Écouter une parole du Bec en 2022 – S11

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 35 : DES SEMAINIERS DE LA CUISINE.

Dimanche 13 mars :

Même si nous n’assurons plus nous-mêmes aujourd’hui le service de la cuisine, il reste que nous sommes encore tous concernés, à des degrés divers, par tout ce qui touche aux repas. Le petit déjeuner est préparé par quelques frères, les remplacements à la cuisine sont assurés par un autre ; il y a donc là, pour l’ensemble des autres frères qui bénéficient de leur travail, un devoir de reconnaissance et de respect.

Il n’en reste pas moins que tous nous avons à être attentifs les uns aux autres à l’occasion des repas communautaires, comme de leur préparation, de la mise en place ou du rangement de la vaisselle. Tout ce qui touche directement ou indirectement aux repas et à la nourriture est l’occasion d’exercer la charité fraternelle.Et rappelons-nous aussi le caractère liturgique, ou tout au moins le lien avec la prière et la liturgie de nos repas. En ce sens, l’office de None chanté aussitôt après le déjeuner, marque bien ce lien. Autre détail important à relever dans ce chapitre : la mention du lavement des pieds par saint Benoît nous reporte au Jeudi Saint et à la Cène qui est l’origine de notre eucharistie. Le repas prend donc un caractère presque sacramentel ; c’est un temps de partage, de charité et de communion.

Lundi 14 mars :

     Au milieu de ce chapitre, saint Benoît évoque le lavement des pieds qui nous rappelle la dernière Cène, établissant ainsi un lien entre la liturgie et le repas. Puis il parle de la bénédiction de ceux qui entrent en service, et de ceux qui en sortent, au début de la semaine. Cette bénédiction est donnée aux Matines du dimanche, puisque la semaine commence le dimanche, le Jour du Seigneur.

Les services ne sont pas de simples corvées répétitives et monotones dont on doit s’acquitter par contrainte et donc sans joie. Mais comme ce sont justement des services que l’on exerce pour les frères, et pour le Christ, c’est dans la joie qui vient de l’Esprit-Saint qu’on s’en acquitte, car tous nos services contribuent à l’édification de la maison de Dieu grâce aux liens de la charité qu’ils tissent entre nous. Et quand nous ne sommes pas de service, nous devons toujours veiller à faciliter la tâche de ceux qui servent par notre respect et par notre reconnaissance qui va aussi à Dieu pour tous ses bienfaits.

 

CHAPITRE 36 : DES FRÈRES MALADES.

Mardi 15 mars :

Ce chapitre sur les frères malades nous concerne tous, que nous soyons nous-mêmes malades ou bien portants. Quand la maladie survient, nous nous sentons démunis. On ne choisit pas d’être malade, mais c’est un fait qui bouleverse la vie de celui qui est touché. Il y a des maladies passagères et d’autres qui durent.

La maladie de l’un ou l’autre frère affecte aussi tout l’entourage, car elle a des incidences sur la vie de la communauté. Plus nous avançons en âge et plus nous ressentons les incidences de la maladie sur la vie de l’ensemble. Saint Benoît rappelle le soin que nous devons apporter aux malades, l’infirmier ayant, bien sûr, une part importante dans ce service ; mais aussi les autres frères, au moins indirectement, par des aides ou des visites. Le service des malades est une école de patience et de charité.

Avec les malades, nous sommes en présence du Christ, et cela de deux manières :

D’abord, il est venu guérir : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades », nous dit Jésus. Les évangiles rapportent souvent le soin et la compassion de Jésus pour les malades, les infirmes, tant dans leur corps, que dans leur cœur. Il apporte souvent  la guérison physique, mais surtout la guérison spirituelle. Il fait ainsi naître et grandir la foi.

Et puis, il s’identifie lui-même aux malades : « Il a pris sur lui nos maladies » dit l’évangéliste saint Matthieu au chapitre 4. Et dans la scène du jugement dernier, il dit : « J’étais malade et vous m’avez visité (Mt. 25, 36)». C’est le texte que saint Benoît cite au début de son chapitre.

 

CHAPITRE 37 : DES VIEILLARDS ET DES ENFANTS.

Mercredi 16 mars :

Ce chapitre sur les vieillards et les enfants reflète, d’une certaine manière, la société dans laquelle le lien entre les générations a sa place. Pendant longtemps, souvent trois ou quatre générations d’une même famille vivaient sous un même toit. Il en va un peu de même dans les monastères, même si ce n’est plus le cas partout aujourd’hui, car à la place des enfants, on peut voir de jeunes frères en formation qui ont souvent l’âge des étudiants en faculté.

C’est le Christ qui nous rassemble, depuis les plus jeunes jusqu’aux plus anciens. Saint Benoît recommande donc l’indulgence pour ces âges extrêmes, les plus jeunes comme les plus âgés, avec des aménagements. En particulier pour les anciens, le rapport à la nourriture et au temps ne doit plus être le même. Il nous faut donc être attentif et compréhensifs à leur égard.

 

CHAPITRE 38 : DU LECTEUR DE SEMAINE.

Jeudi 17 mars :

     Le fait que la semaine de lecture soit inaugurée par le même verset que celui qui ouvre le premier office de la journée : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange », lui donne un lien avec l’Opus Dei, l’Œuvre de Dieu. La lecture pendant les repas prolonge les lectures de l’office des Vigiles. Elle a, entre autres fonctions, celle d’établir, pendant les repas, un caractère presque liturgique, un climat de recueillement qu’on percevrait moins si l’on parlait. Les conversations permettent bien sûr des échanges, mais l’écoute commune d’une même lecture favorise aussi la communion entre nous, car il y a partage, non seulement de la nourriture corporelle, mais aussi d’une nourriture de l’esprit.

La lecture au réfectoire n’est pas un absolu ; elle peut être, à l’occasion, remplacée par du silence ou de la musique, mais elle permet, dans une certaine part, d’édifier la communauté, même si nous n’avons pas immédiatement d’échanges sur ce que nous y entendons. Comme pour tous les repas communautaires, elle doit favoriser notre communion fraternelle en nous sortant d’un risque d’individualisme.

 

CHAPITRE 39 : DE LA MESURE DE NOURRITURE.

Vendredi 18 mars :

     Le titre de ce chapitre situe le propos de saint Benoît : respecter la mesure concerne non seulement  la musique et le chant, ce qui est nécessaire dans ce domaine si l’on veut être accordés, mais aussi les autres domaines de l’existence : les paroles, le travail, les loisirs, etc… Ici, il est question de la nourriture, comme ce sera le cas pour la boisson dans le chapitre suivant.

Il y a pourtant un domaine où l’on peut dépasser la mesure, c’est celui de l’amour. On peut citer cette pensée attribuée à saint Augustin : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure ».

La mesure en nourriture est associée à la sobriété. Saint Benoît recommande d’éviter l’excès. Il y a un juste équilibre à trouver et c’est ce que propose ici saint Benoît : il doit y avoir le nécessaire, mais ni trop ou ni trop peu, car l’excès est souvent de dépasser justement la mesure dans le trop ou même parfois dans un excès de privations inconsidérées.

Cette mesure et cette sobriété concernent aussi les autres différents domaines de notre vie : utilisation des biens, du matériel, des ressources… Il y a quelques années, le pape François avait lancé une vaste réflexion avec son encyclique Laudato si, et nous n’avons pas fini de la mettre en œuvre.

 

CHAPITRE 40 : DE LA MESURE DU BOIRE.

Samedi 19 mars, solennité de saint Joseph :

Dans ce chapitre, nous retrouvons le même principe que dans le précédent sur la nourriture : sobriété et mesure. En ce qui concerne le vin, « ne jamais aller jusqu’à la satiété ou l’ivresse », nous rappelle saint Benoît, car l’excès peut avoir des conséquences fâcheuses : il fait perdre la raison et la maîtrise de soi, mais surtout faire oublier la cause de notre présence au monastère : le service de Dieu.

Et puis, autre mise en garde dans ce chapitre : le danger du murmure. Si l’on n’a pas le nécessaire souhaité, on ne doit pas s’en attrister, mais bénir Dieu.

Il y a aussi ce qui n’est pas dit explicitement dans le texte, tant à propos de la nourriture que de la boisson : nous devons ouvrir notre esprit et notre cœur en pensant à tous ceux qui souffrent de la pauvreté parce qu’ils n’ont pas même le nécessaire.