Le chapitre de l’Evangile propre à St Luc que nous ouvrons se rapporte à l’attitude que nous adoptons face à l’argent et aux biens. Le prophète Amos dénonce l’idolâtrie du profit qui endurcit le cœur jusqu’au mépris de Dieu et du prochain. Jésus ne condamne pas l’argent, mais nous averti qu’il est trompeur ; avec aujourd’hui un bref récit imagé, une parabole qui nous touche – car nous sommes tous les intendants de notre vie.
La parabole que nous propose Jésus est volontairement choquante. Elle vise à nous interpeller en donnant comme exemple une situation qui est loin d’être exemplaireMais l’admiration du maître, et celle de Jésus, n’est pas pour l’action injuste du gérant, mais pour le caractère avisé de la réaction immédiate de l’homme acculé, qui le fait passer du gaspillage des biens d’autrui à l’utilisation habile de sa position pour se faire des amis.
Jésus constate que les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière, à nous, à qui il s’adresse. Il nous incite à transposer l’ingéniosité de ceux-ci pour une petite affaire, pour ce qui est extérieur, dans le domaine spirituel du bien véritable, qui est le nôtre : Jésus nous demande de choisir entre devenir esclave de notre âpreté au gain ou nous servir des biens qui nous sont confiés pour trouver la vie dans des relations de confiance en vue de Dieu, dans l’amitié éternelle, dans l’Esprit-Saint.
Permettez-moi de citer un des plus célèbres moines et spirituels russes : Séraphin de Sarov dont la sentence la plus connue est « Le but de la vie chrétienne est l’acquisition du Saint Esprit ». Elle se trouve dans l’entretien de saint Séraphin avec un laïc, Motovilov, qui lui demande : » comment acquérir l’Esprit-Saint ? ».
Le saint lui réponds : « Avant tout dans la prière continuelle tournée vers le Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes : « Jésus Christ Seigneur, prends pitié de moi, pécheur! », avec au cœur la demande utile de recevoir l’Esprit-Saint.
Mais obtenez aussi la grâce de l’Esprit-saint en négociant au Nom du Christ toutes les vertus possibles, faites-en spirituellement le commerce, négociez celles qui vous donnent le plus de bénéfices. Le capital, fruit des bienheureux revenus de la miséricorde divine, investissez-le à la caisse d’épargne éternelle de Dieu aux pourcentages immatériels infinis.
Par exemple, les prières et les veilles vous apportent-elles beaucoup de grâces ? -Veillez et prier. Le jeûne vous en apporte-t-il davantage ? – Jeunez. La charité vous en apporte-t-elle plus encore- Faites la charité.
Considérez chaque bonne action faite au Nom du Christ. Mettez en œuvre les dons qui vous apportent le plus de bénéfices, car dans notre vie chrétienne les bonnes actions les plus gratuites ne doivent pas nous faire oublier notre but : obtenir les fruits surabondants de l’Esprit-Saint. » Ceux que Saint Paul énumère : « La paix, d’abord, la joie, la douceur, la patience, la bienveillance, la miséricorde, l’espérance. Mais surtout l’amitié fraternelle des fils de lumière et la communion au Dieu de Vie et d’Amour.
Frère Jean Marie
Moine du Bec, Osb