproque. L’humilité passe dans ces échecs et leur acceptation.
Pour ce qui est du mal secret, tout ce qui vient de nos pensées qui s’agitent dans notre cœur et qui peuvent entrainer au péché, saint Benoît recommande de les avouer au père spirituel comme il le dit au chapitre 7 et dans ‘’les instruments des bonnes œuvres’’. C’est l’ouverture du cœur, la reconnaissance que nous avons besoin du regard d’un autre pour nous aider à faire la lumière sur notre vie. L’humilité nous aide à avancer dans les chemins du Seigneur.