Paroles de la salle du Chapitre – S41

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 10 octobre :

On pourrait parler longuement et s’attarder sur ce douzième degré d’humilité. Degré par degré, saint Benoît nous a esquissé le portrait du moine humble. Et pour couronner l’ensemble, il montre que c’est l’être tout entier du moine qui est pénétré par l’humilité, et cela partout où il se trouve. Ce n’est pas une humilité de façade, mais un état profond, une transformation intérieure qui s’est fait jour après jour, au prix d’un travail de vérité sur soi.

Cette vérité permet alors une grande liberté, non pour s’affranchir de la Règle, et faire ce que l’on veut, mais une liberté vécue comme un affranchissement de toute crainte et une vie dans l’amour de Dieu, car,  selon le mot de saint Jean : « L’amour parfait chasse la crainte » (1 Jn. 4, 18). Et tout cela est l’œuvre de l’Esprit-Saint qui agit dans les cœurs. Cela peut demander beaucoup de temps et de patience car on peut connaitre des retours en arrière. Mais l’Esprit-Saint donne la patience et la persévérance sur ce chemin d’imitation du Christ, le très humble, le parfait obéissant, et dans l’écoute attentive de sa Parole avec sa mise en pratique.

Lundi 11 octobre :

Dans ce chapitre qui ouvre le cycle consacré à l’office divin, on pourrait, bien sûr, s’arrêter sur la répartition des offices et l’importance des vigiles et des matines, office de nuit et premier office du jour. Retenons la note de saint Benoît sur les frères qui ont besoin d’étudier le psautier et les lectures. A l’époque de saint Benoît, et encore longtemps après lui, beaucoup de ceux qui entraient au monastère n’avaient même pas connaissance de la lecture. Ils avaient tout à apprendre. Rappelons-nous le cas d’Herluin dont la journée était rythmée par les offices et le travail manuel, et qui étudiait le psautier pendant la nuit.

Les psaumes étaient la base de l’office divin, de la prière de l’Église, ce qu’ils ont toujours été. Il était important de les comprendre et de s’en pénétrer ; ils sont la Parole de Dieu pour notre vie quotidienne, Parole priée par des générations nombreuses avant Jésus, par Jésus lui-même et ensuite, par toutes les générations de chrétiens jusqu’à nous. Et elle le sera encore bien après nous. Saint Augustin, dans ses commentaires, a des pages très belles sur les psaumes.

En priant les psaumes, nous rejoignons la prière de tous les croyants qui nous ont précédés, de tous les plus pauvres, et surtout celle du Christ lui-même. Dans les psaumes monte la louange, l’intercession, l’espérance de l’humanité. Nous n’avons jamais fini de les découvrir et de nous en émerveiller.

 

Mardi 12 octobre :

Dans l’ordo liturgique, tel que le présente saint Benoît, les Vigiles nocturnes tiennent une grande place et sont un office assez développé. Ceci peut s’expliquer par sa place avant le lever du jour, dans le silence nocturne qui permet une intensité plus forte de la prière, tant que l’on n’est pas repris par les activités de la journée.

Tout le début du chapitre 9 sur l’office de nuit, constitue une invitation à la louange avec le verset qui commence les Vigiles : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange », puis le psaume 94 qui appelle à ouvrir son cœur à la voix du Seigneur. Ensuite, viennent les différentes séquences des psaumes et des lectures.

Le passage de la nuit au jour rappelle la grande Vigile pascale où Jésus sort vainqueur des ténèbres de la mort. Notre vie est un appel constant à sortir des ténèbres du péché pour renaître à la lumière de la grâce. Chaque jour nous entendons et revivons cet appel à vivre de la Vie du Christ ressuscité.

 

Mercredi 13 octobre :

Ce chapitre prolonge le précédent. La louange nocturne doit être adaptée à la saison, les nuits étant plus courtes en été. Aussi, saint Benoît propose de raccourcir les lectures et les répons, mais en insistant sur le maintien de tous les psaumes prévus, car ils constituent la charpente de tout l’office. Ils sont la Parole de Dieu, la prière du peuple de Dieu, depuis Israël jusqu’à nous, en passant par la prière de Jésus.

Par leur diversité, les psaumes expriment la prière de toute l’humanité : louange et supplication. Louange pour la création et pour l’action de Dieu en faveur de son peuple, de l’Église ; supplication en différentes situations de détresse ; méditation sur la Loi de Dieu, sur l’histoire d’Israël avec son Dieu. Aujourd’hui, le peuple de Dieu peut se retrouver dans ces prières héritées du passé, mais correspondant toujours aux situations actuelles que chacun peut connaître. Les psaumes rejoignent notre vie, et par eux, nous exprimons la prière des hommes que beaucoup ne savent pas toujours formuler. C’est pourquoi, nous avons sans cesse à redécouvrir les psaumes qu’à force de répétition nous risquons parfois de prier sans vraiment les habiter.

 

Jeudi 14 octobre :

Les Vigiles du dimanche tranchent par rapport à celles de la semaine. En effet, cet office est beaucoup plus développé ; il y a davantage de psaumes, de lectures et de répons. L’ensemble est marqué par une progression qui culmine avec l’évangile. Celui-ci est précédé par le chant du Te Deum, et suivi par l’acclamation Te decet laus. L’évangile est la parole de Jésus où lui-même est présent.

En même temps, ces Vigiles du dimanche annoncent la résurrection de Jésus, mystère pascal célébré le dimanche. Il y est fait discrètement allusion par l’alleluia chanté avec les cantiques.

Malgré les différences de répartition des psaumes et des lectures, nous pouvons comprendre l’importance du dimanche, jour du Seigneur. Et nous sommes appelés, nous aussi, aujourd’hui, à traiter le dimanche comme un jour spécial ; jour où nous n’avons pas tous les travaux habituels des autres jours. Il y a cependant des services à assurer, mais nous pouvons réserver plus de temps à la lecture, à la Lectio Divina. Nous devons marquer cette pause dans la semaine pour prendre conscience davantage du salut apporté par Jésus ressuscité.

 

Vendredi 15 octobre :

Ce chapitre aborde les laudes du dimanche, appelées matines par saint Benoît. Le dimanche est le Jour du Seigneur, celui de la Résurrection. Cette dimension pascale apparaît clairement dans ce premier office du jour : il se situe de fait au lever du jour avec une correspondance entre ce moment et plusieurs évocations de la Résurrection. Saint Benoît propose le psaume 50 avec alleluia, psaume qui fait passer celui qui le prie de l’abattement dû au péché à la confiance et à la louange pour le salut donné par Dieu : « Ma bouche annoncera ta louange ». Et la suite de l’office devient prière de louange jusqu’à la fin. Autre mention de la Résurrection dans le Benedictus : « le soleil levant qui vient nous visiter », c’est le Christ sortant du tombeau.

Les laudes du dimanche, mais aussi celles des autres jours, sont  une célébration de la Résurrection. Rappelons-nous qu’au tout début de l’Église, on célébrait la Résurrection du Seigneur, chaque semaine, le premier (ou huitième) jour. Puis, le calendrier s’est progressivement constitué.

Ainsi, chaque dimanche, ce qui est vrai pour tous les chrétiens, laissons la vie nouvelle nous pénétrer et nous transformer pour que nous puissions en témoigner.

 

Samedi 16 octobre :

On peut retenir, du début de ce chapitre, cette mention de l’Église Romaine. Bien sûr, la répartition des psaumes peut être adaptée, mais le fait que saint Benoît, à propos des cantiques, précise : « comme le chante l’Église Romaine », montre bien que l’office n’est pas laissé à la liberté de n’importe qui ou de n’importe quelle communauté. Nous appartenons au corps qu’est l’Église. Il y a des normes pour la prière liturgique, la prière officielle de l’Église Romaine pour nous catholiques. Nous avons une mission, nous sommes solidaires du Peuple chrétien. Cette prière commune est un facteur d’unité, de communion. Mais elle est aussi nourrie, vivifiée par la prière personnelle, intérieure.

Il ne suffit pas de répéter machinalement des formules ; nous devons intérioriser les psaumes et les cantiques ; nous devons les habiter, leur donner du sens pour pouvoir célébrer et prier en vérité.

 

Père Claude
Prieur du Bec

Humilité de Jesus