Dimanche de Pentecôte : Ouvrons notre cœur à l’Esprit Saint

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La liturgie chrétienne est toujours rencontre entre le mystère de Dieu, le mystère de Son amour pour nous, et l’homme – Sa créature – en quête de bonheur, en continuelle interrogation sur le sens de sa vie.

Notre vie est donc en jeu dans toute célébration liturgique, et tout particulièrement dans celle de la Pentecôte.

Deux questions se posent donc à nous aujourd’hui :

  • Que célébrons-nous à la Pentecôte ?
  • Quels devraient être les effets de cette fête pour nous ?

A la Pentecôte, l’Esprit Saint nous est donné, comme Jésus l’a promis. L’Esprit Saint est le souffle de Dieu, le courant d’amour qui circule entre le Père et le Fils, le passeur incessant de cet amour, qui, insaisissable comme le vent, s’insinue en nous et nous introduit dans la vie trinitaire.

L’Esprit fait donc de nous des créatures nouvelles, des hommes et des femmes qui vivent en Dieu, de Lui, pour Lui. Notre identité de chrétiens ne vient pas d’un comportement moral spécial ou de l’appartenance à une religion particulière ; elle vient de notre baptême dans l’Esprit, qui fait de nous des fils dans le Christ, ses propres membres. Notre identité première est baptismale, et c’est elle qui génère un comportement que l’on peut appeler chrétien, tout cela étant l’œuvre de l’Esprit, dont nous devenons le temple.

Nous pouvons maintenant répondre à la deuxième question : les effets, pour nous, du mystère de notre configuration au Christ ? Aujourd’hui, par le don de l’Esprit, nous sommes ressuscités avec le Christ, recréés en lui. Non parce que l’Esprit nous équiperait de vertus appropriées à notre état ou de charismes nécessaires à notre mission, mais parce qu’il fait de nous tous réunis, le signe vivant, le sacrement du Christ ressuscité. Nous restons bien les mêmes, créatures limitées, faillibles, mais profondément autres, animées du souffle-même de Dieu.

 

Cela doit se percevoir, interroger : Voyez comme ils s’aiment ! Comment peuvent-ils être un ? Pourquoi sont-ils dans le monde, sans en être, tendus vers un au-delà des réalités présentes, mais les vivant comme la préparation à cet au-delà, donc avec autant d’application, de compétence que les autres ? Est-il possible de les suivre, sans sacrifier ce qui fait le prix et le charme de la vie ? Jusqu’où leur foi, leur espérance, leur charité sont-elles acceptables, sans remettre en cause, sans contester notre culture ambiante ?

 

La Pentecôte nous invite donc à opérer un choix, celui de la vie en Dieu ; car si l’Esprit est donné à tous, encore faut-il le désirer, l’accueillir, dire « oui » à son œuvre en nous. Ce « oui » nous engage à le laisser nous éclairer, nous conduire, nous transformer ; et, pour ce faire, à rompre avec tout ce qui entrave notre croissance spirituelle : nos rêves infantiles de richesses, de puissance, d’indépendance, nos illusions sur le bonheur, nos constructions intéressées d’avenir.

Il s’agit, redisons-le, de coopérer à l’œuvre de l’Esprit, car ce n’est pas nous qui pouvons acquérir, mériter la vie de Dieu ; nous devons simplement lui faire la place en nous.
Aujourd’hui, si nous ouvrons notre cœur à l’Esprit Saint, nous allons être habités par une profonde confiance en Dieu qui aime Sa création, désire nous communiquer Sa Vie et veut notre bonheur. Finis les gémissements sur l’actualité, les peurs du lendemain, les remords du passé ! Par contre, nous allons nous engager à semer l’Évangile partout où nous vivons, à en témoigner activement.

Nous nous engagerons aussi dans une prière plus soutenue, régulière, une écoute attentive de la Parole de Dieu. Car l’Esprit nous libère des préoccupations stériles et futiles qui empoisonnent et alourdissent notre quotidien ; il nous rend disponibles aux autres, qui sont la préoccupation de Dieu, les destinataires de Sa grâce.

Redisons, avec la liturgie de ce jour :

Viens, Esprit saint, en nos cœurs                Lave ce qui est souillé,               Assouplis ce qui est raide,
et envoie du haut du ciel                             baigne ce qui est aride,             réchauffe ce qui est froid,
un rayon de ta lumière.                               guéris ce qui est blessé.            rend droit ce qui est faussé.

 

Fr. Paul-Emmanuel
Abbé du Bec