Commentaires de la Règle de saint Benoit – S12

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 39 : DE LA MESURE DE NOURRITURE.

Dimanche 18 juillet :

Sur ce chapitre, il y a peu de choses à dire. Nous avons une sécurité puisque nous ne manquons pas , ayant plusieurs repas assurés chaque jour. Mais nous devons cependant veiller à une certaine discipline vis-à-vis de la nourriture, en respectant les heures des repas et leur aspect communautaire.

Saint Benoît recommande d’éviter l’excès. Autrement dit, il nous faut garder une certaine retenue dans la nourriture. Le repas est aussi un partage ; il suppose donc une attention à nos voisins, même si nous restons en silence. Et puis, nous devons toujours nous rappeler que nous sommes favorisés et que dans le monde, et même pas loin de nous, il y a beaucoup de gens qui manquent du nécessaire, comme les foules dont Jésus a eu pitié et auxquelles il a donné en nourriture sa Parole et le pain.CHAPITRE 40 : DE LA MESURE DU BOIRE.

Lundi 19 juillet :

Ce chapitre aborde une question qui est parfois sensible. Saint Benoît recommande la modération dans l’usage du vin, car l’excès a toujours les mêmes effets, quelle que soit l’époque, au temps de saint Benoît comme au nôtre ; et avouons que les récriminations en ce domaine, pour des motifs pas toujours très nets, sont une forme de murmure, ce que saint Benoît condamne fermement. Il nous invite, au contraire, à bénir Dieu avant tout, que l’on soit dans le manque ou la pauvreté ; et bien entendu, lorsque nous avons le nécessaire, en nourriture, en boisson, ou pour toute autre chose. On se rappellera les paroles de saint Paul : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu ». (1 Cor. 10,31).

 

CHAPITRE 41 : A QUELLES HEURES SE PRENNENT LES REPAS.

Mardi 20 juillet :

L’horaire des repas chez saint Benoît tient compte des différentes heures du jour : « Que tout se termine à la lumière du jour ». A notre époque, les conditions ne sont plus celles de la sienne, et l’essentiel est de respecter l’alternance des nuits et des jours ; le jour étant le temps de l’activité et des travaux ; la nuit celui du recueillement et du repos. La nuit est le moment où, ayant tout remis entre les mains de Dieu, nous le laissons agir lorsque vient le soir. C’est ce que nous dit le psaume 126 : « Il comble son bien-aimé qui dort ».

Et lorsqu’on dit : « que tout se fasse à la lumière du jour », c’est aussi comprendre que nous devons vivre continuellement en présence de Dieu et sous son regard.

 

CHAPITRE 42 : QUE PERSONNE NE PARLE APRES COMPLIES.

Mercredi 21 juillet :

Au chapitre précédent, concernant l’heure des repas, saint Benoît recommandait que tout se passe à la lumière du jour, le jour est en effet le temps des activités humaines, des relations.

Quand vient la nuit, on entre dans le silence. Déjà, il suffit d’observer la nature où le calme s’établit avec la fin du jour. Au temps de saint Benoît, il n’était pas nécessaire d’imposer un couvre-feu ; les hommes, tout naturellement, achevaient leurs travaux et leurs activités  à la tombée de la nuit.

Pour le moins, ce temps est le moment où, grâce au silence qui s’installe, on entre plus intimement en relation avec le Seigneur. Et les Complies marquent cette entrée dans le silence de la nuit qui s’achèvera le lendemain avec le verset du psaume : « Seigneur, ouvre mes lèvres… », qui introduit le premier office de la journée.

Dans la Bible, la nuit est souvent le moment des grandes actions divines. Nous en avons un exemple avec la nuit de l’Exode et la traversée de la Mer Rouge. Cet événement annonce la nuit pascale avec la résurrection de Jésus. Mettons donc à profit ce temps précieux qui nous est offert.

 

CHAPITRE 43 : DE CEUX QUI ARRIVENT EN RETARD A L’ŒUVRE DE DIEU OU A TABLE.

Jeudi 22 juillet :

Ce matin, c’est Dom Guillaume qui donne le commentaire d’après son livre : Ta lumière sur ma route.

« Dans la vie monastique, il existe des phases successives qui révèlent une certaine dynamique intérieure, secrète et cachée. Et ainsi en est-il de la place du service de Dieu. Celui qui ne souscrirait pas à ce que dit saint Benoît, « rien ne sera préféré à l’office divin », n’aurait rien à faire dans une communauté monastique […]

sait bien que si le moine dure dans la difficulté, s’il persévère quand l’office devient un pensum, s’il ne préfère rien à l’œuvre de Dieu, il sait qu’un jour, le mystère de la prière va enfin s’éveiller en lui. Saint Benoît veut nous éviter de manquer une grâce, de passer à côté de la chance de notre vie ; il veut nous offrir la chance de cette extraordinaire expérience de la Parole qui lève en nous, comme un grain longtemps enseveli et qui pointe enfin son bourgeon vers le ciel. Alors les psaumes se mettent à chanter un autre chant : le chant de l’Esprit s’élèvera des profondeurs de notre terre et la pluie de la grâce fera germer la semence. »

 

Vendredi 23 juillet :

« Que rien ne soit préféré à l’œuvre de Dieu ». L’œuvre de Dieu, l’Opus Dei, c’est l’office divin qui a une place centrale dans la vie du moine, dans la vie de la communauté. Il en résulte une attitude intérieure de respect et d’humilité envers Dieu. Nous sommes en communauté pour la célébration du mystère du Christ dès que nous sommes rassemblés en son nom. Et l’exactitude doit exprimer notre conscience de cette présence de Dieu lorsque nous nous rassemblons.

Cette recommandation s’étend aussi pour les repas qui sont, comme pour les différents offices, pris communautairement. En effet, le repas est précédé et suivi de la prière commune qui accentue son caractère quasi liturgique. Il faut donc être ensemble dès le début et jusqu’au signal final donné par le supérieur. Comme pour l’office divin, nous devons avoir, là aussi, conscience de la présence du Seigneur au milieu de nous. Notre respect pour l’exactitude est dû au Seigneur lui-même comme aux frères qui ensemble, forment le corps du Christ.

 

CHAPITRE 44 : DE CEUX QUI EXCOMMUNIÉS, COMMENT ILS DOIVENT SATISFAIRE.

Samedi 24 juillet :

     Dans ce chapitre sur la satisfaction d’un frère excommunié, on perçoit l’usage ancien de la réconciliation progressive des pêcheurs, notamment des pêcheurs publics. Le pénitent était admis de nouveau dans la communion de l’Eglise par étapes. Cela se déroulait souvent pendant le Carême et, après plusieurs étapes, il était réconcilié au cours de la Semaine Sainte.

Aujourd’hui l’excommunication d’un coupable et son rétablissement dans la communauté sont rares, mais ce processus devait moins surprendre au temps de saint Benoît. Il n’en reste pas moins que nous pouvons nous écarter de la Règle et nous séparer de quelque manière de la communauté ! Il nous faut alors revenir dans le bon chemin. Mais comme le signale saint Benoît, le pêcheur est soutenu par la prière et la charité de la communauté. Et c’est toujours dans le cadre de la prière que se fait la réintégration.

 

Père Claude
Prieur du Bec