Écouter une parole du Bec en 2022 – S10

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 29 : SI LES FRÈRES SORTIS DU MONASTÈRE DOIVENT Y ÊTRE REÇUS A NOUVEAU.

Dimanche 6 mars :

Dans ce bref chapitre sur l’accueil d’un frère qui est sorti du monastère par sa propre faute, il est surtout question d’humilité. C’est faire preuve d’humilité que de recommencer la vie monastique au point de départ ; encore faut-il ensuite persévérer.

Même si nous ne quittons pas le monastère, notre chemin peut être marqué par des échecs ou simplement par les difficultés ou les aspérités de la vie quotidienne. Il nous faut alors les accueillir avec humilité et demander la force de l’Esprit-saint pour continuer la route à la suite de Jésus marchant vers sa Pâque. Oui, demandons à l’Esprit-Saint sa lumière en ce temps de Carême pour reconnaître les différentes tentations qui peuvent nous barrer la route en implorant son secours pour ne pas nous laisser vaincre et en puisant dans la Parole de Dieu le courage d’avancer.

 

Ainsi la nuit n’est pas une rupture ; de nuit comme de jour nous sommes dans la main de Dieu comme nous le chantons à Complies.CHAPITRE 30 : DES JEUNES ENFANTS ; COMMENT ON LES CORRIGE.

Lundi 7 mars :

Ce qui permet de comprendre ce chapitre, ce sont les premiers mots : « Chaque âge et chaque degré d’intelligence doit susciter des mesures qui lui soient adaptées ». Il est ici question d’une correction qui soit adaptée à chaque personne. Plus largement, il faut retenir l’attention portée par saint Benoît à chaque moine.

Il y a bien sur dans le monastère un cadre commun des lieux, des temps et des principes à respecter, mais ce qui importe, c’est la relation de chacun à Dieu et à la communauté. Saint Benoît respecte les personnes et une même personne réagira différemment suivant les périodes de sa vie, de son âge, de sa personnalité, de son éducation… Tel ou telle n’aura pas la même compréhension de certains actes ou attitudes en raison de ces différents facteurs. Aussi, dans sa relation aux frères, l’abbé doit discerner les traits et aptitudes de chacun afin de l’aider dans sa croissance spirituelle.

On est loin de l’idée que l’on peut se faire d’un monastère qui, vu de loin et de l’extérieur, aurait un règlement uniformisant et réducteur ; au contraire, c’est toujours le bien des âmes et l’épanouissement en Dieu de chacun qui est recherché.

 

CHAPITRE 31 : DU CELLÉRIER DU MONASTÈRE, QUEL IL DOIT ÊTRE.

Mardi 8 mars :

Avec ce chapitre concernant le cellérier, saint Benoît aborde l’organisation du monastère avec sa vie concrète, dont les charges et les travaux. Le cellérier a une place importante ; il est chargé de gérer les biens du monastère pour le service des frères et de leurs besoins. Il doit avoir un ensemble de qualités dont la principale est d’être « comme un père pour toute la communauté ». Il doit donc être attentif et veiller sur les frères tout en gardant l’équilibre entre les demandes individuelles et le bien de l’ensemble envisagé parfois à long terme ; le tout avec mesure et selon les ordres de l’abbé.

Cette charge est donc délicate et demande de la part de son titulaire un juste équilibre entre la relation aux personnes et la gestion matérielle.

 

Mercredi 9 mars, fête de sainte Françoise Romaine :

Lorsqu’on lit le chapitre sur le cellérier dans son ensemble, on est frappé par toutes les qualités qui lui sont demandées, car il s’agit de bien davantage qu’une simple gestion matérielle ou purement technique. On le disait déjà hier : « il doit être comme un père pour la communauté ». Il est dit aussi qu’il doit être conduit par « la crainte de Dieu ». En effet, il est chargé d’administrer la maison de Dieu.

On peut trouver une réalisation de cet idéal en sainte Françoise que nous fêtons aujourd’hui, sachant évidemment que la personnalité et le rôle de celle-ci ne se limitent pas à cette fonction. De plus, ce rapprochement peut se justifier car elle a vécue selon la Règle de saint Benoît, et cela bien avant qu’elle ne devienne supérieure de sa communauté de Tor de’Specchi, et cela, dès sa fréquentation de l’abbaye de Sainte Marie la Neuve sur le Forum romain.

On peut trouver en elle plusieurs traits qui sont ceux du cellérier vu par saint Benoît : humilité dans la façon de conduire sa maison et d’abord sa famille, puis sa communauté d’oblates moniales, sa crainte de Dieu, sa grande sollicitude et son attention à tous ceux et celles qui lui sont confiés. Enfin et surtout, elle s’est particulièrement occupé à soulager et à soigner les pauvres, les malades, les petits, le tout vécu et unifié dans la prière et la liturgie de l’Église.

 

CHAPITRE 32 : DU MATÉRIEL DU MONASTÈRE.

Jeudi 10 mars :

Ce chapitre sur le matériel du monastère – ailleurs, il est question de ses ressources – met en lumière deux dimensions de notre vie, deux valeurs qui sont fondamentales dans notre vie monastique :

La première, c’est la pauvreté que l’on retrouvera au chapitre suivant. Le monastère possède un certain nombre de choses, d’objets divers. Mais tout cela appartient à Dieu, et nous n’en sommes pas propriétaires individuellement : ces objets sont mis à notre disposition en fonction de nos besoins ; nous les utilisons quand c’est nécessaire en les respectant autant que possible.

La seconde valeur, qui est associée à la première, c’est la communauté. Nous ne sommes pas des individus juxtaposés comme on peut l’être dans le monde. Nous partageons l’usage des biens mis à notre disposition et nous devons toujours avoir à l’esprit que les autres aussi, ont besoin de ceci ou de cela. Nous ne devons pas vivre fermés sur nous-mêmes, mais rester attentifs aux besoins des autres en ayant le sens du partage.

Il faut donc rendre grâce à Dieu qui met à notre disposition ce dont nous avons besoin et avoir toujours le souci des autres.

 

CHAPITRE 33 : SI LES MOINES DOIVENT AVOIR QUELQUE CHOSE EN PROPRE.

Vendredi 11 mars :

La désappropriation est traitée dans ce chapitre de façon très claire par saint Benoît. Elle était déjà évoquée dans le Prologue et dans le chapitre sur l’humilité, car elle concerne, non seulement les biens matériels, mais aussi la volonté propre. Notre vie ne fait qu’un où obéissance, humilité, renoncement se rejoignent et nous tournent vers le Christ qui, en s’incarnant, n’a pas gardé le rang qui l’égalait à Dieu.

Renoncer à posséder, c’est mettre sa foi uniquement dans le Christ. Bien sûr, nous avons des objets et nombre de choses à notre disposition, mais savons-nous nous contenter de l’indispensable, si non du nécessaire ? L’appropriation reviendrait à ne plus mettre notre confiance dans la providence divine et dans l’amour de notre Père. C’est une forme d’idolâtrie !

Les objets, comme nos facultés et nos connaissances ne doivent pas être des instruments de domination ou de vénération, mais au contraire des instruments de service, de partage. La satisfaction de nos désirs, de notre volonté propre nous isolerait de Dieu et des autres ; c’est une forme de suffisance, d’orgueil.

En ce temps où nous marchons vers Pâques, le Christ nous appelle à le suivre sur ce chemin du renoncement, de la désappropriation, pour mettre en lui seul notre confiance, car c’est le seul chemin pour partager sa vie en plénitude. Bien sûr, nous ne sommes pas encore au but, et nous pouvons avoir des retours en arrière, mais le Christ nous indique des moyens pour avancer plus librement, et la direction de notre marche.

 

CHAPITRE 34 : SI TOUS DOIVENT RECEVOIR UNIFORMÉMENT LE NÉCESSAIRE.

Samedi 12 mars :

« Tous les croyants mettaient tout en commun et on partageait entre tous, selon les besoins de chacun. » (Act. 2, 44-45). Cette citation des Actes des Apôtres est un principe de la vie en communauté. Nous sommes tous frères, solidaires, mais avec des tempéraments, des santés et des capacités différents. Nous n’avons pas à nous comparer les uns les autres, ce qui serait source de jalousies et de murmure, car le murmure est un poison qui empêche de vivre.

L’attitude de tous qui est ici requise ici, c’est l’humilité ; humilité pour les plus faibles qui ont besoin de plus à cause de leur état de fragilité ; humilité pour les plus forts qui n’ont pas à s’enorgueillir en méprisant les faibles. Ainsi toute la communauté vivra dans la paix.

Un celebre Cellerier (clin d'oeil)