Journée du 3 mai : Oblature bénédictine, rayonnement ou discrétion ?

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Ce trois mai 2019, treize oblats de l’Abbaye Notre Dame du Bec se sont réunis avec Frère Jean-Marie, délégué par Père Abbé pour représenter la communauté de nos frères moines.

Tous, uniques et différents, ont choisi de consacrer du temps de l’énergie et de l’argent afin de réfléchir ensemble sur la nature et le sens de leur lien de laïcs avec la vie monastique bénédictine.Lors de la cérémonie d’oblature, chacun des oblats s’est offert à Dieu et s’est engagé à la stabilité, à l’obéissance et la conversion à la suite du Christ, de tendre même « à la perfection de la vie chrétienne » par le chemin que propose la règle de saint Benoît.

Une relation dynamique dans un libre engagement d’attachement à la communauté monastique de l’Abbaye Notre Dame du Bec Hellouin.

Comment mettre en parallèle la radicalité de ce don et la vertu de discrétion que saint Benoît présente notamment au chapitre 64 (de l’ordination de l’Abbé) ?

Il ne s’agit pas d’une discrétion telle qu’elle est comprise dans le langage courant de vouloir être perçu comme un confident fiable ou au contraire de craindre d’être remarqué, de déranger.

La discrétion bénédictine vise à suivre l’exemple du saint patriarche Jacob lorsqu’il a voulu respecter le rythme de marche de ses enfants et des femelles allaitantes de ses troupeaux. (Gn. 33,13)

Nous sommes donc avant tout appelés à « adoucir toutes choses si bien que les forts aient quelque chose à désirer, et que les faibles ne prennent pas la fuite. »

Comment le rôle pastoral que peut représenter la relation entre oblats bénédictins et entre les oblats et la communauté des moines peut-il faire témoignage de l’amour que nous recevons du Christ et que nous lui offrons dans notre recherche de Dieu ?

L’étude de la Règle et des saintes Ecritures, la prière des Psaumes, oser des temps de silence, de désert qui ouvrent à une meilleure écoute et au dialogue, toute la vie spirituelle des oblats les oriente vers des œuvres de charité, de service dans une coloration particulière.

Quant à la communauté monastique de l’Abbaye Notre Dame du Bec, héritière d’une tradition millénaire de travail d’articulation entre foi et raison, de dialogue œcuménique et interreligieux, notamment avec nos frères Juifs, comment peut-elle être actualisation de toutes ces richesses ?

Sera-t-elle, avec ses oblats, une figure renouvelée de dynamisme et de ressource pour les chercheurs de Dieu, y compris universitaires ?

Père Abbé rappela à tous les présents à cette journée de réflexion que les moines sont « inutiles, mais précieux ». Le mysticisme de saint Benoît tend à faire envisager la perfection de la vie chrétienne comme l’accueil de la miséricorde de Dieu pour tous ses enfants, dans un renoncement à faire sa volonté propre pour chercher celle du Père qui nous aime, et Lui obéir.

Dans une subversion évangélique, saint Benoît comprend la stabilité non pas comme notre capacité à tenir nos engagements, mais de compter sur la promesse de Dieu lui-même d’être fidèle à son peuple.

Quant à l’effort de conversion de notre cœur au Christ, il ne doit pas être entravé par l’exercice d’une fonction, une prise de responsabilité dans une structure institutionnelle ou une possession matérielle qui nous empêcherait de chercher les réalités d’en haut.
La relation entre les frères et les sœurs de notre communauté, entre les oblats, entre les oblats et la communauté ne se comprend que dans un regard de foi porté dans une relation à Dieu.

Ce sera donc à chacun des participants à cette journée de poursuivre leurs efforts pour rendre fructueux, sinon visible, leur désir de Dieu, dans une communion spirituelle avec nos frères moines qui ouvrira, si Dieu veut, à des actions d’envergures !

 

Pascal BEAUGRAND
Oblat du Bec (O.S.B)