Homélie :
Chers amis, chers frères et sœurs en Christ.
Aujourd’hui, nous sommes réunis, pour accompagner notre frère Robert qui est parvenu au terme de son voyage et qui a finalement atteint “l’autre rive”, où l’attendaient et l’accueillaient à bras ouverts, ses parents, ses frères et sœurs dans la vie religieuse monastique, tous ceux et celles qu’il a aimés et qui l’ont précédé auprès de Celui qui est le Chemin, la Vérité, et la Vie, « le Seigneur Jésus Christ notre Dieu et notre frère. »
À chaque fois qu’il y a célébration de funérailles, nous sommes surpris et émus par tout ce que peut receler une vie humaine quand elle est regardée de près par les personnes qui la connaissaient et l’aimaient. En fouillant dans les replis secrets de cette vie, l’on découvre des trésors impressionnants de bonté, d’amour et de générosité, de passions et de soucis des autres, trésors parfois à peine connus de certains proches. C’est tout cela qui est mis à jour lors du grand passage ! Au deuil et aux larmes, se mêle alors une profonde reconnaissance pour tout ce qu’a été la personne décédée. Comme me disait une personne à propos de frère Robert : « Comme il nous a aimés ! » « C’était un frère simplement bon, un frère en Jésus. »
Frère Robert est né le 26 octobre 1940 à Macau (Gironde). En avril 1964 il entre à l’abbaye Notre Dame du Bec et fait profession temporaire le 17 juin 1965, en la solennité du Saint-Sacrement. Le 25 juillet 1968, fête de Saint Jacques le Majeur il fait la profession perpétuelle. Le 17 janvier 2024 dans sa 84e année et la 59e année de sa profession monastique, il rejoint la patrie céleste auprès du Père.
Que dire de notre frère Robert ? Je serai incapable de dire et de décrire la simplicité, la joie et la paix qui émanaient de ce frère quand on le côtoyait.
Un sage écrivait ceci : “Ce qui fait la grandeur d’une vie, ce n’est pas nécessairement la grandeur des actions que l’on pose : c’est bien plus la grandeur d’âme et de cœur que l’on met dans ses actions, petites ou grandes”. Ce qui importe vraiment aux yeux de Dieu, c’est la qualité de notre être, l’intensité et la profondeur de notre amour. “À notre mort, nous ne serons pas jugés sur la somme de travail accompli, mais sur le poids de l’amour que nous y aurons mis”.
Nous sommes rassemblés, cet après-midi, dans cette église abbatiale, par respect, par amitié et par amour pour notre frère bien aimé Robert et aussi pour les deux communautés du Bec. Nous sommes réunis à cause de tout ce que nous avons vécu avec notre frère, pendant ces 59 années de vie monastique, à cause aussi de tout ce qu’il nous a laissé de témoignages et de souvenirs.
Nous sommes réunis également, pour la plupart d’entre nous, parce que nous partageons sa foi, parce que nous partageons sa profonde espérance, sa profonde certitude que de l’autre côté de la porte, dans la maison du Père, un amour l’attend, un amour qui le prend et le plonge tout entier dans sa joie et sa lumière.
Nous sommes réunis parce que nous croyons, “que nous sommes tous mortels et qu’au-delà de nos humaines ambitions, de notre bonheur de vivre, de nos amours, il y a autre chose, Quelqu’un qui nous appelle et qui finalement donne un sens à nos vies.”
Aujourd’hui, notre frère Robert n’est plus parmi nous. Il est retourné vers son Père. Il est “tout simplement rentré chez lui, dans la maison de son Père, dans la maison de Dieu.” Il est “passé sur l’autre rive”.
Chers frères et sœurs, vous qui avez eu le privilège et l’immense bonheur de le connaître et de l’aimer, de partager une grande partie de sa vie, vous garderez bien vivant dans votre cœur le souvenir d’un frère profondément humain, fondamentalement bon, très simple. Homme chaleureux, accueillant, joyeux, frère Robert l’était. Homme d’une grande sensibilité, Frère Robert avait gardé son cœur d’enfant et savait s’émerveiller devant les beautés de la nature, devant la vie. Il avait toujours besoin de se réfugier dans son petit coin de solitude pour refaire son énergie, pour retrouver ses forces, pour prier.
Nous nous souviendrons de frère Robert comme d’un grand croyant, d’un grand priant, (le groupe du « Renouveau » de l’abbaye du Bec peut en témoigner), qui a répondu simplement, à cet appel pressant du Christ qui est le chemin, la Vérité et la Vie : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis pour ses frères et sœurs en Christ. » Il se sentait concerné par cette invitation de saint Jean : « Nous devons aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. »
Toute sa vie, il a vécu dans l’amour en gardant profondément inscrit dans son cœur le souvenir de cette très belle parole de l’Évangile : « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites ». Pour lui, un amour vrai, profond, authentique, doit s’exprimer dans des actes quotidiens, dans des gestes concrets comme David dansant devant l’arche du Seigneur, manifestant ainsi son attachement au Dieu d’Israël. « Qui est ma mère et qui sont mes frères et sœurs ? » Demandait le Christ : « Ce sont ceux qui font la volonté de Dieu. »
Il avait compris que seule la Volonté de Dieu, que seul l’Amour donne un sens à ce que nous faisons, à ce que nous vivons. Que Dieu en qui il a cru et qu’il a servi, accueille son fils Robert à bras ouverts et lui fait une place de choix à son banquet éternel. Qu’il s‘entend dire par Celui en qui il a mis toute sa foi et son espérance et qui est le Chemin la Vérité et la Vie : « Viens, toi le béni de mon Père, reçois en partage ce royaume qui t’a été préparé depuis la fondation du monde. Viens prendre part à mon banquet. » Que la terre soit légère à notre frère Robert et qu’il repose en paix. Amen!
Frère Dieudonné
Prieur du Bec