Dimanche 12 septembre :
Saint Benoît rappelle ici une vérité fondamentale : c’est que tous, esclaves ou libres, nous sommes un seul Corps dans le Christ qui fait notre unité. Si chacun de nous est uni au Christ, nous devons forcément être unis entre nous. C’est le baptême qui nous a introduits dans le Corps du Christ qui est l’Église ; c’est notre profession, notre recherche de Dieu, qui sont notre raison commune de vivre en communauté.
Notre meilleure réponse à l’appel du Christ, c’est toutes nos bonnes actions vécues dans l’amour et l’humilité. Amour, car le Christ nous a aimés le premier, et sa volonté est que nous nous aimions. Humilité, car il s’est fait le serviteur de tous ; il s’est abaissé jusqu’à mourir sur une croix, comme un esclave.
Aimer d’une charité égale pour tous, c’est ce qui est demandé à l’abbé, mais aussi à chacun de nous pour que cet amour imprègne toute notre vie, toutes nos relations communautaires.Lundi 13 septembre :
On risque de s’imaginer de l’extérieur que dans les monastères, tous les moines sont déjà des saints, que la journée se déroule de façon parfaitement régulière, tous étant présents à l’office, respectant le silence, les horaires de travail, et tout cela dans une parfaite charité fraternelle… Mais saint Benoît connaît la réalité, et nous la connaissons nous-mêmes car il y a dans les communautés toutes sortes de tempéraments, de caractères. La régularité n’est pas aussi parfaite qu’on le voudrait et les rapports fraternels sont parfois tendus. Bref, nous sommes toujours des hommes ! Et si nous sommes entrés au monastère, ce n’est pas parce que nous étions déjà parfaits, mais parce que nous voulions nous convertir, revenir au Seigneur comme le propose saint Benoît dans son Prologue.
L’abbé doit donc adapter son enseignement, ses conseils à chacun, aidant les plus durs à se corriger, les plus observants à faire de nouveaux progrès. Il doit aussi faire preuve d’amour et de miséricorde, ce qui n’exclut pas la fermeté.
Quant à nous, nous devons reconnaître nos faiblesses, nos manquements et failles, les obstacles que nous mettons à l’amour pour le laisser nous pénétrer et reconnaître que c’est l’amour du Christ qui vient à nous. Laissons-nous être envahis par lui pour qu’il puisse circuler en nous et autour de nous.
Mardi 14 septembre, fête de la Croix glorieuse :
L’abbé est au service du corps entier, du troupeau qui lui a été confié. Mais en même temps, il doit rester attentif à chacun et veiller à l’unité de la communauté, tout en s’adaptant à chacun selon ses besoins : « servant à l’un des encouragements, à un autre des reproches, à un autre des conseils… » Selon saint Benoît, il doit corriger, encourager afin d’aider chacun à progresser et à avoir sa place dans la communauté.
L’abbé participe ainsi à la mission du Seigneur qui a offert sa vie sur la Croix « pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ». Nous sommes appelés à marcher à la suite du Christ, sans nous refermer sur nous-mêmes, mais en restant toujours ouverts à sa volonté.
Mercredi 15 septembre :
Enfin, pour terminer ce chapitre, saint Benoît rappelle que l’abbé doit toujours placer en Dieu sa confiance. Il doit s’appuyer sur la Parole de Dieu d’une façon habituelle, et sur deux paroles en particulier :
« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera surajouté. » et encore celle-ci : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. » Ces textes bibliques parlent d’eux-mêmes.
L’abbé ne doit pas oublier sa première responsabilité, celle d’être un guide pour ses frères, un pasteur d’âmes. C’est de cela dont il aura à répondre. Il doit donc marcher dans la confiance, et nous aussi.
Jeudi 16 septembre :
Dans ce chapitre sur l’appel des frères en conseil, saint Benoît montre l’importance de l’écoute. Chacun peut être amené à donner un avis sur un sujet important, mais avec humilité, sans chercher à imposer de force son point de vue, mais en écoutant celui des autres. La lumière peut venir de points de vue différents, mais complémentaires.
Nous devons reconnaître dans ces partages la présence et l’action de l’Esprit-Saint. Certaines décisions importantes nécessitent une maturation, surtout quand elles engagent plusieurs intervenants. En général, pour ce qui regarde la vie interne de la communauté, la décision finale revient à l’abbé, éclairé par les différents avis qu’il a entendu.
Vendredi 17 septembre :
Au cœur de ce chapitre sur le conseil des frères, saint Benoît rappelle ce principe fondamental : « Que tous donc, en toutes choses, suivent la Règle comme la maîtresse ; que nul n’ait la témérité de s’en écarter. » La Règle est donc la référence pour tous. On ne décide pas ; on n’agit pas selon sa fantaisie. La Règle n’est pas un règlement, un code disciplinaire, mais elle donne une orientation ; elle rappelle le sens de notre vie qui est de suivre le Christ, de vivre selon l’Évangile.
En ce jour où nous fêtons sainte Hildegarde, il est intéressant de rappeler le rayonnement qu’elle a eu à son époque et l’attrait qu’elle exerce encore aujourd’hui, à le fois pour sa vie mystique et pour ses connaissances en de nombreux domaines. Elle a exercé une grande influence dans l’Église de son époque, au XIIe siècle. Elle a fait connaître au clergé et au peuple chrétien ce qui lui était révélé dans sa contemplation mystique. Elle était invitée à prêcher dans les cathédrales et réfuta des erreurs doctrinales. Par ses lettres, elle donnait ses conseils aux princes et aux papes.
Il y eut ainsi, à certaines époques, des femmes remarquables qui ont exercé une influence, un rôle de conseillères dans une société – et c’était aussi le cas de l’Église – dominée par les hommes. Sainte Hildegarde appartient au nombre de ces grandes abbesses qui étaient écoutées à cause de leur sagesse et de leur clairvoyance. C’est bien le signe que l’Esprit-Saint est toujours à l’œuvre dans notre monde.
Samedi 18 septembre :
Ce quatrième chapitre sur ‘’les instruments des bonnes œuvres’’, donne un catalogue d’actions et d’attitudes à réaliser pour vivre concrètement dans l’amour. Le ton est donné dès le début avec le rappel des deux grands commandements : aimer Dieu, aimer le prochain. Ils viennent de la Loi divine. C’est le fondement de la religion d’Israël et ils ont été repris par Jésus.
Certains nous semblent évidents : il va de soi que tuer est contraire à l’amour du prochain et qu’un moine ne peut pas tuer ! Mais tous ces interdits sont une invitation à examiner le fond de nos cœurs. Nous sommes bien d’accord pour aimer, mais ce serait plus facile si tel ou tel frère n’était pas comme il est, ne faisait pas cela, etc…
Certains instruments nous proposent des actes concrets en nous invitant aussi à vérifier si nous sommes sincères dans nos pensées et dans nos actes. Il nous faut demander la lumière de l’Esprit-Saint pour qu’il puisse produire en nous ses fruits de grâce.
Père Claude
Prieur du Bec