Commentaires de la Règle de saint Benoit – S11

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 33 : SI LES MOINES DOIVENT AVOIR QUELQUE CHOSE EN PROPRE.

 

Dimanche 11 juillet : Solennité de saint Benoît.

En cette fête de saint Benoît, ce chapitre nous rappelle une exigence capitale de la vie du moine : le renoncement et le détachement. En nous engageant à suivre le Christ pauvre, obéissant et totalement donné, nous mettons en lui tout notre amour. Nous lui accordons la première place, toute la place, ce qui suppose le renoncement à toute propriété matérielle comme à sa propre volonté.

Renoncer aux biens matériels, c’est accepter de vivre dans la dépendance, de recevoir d’un autre ce qui nous est nécessaire et de retrancher le désir du superflu. Nous avons toujours tendance à chercher des sécurités par peur de nous abandonner totalement au Christ. Ce renoncement est exprimé dans l’évangile de cette fête (Mat.) où Jésus promet la vie éternelle à celui qui renonce à tout bien et relation légitimes pour s’attacher à lui totalement.

CHAPITRE 34 : SI TOUS DOIVENT RECEVOIR UNIFORMEMENT LE NECESSAIRE.

Lundi 12 juillet :

Ce chapitre est le complément du précédent, lequel condamnait le vice de la propriété et la tendance à l’appropriation, ce qui est contraire à la marche à la suite du Christ. En effet, Jésus nous demande de tout quitter pour le suivre.

Mais il est quand même nécessaire de disposer de certaines choses pour la vie courante. Seulement, on les demandera à celui qui en est chargé. Les besoins varient selon chacun, et nous n’avons ni à nous comparer avec notre prochain, ni à nous enorgueillir de nos moindres besoins. L’essentiel est de garder la paix en toute chose.

Et Dom Guillaume(1) ajoute : « Saint Benoît, reprenant un passage de l’Ecriture (Ac. 4, 32 s.), remarque que les besoins de chacun sont différents, et qu’il faut donc en tenir compte. Mais alors, comment éviter ce mal du murmure qui peut détruire la communauté la plus unie et la plus solide ? […) L’unique solution que propose saint Benoît, c’est l’action de grâce et l’humilité, qui sont en fait une seule et unique chose. En effet, seule l’humilité peut rendre grâce, car elle sait que tout vient de Dieu, même la santé et la force. Et seule l’action de grâce  peut conduire à l’humilité, car elle sait non seulement se réjouir du don de Dieu, mais aussi compatir à la faiblesse d’autrui. »

 

  • ‘’Ta lumière sur ma route’’ Commentaire de la Règle de saint Benoît par Dom Guillaume Jedrzejczak, abbé émérite de la trappe du Mont-des-Cats. Editions Salvator, Paris 2021 p. 134 et 135

 

CHAPITRE 35 : DES SEMAINIERS DE LA CUISINE.

Mardi 13 juillet :

Ce chapitre concerne les activités et services qui touchent la cuisine et, d’une façon générale, les repas.

Aujourd’hui, la situation varie en fonction de chaque monastère et communauté, surtout dans la mesure où la cuisine est assurée par un laïc, ce qui est le plus fréquent aujourd’hui, que la préparation des repas soit faite sur place ou à l’extérieur. Il n’en reste pas moins que nous sommes tous concernés, soit par les services de table ou de vaisselle, assurés par les frères désignés pour la semaine, soit par l’essuyage de cette vaisselle et son rangement. Même si cela ne prend pas un temps très long, c’est l’occasion de participer ensemble à un service commun.

Saint Benoît élargit cette attention mutuelle à d’autres tâches, en fonction des besoins : « Que tous les autres se servent mutuellement, sous la loi de la charité ».

Le geste du lavement des pieds – devenu maintenant exceptionnel – fait référence au geste de Jésus s’agenouillant pour laver les pieds de ses apôtres. C’est le signe de la charité, vécue en communauté. Il est associé à l’eucharistie et au repas communautaire. A travers ces gestes, il est signifié que notre vie doit former une totalité : la liturgie est inséparable des activités de la vie quotidienne, aussi diverses soient-elles.

 

Mercredi 14 juillet :

Le lien entre le service de la cuisine et de la table avec la liturgie, apparaît nettement avec le geste du lavement des pieds qui rappelle lui-même la liturgie du Jeudi Saint. Il donne ainsi à tous les repas un caractère pascal.

Ce caractère pascal apparaît encore avec le rituel qui accompagne le changement de charge hebdomadaire qui se fait après les matines du dimanche : bénédiction de ceux qui sortent de semaine, et bénédiction de ceux qui leur succèdent. La communauté accompagne ainsi les frères qui sont de service, d’abord par la prière, puis par son attention et sa charité au cours de toute la semaine.

Au réfectoire, nous ne pouvons pas nous comporter à la manière du monde lorsque nous sommes à table, mais accueillir ce qui nous est offert comme un don de Dieu, et avec respect pour les frères qui préparent les repas et pour ceux qui servent ; ceux-ci étant attentifs aux uns et aux autres. Il est bon de nous rappeler cela afin d’éviter tout ce qui pourrait nuire au climat de respect et de calme pendant les repas.

 

CHAPITRE 36 : DES FRERES MALADES.

Jeudi 15 juillet :

Ce chapitre sur les malades fait référence à la parabole du jugement dernier, comme le montrent les deux citations de Matthieu 25 (v. 36 et 40) au début du texte. Saint Benoît nous dit que « les malades doivent considérer que c’est pour l’honneur de Dieu qu’on les sert » ; c’est juste, mais ce n’est pas d’abord pour cela. La première raison est bien sur leur état, un état qu’ils n’ont pas choisi, et qui requiert des soins appropriés. La médecine d’aujourd’hui a évolué depuis 15 siècles !

Et puis, chaque malade est un cas particulier. Sa maladie n’est pas celle du voisin, et certains patients peuvent être déroutants, nous le savons bien, car les caractères ne sont pas non plus les mêmes. Cela requiert une grande patience de la part de ceux qui sont à leur service, et en même temps une certaine fermeté pour qu’ils suivent les prescriptions médicales.

Le frère responsable de l’infirmerie assure les prises de rendez-vous médicaux, les déplacements à la pharmacie et autres suivis. Il le fait avec beaucoup de disponibilité. Nous pouvons l’informer de nos besoins et demandes, mais toujours avec patience et délicatesse.

Surtout, saint Benoît recommande la charité, particulièrement envers les frères malades, par une grande attention à leur état, par des visites régulières et par toute l’aide dont ils ont besoin. Nous n’en aurons jamais fini avec la charité qui doit s’exercer dans tous les sens, et entre tous.

 

CHAPITRE 37 : DES VIEILLARDS ET DES ENFANTS.

Vendredi 16 juillet :

Aujourd’hui, dans les monastères, il n’y a plus d’enfants comme c’était le cas du temps de saint Benoît, puisque des familles pouvaient offrir leur fils à un monastère comme oblat; les enfants étaient alors éduqués dans l’abbaye.

A l’opposé, de nombreuses communautés sont, aujourd’hui, concernées par la vieillesse ! Mais sa définition est relative, car certains anciens, très âgés, peuvent encore suivre le régime commun, alors que d’autres, plus jeunes, ne le peuvent que difficilement en raison de leur santé précaire. Ce que veut dire saint Benoît, c’est que la Règle n’est pas une structure rigide ni écrasante, mais qu’elle tient compte des personnes. Saint Benoît est très humain, et comprend les aptitudes et les faiblesses de chacun. La miséricorde est toujours présente dans sa Règle, et cette attention portée aux plus faibles, doit être exercée par tous.

 

CHAPITRE 38 : DU LECTEUR DE SEMAINE.

Samedi 17 juillet :

Le verset qui ouvre la semaine de lecture au réfectoire est qui est dit dans l’oratoire, est celui qui ouvre la louange matinale au début de la journée : « Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange ».

La lecture au réfectoire est ici mise en rapport avec l’Opus Dei. Avec les prières qui l’encadrent et la lecture qui l’accompagne, le silence qui doit être respecté, le repas prend ainsi un caractère liturgique. On le rappelle souvent, il y a une continuité entre l’office ou l’eucharistie, célébrés avant les repas, et le repas lui-même. C’est pourquoi, il est important qu’il n’y ait pas de rupture entre ces deux actes, l’office et le repas, mais qu’un climat de recueillement durant l’intervalle nous permette de passer de l’un à l’autre sans rupture ni dispersion.

 

 

Père Claude
Prieur du Bec