Moine, consacré, chrétien

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‘Moine’ signifie seul ! Toute personne vit une solitude qu’aucune intimité humaine ne peut combler : c’est là que Dieu nous rencontre si nous l’y rejoignons.

Dans les premiers siècles de l’Église toute personne qui s’engage à manifester par le célibat cette consécration à l’orientation essentielle de sa vie pour le Christ est appelée moine, moniale ou vierge consacrée. Il en est encore ainsi dans l’Église d’Orient. En Occident, où l’on privilégie les distinctions, la consécration à Dieu par le célibat se manifeste à travers les fruits de l’Esprit qu’elle porte à la suite de Jésus – dans la chasteté, la pauvreté et l’obéissance – au service de l’Église.

Personnellement, la grâce de mon baptême m’a conduit à comprendre – peu à peu, et non sans détours – comment, sous le regard de Dieu, mes expériences personnelles convergeaient, me traçant un chemin de vie avec Jésus et comme un appel à lui consacrer ma vie totalement.

Je cherchais plus de silence et de solitude en vue de la prière, et me demandais comment  faire de la recherche de Dieu le cœur de ma vie. La Parole de l’Évangile m’a bouleversé et rendu sensible au cœur la présence de Jésus Vivant, Ressuscité. Mon désir rencontra dans l’Église la tradition monastique. ‘Les amoureux sont seuls au monde’, mais un couple qui s’aime vraiment s’engage dans une alliance perpétuelle et devient un foyer qui rayonne. Ainsi aussi mûrit ma relation au Christ.

Notre vie communautaire est comme une roue dont chacun est un rayon : plus chacun se rapproche du centre, qui est Dieu, plus il se rapproche des autres ; plus il se rapproche des autres, plus il se rapproche de Dieu

Des moines vivant seuls se rassemblèrent très tôt en communautés : pour se soutenir dans leur désir de Dieu et apprendre de Jésus à aimer en vérité dans une vie fraternelle vouée à la stabilité dans la Communauté. Un moine unifié disait : «  Notre vie communautaire est comme une roue dont chacun est un rayon : plus chacun se rapproche du centre, qui est Dieu, plus il se rapproche des autres ; plus il se rapproche des autres, plus il se rapproche de Dieu ». Pour nous c’est le premier travail pour l’unité, un passage quotidien de la mort à la vie avec Jésus. Au Bec la vie fraternelle s’enrichit par la présence de Frères et de Soeurs qui partagent la même Règle de Saint Benoît à l’abbaye et au monastère Sainte Françoise : nous vivons une grâce dans l’Eglise où l’homme et la femme deviennent ensemble, dans la louange et la communion spirituelle, image et ressemblance de Dieu.

Le moine, même s’il ne peut se définir par aucune de ses activités, est au service de l’Eglise et de sa mission : il est signe dans l’Eglise et pour le monde de l’attente de la rencontre de Dieu.

Prenons l’image d’un groupe soudé autour de son guide : si après une longue absence, il revient par le train, tous s’organiseront pour l’accueillir et lui manifester leur attachement, chacun selon sa grâce ; et l’on enverra quelqu’un pour l’attendre à la gare ! Dans le Corps du Christ qu’est l’Eglise, les charismes sont nombreux ; celui du moine c’est ‘de se tenir sur le quai’ dans l’attente de la venue du Seigneur qui vient : seul et uni à tous, car envoyé par tous pour manifester l’impatience de la Rencontre, la joie et l’espérance de tous ceux qui la préparent et l’annoncent.

Frère Jean-Marie
Moine du Bec