CHAPITRE 65 : DU PRIEUR DU MONASTÈRE.
Dimanche 22 août :
Au début de ce chapitre, saint Benoît évoque des situations de conflit lorsqu’il y a une double autorité dans un monastère. C’est le cas où le prieur est nommé par ceux qui ont déjà nommé l’abbé. Cette situation est source de conflits et de rivalité, car c’est comme s’il y avait deux têtes pour la communauté, ce qui entraîne une division entre ses membres. Et c’est alors la mort spirituelle de la communauté remarque saint Benoît.
C’est aussi la porte ouverte à la volonté de puissance, chacun des deux ‘’supérieurs’’ voulant s’affirmer au détriment de l’autre. Le prieur oublie qu’il est soumis à l’abbé, lequel est cru tenir la place du Christ et est au service de l’unité du corps entier de la communauté. Il oublie qu’il s’est engagé à suivre le Christ en renonçant à sa volonté propre.
S’il est coupable d’orgueil et divise la communauté, saint Benoît reconnaît que les premiers responsables sont les auteurs de ces nominations. C’est pourquoi saint Benoît propose que le prieur soit choisi et nommé par l’abbé lui-même.Lundi 23 août :
Pour éviter ce risque d’un conflit entre l’abbé et le prieur, saint Benoît conseille – et c’est le bon sens – que l’abbé choisisse lui-même son prieur. Et celui-ci devra suivre les décisions et la volonté de l’abbé.
Mais même dans ce cas, le prieur devra veiller à ne pas se laisser tenter par l’orgueil et, au pire, par la désobéissance et la rébellion. Il y a là un combat spirituel qui concerne aussi chacun, quels que soient notre place et nos responsabilités. Et ce combat est à reprendre chaque jour. L’orgueil, l’envie, la jalousie peuvent surgir n’importe quand, pour n’importe cause ou incident ! Notre esprit et notre cœur doivent toujours être en état de vigilance pour garder l’humilité et la paix.
CHAPITRE 66 : DES PORTIERS DU MONASTÈRE.
Mardi 24 août :
Ce chapitre pose la question du rapport du moine avec le monde, du rapport de la communauté avec les personnes de l’extérieur. Cette question ne se pose plus de la même façon aujourd’hui qu’au temps de saint Benoît. Mais le fond reste le même dans la mesure où, voulant suivre le Christ de manière exclusive, nous avons quitté le monde. Mais, même ayant fait ce choix, nous continuons d’appartenir au monde du simple fait de notre existence humaine et de ses différents besoins : nourriture, vêtement, santé, administration, etc…
D’abord les personnes extérieures viennent à nous et, dans notre cas, ce n’est pas seulement le portier qui les accueille. Il y a donc des contacts pour les uns ou les autres, suivant nos différentes responsabilités. Nous sommes aussi aidés pars des laïcs, salariés et bénévoles, et devons en rendre grâce.
Seulement, nous devons toujours garder une certaine réserve dans nos relations avec les personnes que nous rencontrons ; d’abord, par respect pour elles, et ensuite, par respect pour nous. Nous devons préserver notre espace de clôture avec nos temps de silence si nécessaires pour notre vie intérieure. C’est un témoignage que nous devons donner aux hôtes, à nos employés et bénévoles, aux visiteurs, à tous ceux qui viennent au monastère. Un trop grand relâchement poserait question à bien des personnes.
Et saint Benoît ajoute que nous devons relire la Règle pour en vivre. L’ignorance ne serait pas une excuse.
CHAPITRE 67 : DES FRÈRES QUI PARTENT EN VOYAGE.
Mercredi 25 août :
Dans ce chapitre, il est question des frères absents. Il peut nous arriver à tous de nous absenter pour différentes raisons, tout à fait légitimes. Saint Benoît précise que tout voyage doit être précédé et suivi de la prière de la communauté.
Autrefois, les voyages pouvaient être longs, dangereux même, et l’on éprouvait peut-être plus naturellement que maintenant le besoin de se confier à la prière des frères. Aujourd’hui, les sorties sont plus faciles, donc plus banales, et par conséquent pas toujours justifiées. Et le fait de se confier à la prière des frères peut être ressenti comme moins nécessaire.
Pourtant, le fait de s’absenter n’est pas anodin. Même en dehors du monastère, nous restons membre de la communauté ; nous la représentons à l’extérieur. Nous devons donc demeurer en conformité avec notre état de vie, sans la mettre entre parenthèse pendant le temps de nos absences. Pour ceux qui restent au monastère, l’absence d’un frère est ressentie comme un manque et nous faisons toujours mémoire des absents à la fin de l’office. Mais le faisons-nous consciemment ou bien machinalement ? On ne devrait jamais s’habituer à une absence ; le frère absent demeure membre du corps de la communauté à part entière. Même si l’on sait qu’il a une raison tout à fait valable, ou officielle ou nécessaire, il reste en lien avec la communauté et son retour est attendu.
CHAPITRE 68 : SI L’ON COMMANDE À UN FRÈRE DES CHOSES IMPOSSIBLES.
Jeudi 26 août, solennité de saint Herluin :
Ce chapitre prolonge celui de l’obéissance dont il traite dans les cas limites, les cas où « l’on commande à un frère des choses difficiles ou impossibles ».
La bonne attitude n’est pas de réagir violemment, mais de dialoguer avec le supérieur pour examiner calmement la situation. Le supérieur peut alors considérer les raisons invoquées, et modifier son ordre. Il peut aussi le maintenir pour des raisons qui, peut être, échapperont encore au disciple, mais qui, par la suite, se révéleront fondées.
On peut toujours se rappeler les exemples des anciens qui ont obéi sans toujours savoir où cette obéissance les conduirait. C’est après coup, et parfois longtemps après, que l’on découvre les fruits de cette obéissance.
Après Abraham et tant d’autres avant lui, Herluin a obéi à l’appel de Dieu sans savoir où il allait. Il s’est référé aux avis de l’Église dans la personne des évêques du voisinage ou des abbés d’autres monastères. Et il en a été conforté dans son projet qui pouvait d’abord paraître comme une folie. Il a mis sa foi en Dieu qui l’a conduit vers l’inconnu, et son obéissance a porté le fruit que nous savons.
CHAPITRE 69 : QUE NUL DANS LE MONASTÈRE NE SE PERMETTE D’EN DÉFENDRE UN AUTRE.
Vendredi 27 août :
Dans ce bref chapitre, ce qui est rappelé par saint Benoît, c’est la promesse que nous avons faite de suivre le Christ. La « Sequela Christi », c’est-à-dire la « suite du Christ », implique le renoncement à toutes les attaches familiales. Nous retrouvons plusieurs fois dans l’évangile cette recommandation de Jésus : « Quiconque aime son père, sa mère, ses enfants…, plus que moi, n’est pas digne de moi » ; ou bien la promesse du centuple faite aux apôtres. Ce sont tous ces textes de l’évangile qui sont en arrière-fond de ce chapitre.
On comprend facilement que si on laisse les liens humains prendre le dessus, il peut en surgir des conflits, des zones d’influence rivales, des divisions dans la communauté. Tout en étant voués au service du Seigneur, nous restons des humains. Il nous faut donc remettre devant le Seigneur tout ce qui peut nous détourner de la priorité que nous avons promise.
CHAPITRE 70 : QUE NUL NE SE PERMETTE D’EN FRAPPER D’AUTRES.
Samedi 28 août, fête de saint Augustin :
Dans tous ces derniers chapitres de la Règle, saint Benoît insiste sur un ensemble d’attitudes qui sont liées les unes aux autres et sans lesquelles il n’y a pas de vie fraternelle authentique. Chacun doit être à sa place en restant dans l’humilité ; c’est la garantie d’une bonne harmonie et d’une véritable unité dans la communauté.
Ainsi, nul ne peut se permettre, de son propre chef, de corriger un autre frère. La correction appartient à l’abbé ou à celui qui en a été chargé, mais toujours avec mesure et discrétion. Il faut, sur ce point, se référer aux chapitres 23 et suivants. Se faire juge de son propre chef est une manifestation d’orgueil qui peut entrainer des tensions, voire des divisions. Or saint Benoît exorte à l’humilité qui doit pénétrer tous nos rapports mutuels. C’est la condition d’une charité authentique. Obéissance, humilité, douceur, respect mutuel, discrétion, toutes ces qualités sont nécessaires et favorisent un climat de paix. En ce jour, nous pouvons écouter saint Augustin qui a pratiqué la vie communautaire et n’a cessé d’enseigner l’amour fraternel qui a sa source dans l’amour de Dieu.