CHAPITRE 45 : DE CEUX QUI SE TROMPENT A L’ORATOIRE.
Dimanche 25 juillet :
Se tromper à l’oratoire peut arriver à tout le monde. Une erreur de lecture parce qu’on voit mal est vite arrivée, d’autant plus qu’on est emporté par le rythme du chant. En soi, ce n’est pas très grave.
Il est plus gênant de n’avoir pas pris la peine de préparer à l’avance ses pages ou ses fiches pour pouvoir chanter ou lire ce qui est prévu. Ce soin est nécessaire pour participer au mieux avec l’ensemble du chœur pour le chant communautaire. Et nous ne sommes plus des enfants risquant d’être fouettés pour de telles fautes, d’autant qu’aujourd’hui, le fouet est interdit !CHAPITRE 46 : DE CEUX QUI COMMETTENT QUELQUE AUTRE FAUTE.
Lundi 26 juillet, fête des saints Joachim et Anne :
Aujourd’hui, l’Église fait mémoire de saint Joachim et sainte Anne, les parents de la Vierge Marie. Ils ne nous sont pas connus par les évangiles, mais par des traditions plus tardives. Ils représentent l’attente des justes d’Israël et préparent la venue du Fils de Dieu parme nous, en donnant naissance à celle qui sera sa mère : Marie. Ils ont donc un rôle particulier en ce sens qu’ils transmettent la tradition d’Israël à Marie et sont ouverts à l’avènement des temps nouveaux.
Les sculpteurs et les peintres ont parfois représentés l’éducation de Marie, petite fille, par Anne sa mère, comme aussi l’ensemble des trois générations : Anne, Marie et jésus enfant.
Récemment, le pape François a fait du dimanche le plus proche du 26 juillet – et pour cette année 2021, c’était hier – la journée des grands-parents. C’est donc reconnaître l’importance des grands-parents pour leurs petits-enfants pour qui ils ont souvent, encore aujourd’hui, un rôle important dans la transmission de la foi. Ils suppléent aussi aux parents souvent débordés par manque de temps pour la formation de leurs enfants. Et même si les parents tiennent bien leur place pour l’éducation de leurs enfants, les grands-parents restent toujours une référence dans la famille avec une place bien particulière.
Dans son commentaire sur ce chapitre 46, Dom Guillaume écrit : « Saint Benoît prévoit deux modalités très différentes pour les fautes : l’une pour les fautes extérieures, et l’autre pour les péchés secrets de l’âme. Pour les premières, il demande que le moine ait la simplicité de s’en excuser devant l’abbé et la communauté, et, si le moine refusait de s’y plier, il devrait être sérieusement repris car alors il serait guetté par l’aveuglement de l’orgueil et la superbe.
En revanche, pour les fautes secrètes de l’âme, saint Benoît demande qu’elles ne soient pas divulguées car ici, c’est le secret qui est de mise. La capacité de garder ce secret est le critère de la qualité d’un véritable père spirituel, avec celui de soigner ses propres blessures et celles d’autrui. »
CHAPITRE 47 : DU SIGNAL DE L’ŒUVRE DE DIEU.
Mardi 27 juillet :
Si, au moment de l’office divin, nous venons avec tout ce qui fait notre vie quotidienne, cependant, c’est d’abord devant le Seigneur que nous nous présentons, et même pour Lui, exclusivement. Que nous soyons chargés pour l’office d’une fonction particulière : lecture, intonation ou autre, ou simplement chanter en chœur, nous devons nous tenir devant la Majesté divine avec humilité, gravité et saisissement de l’âme. Nous sommes ainsi saisis d’une crainte révérencielle, crainte pleine de respect envers Dieu. Et ce respect qui habite celui qui chante ou qui proclame la Parole, doit se communiquer à toute l’assemblée. L’assemblée en est alors édifiée ; elle se construit comme communauté, comme une Ecclesia sous l’action de l’Esprit Saint.
Dans son commentaire sur ce chapitre, Dom Guillaume remarque qu’il y a une distinction à faire «entre ce qui dépend de nous et ce qui nous est confié […] Chaque époque accentue tel ou tel aspect. Ainsi, durant de nombreuses années, a-t-on mis plutôt l’accent sur la tâche confiée. Cela fonctionnait bien dans de grandes communautés très structurées. En revanche, depuis que nos communautés se réduisent en nombre, on fait davantage appel à l’initiative individuelle. Alors qu’auparavant, on mettait en avant le fait que chacun fasse strictement ce qui lui était confié, on s’attend aujourd’hui à ce que chaque frère prenne davantage d’initiative.
Question d’époque, question de génération, question de besoin, mais aussi question d’éducation. Les plus jeunes sont habitués à réagir, sans attendre qu’on le leur demande, alors que les plus anciens auraient tendance à attendre que le responsable s’en charge. Le problème, c’est de ne pas juger trop vite : ne pas juger celui qui ne fait rien comme un incapable, et ne pas accuser celui qui prend des initiatives, de manquer d’humilité ! Un équilibre difficile à trouver ! »
CHAPITRE 48 : DU TRAVAIL MANUEL QUOTIDIEN.
Mercredi 28 juillet :
Il faut d’abord retenir de ce chapitre la phrase d’introduction de saint Benoît : « L’absence de labeur est ennemie de l’âme. » La vie monastique n’est pas une vie oisive, ni de vagabondage à droite ou à gauche ; c’est pourquoi saint Benoît prévoit un temps pour le travail manuel et un temps pour la Lectio divina ou lecture biblique. Et il répartit ces temps dans une journée rythmée par les différents offices.
Lorsque notre atelier de céramique occupait un bon nombre de frères, le temps de travail manuel était bien marqué l’après-midi, le temps de lecture, ou même de cours pour les études étant réservé surtout en matinée. Aujourd’hui, en fonction des responsabilités diverses de chacun, l’équilibre à trouver peut être différent de l’un à l’autre des frères. Mais nous ne devons jamais perdre de vue le service communautaire, auquel s’ajoutent les services liés à l’accueil et les divers travaux de la maison. Ceci entraîne une répartition du temps plus variable, mais demande aussi un plus grand effort pour respecter les temps de travail, les temps de lecture, les services communautaires et les offices prioritaires.
Saint Benoît conclut cette première partie de son chapitre ainsi : « Mais que tout se fasse avec mesure, à cause des faibles. » Nous savons que plusieurs d’entre-nous ne peuvent plus travailler autant qu’autrefois. Mais même quand les forces diminuent, certains, même très âgés, continuent d’assurer des services suivant leurs moyens. Nous avons toujours l’exemple de nos anciens qui ont été fidèles jusqu’au bout.
Jeudi 29 juillet, fête des saints Lazare, Marthe et Marie :
Dans la suite du chapitre sur le travail, saint Benoît insiste sur les temps consacrés à la lecture, avec une plus forte insistance à propos du carême. La lecture est vitale au même titre que le travail manuel qui permet à la communauté de pourvoir à sa subsistance.
On peut faire un rapprochement avec l’épisode évangélique de Marthe et Marie : on a souvent opposé les deux sœurs, en privilégiant l’une par rapport à l’autre suivant qu’on se considère comme actif ou comme contemplatif. C’est une mauvaise lecture à faire : on ne doit pas considérer Marthe comme le type de la vie religieuse active, et Marie comme celui de la vie contemplative. N’oublions pas qu’elles sont sœurs, unies par l’amour fraternel et par l’amour qu’elles portent, l’une et l’autre au Seigneur. Jésus a besoin de l’amour de l’une comme de celui de l’autre.
Il n’y a donc pas antagonisme entre elles, comme dans l’Église, mais complémentarité. Chaque baptisé, qu’il soit laïc ou religieux, porte en lui l’une et l’autre sœur, car l’accueil de Jésus consiste à le servir et à l’écouter. S’il vient à nous, c’est pour nous dire tout l’amour de son Père en nous appelant à toujours le reconnaître dans l’autre, surtout en celui qui a besoin de notre aide, de notre service, de notre accueil. Jésus nous rejoint dans sa Parole et dans le sacrement du frère. Nous ne pouvons pas les séparer. C’est pourquoi il nous faut respecter cette alternance entre le temps de la lecture-contemplation et celui du travail, qui sont complémentaires.
Vendredi 30 juillet :
Pour la fin de ce chapitre, deux points sont à retenir : d’abord la sanctification du dimanche, car outre les services nécessaires à assurer, la priorité est donnée à la lecture. Il s’agit, bien entendu, de la lecture de la Parole de Dieu et des commentaires qui peuvent s’y rapporter.
Ensuite, saint Benoît tient compte des aptitudes de chacun pour lui donner une occupation qui lui soit adaptée. Il y a ceux qui ne peuvent méditer ni lire et à qui l’on donnera un travail pour leur éviter l’oisiveté. Il y a les malades et les faibles à qui l’on donnera une occupation proportionnée à leur état. C’est l’un des traits de la Règle bénédictine qui propose un idéal, un chemin avec le Christ vers Dieu, mais en tenant compte des aptitudes et des faiblesses de chacun.
CHAPITRE 49 : DE L’OBSERVANCE DU CARÊME.
Samedi 31 juillet :
Parler de carême en cette période de l’année peut sembler décalé, surtout quand c’est la période de vacances pour beaucoup de nos concitoyens. Et pourtant, saint Benoît commence ce chapitre par cette phrase : « Bien qu’en tout temps la vie d’un moine doive présenter une observance de carême… » Il développe ensuite toutes les pratiques du carême qu’on peut rapprocher des trois points de l’évangile du mercredi des Cendres : aumône, prière et jeûne. Si on les considère dans un sens large et non restrictif, on se rend compte que ces pratiques touchent les chrétiens dans leur ensemble, et ne se limitent pas au carême.
Dans l’aumône, on peut voir la charité fraternelle et le service du prochain. La prière qui vient du cœur est la source qui entretient notre relation à Dieu et anime toute notre vie spirituelle. Quant au jeûne, c’est la distance à prendre par rapport à la consommation et à l’usage des biens matériels ; c’est la maîtrise de soi. Cela ne veut pas dire qu’on doive de priver de tout, mais qu’il faut garder de la modération en toute chose.
En ce sens, on peut dire, avec saint Benoît, que c’est toute la vie qui doit présenter une observance de carême. Cette pratique n’est pas faite pour nous brimer mais, au contraire, pour nous libérer ne nos attaches possessives et nous donner la joie par une relation vraie avec Dieu et avec le prochain.
Père Claude
Prieur du Bec