Colère de Dieu, tristesse de son Amour (Lc 21, 5-19)

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Les lectures de ces derniers dimanches de l’année liturgique sont centrées sur ce qu’on appelle « la fin des temps » ou « le jour du Seigneur » dont le prophète Malachie dit qu’il « sera brûlant comme une fournaise ».

Les expressions apocalyptiques peuvent susciter deux réactions de notre part. La première étant la peur, la culpabilité; la seconde nous invite au contraire à raviver notre foi en Dieu, revenir plus fidèlement aux oeuvres de la foi car notre Dieu est un Dieu d’amour et de tendresse.Après la dernière guerre, notre curé nous racontait qu’un prédicateur missionnaire annonçait l’Évangile sous un chapiteau dans les villages en ruine. A la fin, alors qu’il était en train de tout démonter et d’enlever les derniers piquets, quelqu’un s’approcha et lui demanda ce qu’il devait faire pour être sauvé de sa culpabilité. il reçut cette réponse  » désolé, il est trop tard ». « Oh non vous voulez dire qu’il est trop tard parce que la réunion est terminée ? ». « Non il est trop tard parce que Jésus a déjà tout fait. Il n’y a rien à faire pour être sauvé, il y a juste à croire que Jésus s’est chargé de tout ». »Trop facile! » répond la personne.

Et le prédicateur ajoute  » pas facile du tout d’abandonner ses prétentions et son orgueil et d’admettre son incapacité à accueillir simplement le pardon de Dieu ». Non il n’est jamais trop tard. Personne n’est jamais trop mauvais pour Dieu. Son amour est tellement plus grand que nos fautes!

Tant de fois dans les Écritures, Dieu nous assure de Son Amour et de Son Pardon. Par exemple en Isaïe 44,22  » Israël, je ne t’oublierai jamais. J’ai dissipé tes crimes comme un nuage et tes péchés comme une nuée, reviens à moi car je t’ai racheté » et St Jean dans sa première épitre nous dit  » même si ton cœur te condamne, Dieu est plus grand que ton cœur »

Dieu ne s’est pas contenté de nous dire qu’Il nous aime malgré nos péchés et qu’Il veut nous donner la vie au delà de la mort: Il est venu Lui-même en la personne de Jésus, son Fils, vivre en nous, parmi nous. Pensons à la parabole du fils prodigue que son père a accueilli les bras ouverts. Et pour montrer jusqu’au bout que Dieu est miséricorde et pardon, Jésus a donné sa vie pour nous, afin d’effacer toutes nos fautes.

Si aujourd’hui encore, nous sommes accablés par nos péchés et que nous pensons que tout est perdu pour nous. Jésus nous dit le contraire, lui qui a promis au bon larron de le faire entrer le jour même au paradis. Peut être n’arrivons nous pas à nous pardonner à nous même, mais Dieu est prêt à le faire car « celui qui vient à moi, je ne le mettrai pas dehors » ( Jn 6,37). Si nous le voulons vraiment, Jésus vient nous détacher de tout ce qui peut devenir idole, ghetto, enfermement dans le péché, « Lazare, sors de ton tombeau » ou encore « suis-moi ». Voici ce qu’Il dit à chacun d’entre nous ce matin, qui que nous soyons.

Parce que Dieu est amour, Il m’aime tel que je suis et ne cesse de me dire Sa tendresse et Sa fidélité.
Parce que Dieu est lumière, Il éclaire les coins les plus sombres de ma vie pour les mettre en harmonie avec ce qu’Il est.
Parce que Dieu est amour, Il sait où j’en suis avec Lui, Il connait mes besoins les plus secrets, mes soucis, mes peines, mes blessures bien avant même que je les ressente.
Parce que Dieu est tout-puissant, Il me protège en toute situation. Il peut me délivrer des tentations d’où qu’elles viennent.
Parce que Dieu est omniprésent, Il se trouve là, juste à l’endroit où je suis en ce moment; « je suis là où tu es » et Il me dit : ‘prends courage. N’est ce pas moi seul, qui peut te donner la Paix et la joie.’
Parce que Dieu est miséricorde, Il donne ce qu’Il est sans rien exiger au préalable, mais Il se réjouit de me voir avancer vers Lui, un peu plus chaque jour, et d’acueillir Ses bénédictions qui me guérissent de tout mal.

Écoutons cette belle parole de Paul Ricoeur :  » La colère de Dieu est seulement la tristesse de Son Amour » (finitude et culpabilité). Cette parole exprime bien le tournant qui nous fait passer d’un Dieu de justice et de châtiment à un Dieu de pardon et de salut.
Chaque dimanche est un jour de Pâques et c’est bien dans la lumière du Ressuscité que nous sommes appelés à vivre, à aimer, à croire. Gardons toujours en nos cœurs comme le seul et unique trésor ce message : » Il est vivant! ». Message qui a parcouru des siècles jusqu’à nous et qui donne sens à nos vies parfois si pauvres en amour.

Ce message qui, sans cesse a été redécouvert, revécu, par des centaines de générations, qui a traversé les formes de culte, de liturgie, de pensées, de piété les plus variées. C’est lui qui donne au terme ‘résurrection’ tout son sens, sa plénitude. C’est lui qui fait de la vie éternelle, une réalité saisissable dès maintenant. Car « la vie éternelle c’est de Te connaitre, Toi, le Seul vrai Dieu » (Jn 17,3). « Il est vivant », vivons de cette vie éternelle du Ressuscité: abandonnons une fois pour toutes ces possessions misérables et inutiles qui nous encombrent et nous empêchent de vivre en ressuscité à la suite de Jésus, car « Il est vivant éternellement ».

 

Fr. Michel
Moine du Bec