Évangile : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » « Je te suivrai partout où tu iras »
Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Homélie :
Chacun de nous « s’il prête l’oreille de son cœur » – comme nous y invite St Benoît dans sa Règle – entend l’appel de Dieu. Comment le discerner et y répondre en liberté et responsabilité ? C’est le chemin que nous trace la Parole de Dieu aujourd’hui.
Dans le sillage de la fête du Sacré-cœur qui nous a fait méditer l’amour fou de Dieu pour chacun de nous, nous accueillons Jésus. Car « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimé en premier » et qui nous appelle. Le signe en est que « son amour nous presse » à travers l’appel à le suivre : Parole de vie venant d’un prophète – comme Élisée à la suite d’Élie ; rencontre de Jésus qui nous rejoint sur notre route et « sa Parole rend notre cœur tout brûlant ».
La marque de l’appel venant de l’amour de Dieu est une disposition intérieure immédiate à le suivre, car il nous rend vraiment heureux : la plupart des réponses positives à l’appel de Jésus dans l’évangile sont marquées par « aussitôt, ils le suivirent » ! Jésus attend cette promptitude de notre part. Notre obéissance à son appel nous rend vraiment libres, de la liberté de l’Esprit qui est l’amour de Dieu répandu dans notre cœur : car son appel nous éveille à notre désir profond et nous met avec Jésus sur le chemin de son accomplissement.
Rejeté par les Samaritains, Jésus « doux et humble de cœur » « est méconnu par ses disciples qui veulent les foudroyer par le feu du ciel, tandis qu’il marche avec détermination vers Jérusalem. Nous sommes appelés à le suivre et il nous avertit de la rudesse du chemin :
Être généreux ne suffit pas. « Je te suivrai partout où tu iras ! » : le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête : il est rejeté de partout ! Accepte-tu la pauvreté avec moi ?
Être appelé ne suffit pas. « Suis-moi ! » mais accepte-tu avec moi l’incompréhension et le rejet ?
« Laisse-moi d’abord… » : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière ne marche pas droit » : accepte-tu avec moi la solitude, il n’y a pas de « oui, mais » dans ma détermination à témoigner de l’amour inconditionnel du Père.
Aujourd’hui, St Luc nous montre Jésus à un tournant de sa mission : l’Heure approche où Jésus en montant à Jérusalem, allait être enlevé de ce monde : ‘enlevé’ par sa mort due à sa fidélité à témoigner de la miséricorde du Père ; ‘enlevé’, car confirmé dans sa mission par sa résurrection dans la gloire du Père.
La lettre de St Paul aux Galates nous donne de discerner la vraie liberté sous la conduite de l’Esprit à la suite de Jésus, et c’est là, après la promptitude de notre réponse, le deuxième critère d’un appel de Dieu : suivre l’Esprit de Jésus c’est renoncer à notre égoïsme, pour vivre nos relations dans l’amour et le respect d’autrui. En retour, Jésus nous donne de goûter que servir Dieu c’est régner avec lui, c’est passer avec lui de la mort à la vie, c’est faire de notre vie une eucharistie.
Frère Jean-Marie
Moine du Bec