Commentaires de la Règle de saint Benoit -S3

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Catégorie : Vie monastique

Dimanche 16 mai :

Ce qui doit guider l’abbé dans l’exercice de sa charge, c’est la foi. Il est chargé de guider ses frères vers Dieu, vers la vie, de les stimuler dans la foi par l’exemple qu’il donne lui-même. Les citations de l’Ecriture que donne saint Benoît vont dans ce sens : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera surajouté (Mt. 6,33) » et : « Rien ne manque à ceux qui le craignent (Ps. 34,10) ».

De même que l’abbé est considéré comme tenant la place du Christ dans le monastère, comme saint Benoît le dit au début de ce chapitre, il s’inspire aussi du Christ. Dans l’évangile de ce dimanche (Jn. 17,11-19. Evangile du 7e dimanche de Pâques, année B), Jésus dit qu’il garde ceux que le Père lui a donnés pour les lui remettre, pour les sanctifier. Ainsi, l’abbé est chargé de veiller sur sa communauté par sa parole, son enseignement, ses actes, pour lui donner la vie divine et remettre au Seigneur tous ceux qui lui ont été confiés. Telle est la charge qu’il a reçu avec ses exigences.CHAPITRE 3 : DE L’APPEL DES FRÈRES EN CONSEIL.

 Mardi 18 mai :

Dans ce chapitre, saint Benoît rappelle l’importance de la Règle. Quand on entre dans le monastère, on renonce à sa volonté propre, on se soumets à l’autorité de la Règle, considérée, non comme une autorité arbitraire, mais comme un principe de vie au service de la recherche de Dieu et de la suite du Christ. Ce n’est pas un instrument qui casse les personnes, mais au contraire tend à favoriser leur épanouissement spirituel et à dilater le cœur dans l’amour.

C’est pourquoi les échanges en conseil ou en communauté doivent permettre la recherche de ce qui est bon pour la communauté, pour la vie de l’ensemble, et ceci passe avant la recherche des intérêts individuels s’ils sont au détriment du bien commun. Dans les échanges, il doit y avoir un équilibre entre l’expression de l’avis de chacun, et le respect de celui de l’autre. Quand, après avoir écouté les avis des uns et des autres, l’abbé prend une décision, celle-ci doit être acceptée par tous, le but recherché étant toujours la conformité à la volonté de Dieu, l’obéissance aux motions de l’Esprit saint. C’est ce que l’on voit dans les Actes des Apôtres, avec Paul notamment qui cherche avant tout à rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu.

 

CHAPITRE 4 : QUELS SONT LES INSTRUMENTS DES BONNES ŒUVRES.

 

Mercredi 19 mai :

Entre le premier des instruments des bonnes œuvres : « D’abord aimer le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force. » et le 21e : « Ne rien faire passer avant l’amour du Christ » qui termine cette première section, sont énumérés une série de commandements. La plupart se réfèrent à l’amour, ils sont au service de la charité. Les uns expriment ce qui va à l’encontre de la charité ; ce sont tous les commandements négatifs du début : ne pas tuer, ne pas commettre l’adultère, ne pas voler, etc. ; alors que les autres montrent la multiplicité des aspects de la charité.

Saint Benoît s’inspire du Décalogue, mais en le débordant, comme il s’inspire de l’enseignement de Jésus et de celui des apôtres. Par exemple, l’honneur dû aux parents s’élargit à tous les hommes. On retrouve aussi la parabole du jugement dernier.

La préférence accordée au Christ : « ne rien faire passer avant l’amour du Christ », ne réduit pas l’amour dû au prochain ; bien au contraire, elle l’inclut, car lui-même a dit qu’il était présent dans les plus petits, les pauvres, les malades. Les servir, c’est servir Jésus lui-même.

Il nous faut donc avoir un regard de foi sur les autres, sur le prochain. L’amour du prochain et l’amour du Christ impliquent toujours le renoncement à soi-même qui ouvre notre cœur.

 

Jeudi 20 mai :

La dernière partie du chapitre 17 de l’évangile selon saint Jean est la prière de Jésus pour l’unité. Il prie pour que les disciples soient parfaitement ‘’un’’, comme lui et le Père sont ‘’un’’. Cette unité n’est pas simplement un rassemblement de personnes, ce qui pourrait n’être qu’une juxtaposition d’individus. L’unité vient du lien qui s’établit entre le Fils et nous, grâce à la foi en un même Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, et à la vie sacramentelle qui est le don de la vie divine. Le baptême et l’eucharistie nous font participer à la résurrection du Fils, à sa Pâque.

Et Jésus envoie sur nous son Esprit, l’Esprit-Saint, l’Esprit de vérité, le Défenseur qui unit les cœurs dans un même amour. C’est la grâce que nous demandons en cette préparation à la Pentecôte.

 

Vendredi 21 mai :

Alors que la première section des I.B.O. (Instruments des Bonnes Œuvres) était centrée sur les commandements, dont celui de l’amour (amour de Dieu, du Christ, et du prochain), la suivante (celle d’hier), l’était plutôt sur les préceptes moraux, mais pas uniquement. Celle d’aujourd’hui nous oriente davantage vers la vie avec Dieu, par la prière et la méditation des fins dernières, mais là aussi, pas uniquement.

C’est à travers ces instruments, souvent bien modestes, mais qui demandent une persévérance de chaque jour, que nous manifestons notre désir de suivre le Christ. Nous pouvons les relire dans la lumière de l’évangile selon saint Jean que nous entendons aujourd’hui (Jn. 21,15-19). La question que Jésus pose à Pierre, nous est aussi posée : « M’aimes-tu ? ». La mise en pratique des I.B.O. est  alors une façon d’y répondre.

 

Samedi 22 mai :

Ce chapitre sur les I.B.O. commence avec le double commandement : amour du Seigneur, notre Dieu, et amour du prochain (v.1 et 2). A ces deux commandements répondent en conclusion ceux de l’amour des ennemis (v.31 et 72), du pardon et de la réconciliation (v. 73). Et, enveloppant l’ensemble, « ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » (v.74).

Tout ce chapitre, y compris les instruments qui nous semblent secondaires ou évidents, sont imprégnés de la miséricorde divine que nous sommes appelés à mettre en pratique à notre tour. Nous savons que, de nous même, nous sommes incapables de mener à bien ce travail de conversion. Mais la miséricorde du Seigneur, son amour et son pardon sont là pour nous aider et saint Benoît nous invite à pratiquer, à notre tour, la miséricorde.

En les accomplissant fidèlement, nous reconnaîtrons la fidélité du Seigneur et il nous découvrira les biens qu’il promet à ceux qui le suivent. C’est la grâce que nous demandons à l’Esprit-Saint en cette fête de Pentecôte.

 

Père Claude
Prieur du Bec