Paroles de la salle du Chapitre – S36

Publié le

Catégorie : Vie monastique

Dimanche 5 septembre :

Le Prologue se poursuit en donnant les éléments de la vie du moine. Saint Benoît propose de la bâtir sur le roc, et ce roc, c’est le Christ lui-même, c’est sa Parole, c’est la promesse qu’il a fait à Pierre lorsqu’il l’a choisi comme pasteur de son troupeau.

Le moyen de bâtir sur le roc, c’est de nous convertir, de répondre par nos actes à ses volontés. C’est ainsi que nous obtiendrons la vie vraie qu’il nous promet.

 

Mardi 7 septembre :

Dans le Prologue, saint Benoît a exposé l’enjeu de la vie monastique : revenir à Dieu par l’obéissance à son appel en suivant le Christ pour parvenir, avec lui, à la vie vraie.

Dans ce dernier paragraphe, saint Benoît propose « d’établir une école du service du Seigneur », avec des règles à observer, pas trop dures ni difficiles. Mais il nous avertit qu’il peut y avoir des situations moins faciles, des exigences qui nous obligent à dominer notre nature. Il nous faudra alors renoncer à notre volonté propre et à nous rappeler que nous sommes entrés au monastère pour faire la volonté du Seigneur.

Il ne faudra pas se décourager, mais nous confier au Seigneur dans la prière pour pouvoir partager sa gloire. Lui-même est passé par la croix avant d’entrer dans la gloire de son Père. Accueillir les commandements du Seigneur avec amour nous fait déjà entrer dans la joie de Dieu. C’est tous ces moyens, mis à notre disposition pour atteindre cet idéal, que saint Benoît va développer tout au long de sa Règle. La foi du Christ et notre amour pour lui nous affermirons dans cette marche à sa suite.Mercredi 8 septembre :

Dans ce premier chapitre, saint Benoît décrit les différents genres de moines. Sa Règle s’adresse aux cénobites, ceux qui vivent en communauté. Il mentionne aussi des ermites. L’érémitisme suppose d’avoir été longuement éprouvé par la vie communautaire. Les vrais anachorètes sont donc aguerris pour pouvoir mener seuls le combat spirituel.

Nous n’en sommes pas là, même si la vie communautaire comprend une part de solitude, car chacun doit mener son combat spirituel. Mais l’aide de la communauté est précieuse, indispensable même. D’abord, elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls pour mener le combat spirituel. Ensuite, le service fraternel est une garantie contre le risque de fuite et d’évasion dans une solitude mal assumée. Et la vie communautaire nous permet de mettre en pratique le double commandement du Seigneur : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et ton prochain comme toi-même. »

 

Jeudi 9 septembre :

A l’origine, avant l’institution du monachisme cénobitique, ont existé dans la communauté chrétienne différentes formes de vie ascétique. Il y a eu des ascètes qui vivaient dans leurs familles, à deux ou trois, ou auprès d’une basilique ; ils sont les prédécesseurs des sarabaïtes. De même, il y a eu dans les premiers siècles, des moines pèlerins qui menaient une vie ascétique et authentiquement pauvre. C’est la décadence de ces deux formes de vie qui attire les critiques de saint Benoît dans ce premier chapitre de sa Règle.

Il critique chez les premiers une vie trop facile, « amollie comme du plomb », à l’opposé d’une vie ascétique véritable. Chez les seconds, c’est l’absence d’autorité et de référence qui est visée ; ils échappent à tout contrôle et deviennent ainsi esclaves de leurs caprices.

Indirectement, saint Benoît met en garde les cénobites eux-mêmes, car il peut y avoir en nous du sarabaïte ou du gyrovague. Nous pouvons manquer de volonté, être passifs, nous laisser porter par les autres, par les évènements… Nous pouvons aussi refuser l’autorité pour suivre nos fantaisies, notre volonté propre, et ainsi vivre sans berger. C’est pourquoi saint Benoît nous propose de vivre sous une Règle et un abbé.

 

Vendredi 10 septembre :

On pourrait beaucoup dire sur ce chapitre 2 de l’abbé. De ce début, on peut retenir deux points :

D’abord, saint Benoît souligne que « l’abbé ne doit rien enseigner, constituer ou ordonner en dehors des enseignements du Seigneur ». C’est ce qui est premier pour lui puisqu’il avait proposé, à la fin de son Prologue, d’« instituer une école de service du Seigneur ». L’abbé tient donc le rôle de maître, de guide ; il doit montrer le chemin qui conduit à Dieu par sa parole bien sûr, mais encore par ses actes et son exemple. En cela, il doit imiter le Christ qui s’est fait serviteur de tous.

Le second point, qui découle du premier, c’est l’obéissance des disciples. Cette obéissance n’est pas destinée à un homme quelconque, mais au Christ lui-même, puisque c’est la Loi du Christ, la volonté de Dieu qui est proposée. L’abbé est le serviteur du Christ, il est un simple intermédiaire, un passeur. Sa responsabilité est de faire connaître la volonté de Dieu aux disciples, car c’est elle qu’ils sont venus chercher en entrant dans un monastère.

Il doit donc y avoir accord entre l’enseignement de l’abbé et l’obéissance des disciples, puisque l’un comme les autres recherchent le même but : accomplir la volonté du Seigneur.

 

Samedi 11 septembre :

Dans ce passage, saint Benoît continue de parler de ce qui est demandé à l’abbé, comme d’ailleurs à tout responsable. D’une certaine manière, ce qu’il dit nous concerne tous, car, par notre engagement à la suite du Christ, nous sommes tous appelés à ne pas nous comporter de manière infantile, mais en adultes ; des adultes qui doivent aussi agir dans l’obéissance.

Donc, ce que saint Benoît nous demande, c’est de mettre nos paroles en cohérence avec nos actes. Bien sûr, l’image de l’abbé s’impose, et ce qui est demandé par saint Benoît, c’est de faire ce qui est demandé dans l’évangile d’aujourd’hui (Luc 6, 43-49): écouter sa Parole et la mettre en pratique. Jésus s’adresse à tous ses disciples, à tous ceux qui veulent marcher à sa suite.

 

Père Claude
Prieur du Bec