Homélie :
Vous avez peut-être trouvé curieuse la première lecture de cette grande fête de la Vierge Marie. Une femme qui accouche, un dragon qui veut dévorer l’enfant… Qu’est-ce que cela veut dire ? Et pourquoi avoir choisi un tel texte pour l’Assomption ? Pour ma part, je reçois ce texte comme une description de ce qui est quotidien : une femme qui accouche, c’est un événement d’espérance ; or, le démon s’active pour faire capoter les événements d’espérance, comme le dragon s’apprête à dévorer le nouveau-né.
Dès que naissent nos désirs de paix ils se heurtent à la férocité de quelques-uns. Dès que l’on voudrait rétablir des liens dans des familles brouillées, quelqu’un proteste. On entend qu’il faut lutter contre le réchauffement du climat et on constate que le démon des intérêts financiers s’y oppose. Des chefs d’état ont reçu le prix Nobel de la paix pour avoir tenté de mettre fin à des conflits et il semble que le démon a voulu qu’il ne reste rien de leurs accords. Bref, tout ce qui naît et serait porteur d’espérance est ainsi exposé au dragon du mensonge, de la violence, de la perversité…et nous pourrions perdre toute espérance.
Or la fête de 15 août, qui est une sorte de Pâques en été, empêche l’espérance de sombrer. Pâques, permet d’espérer la victoire de l’humanité, l’Assomption dit que Marie bénéficie de cette victoire. Je trouve que ce texte dit bien le message de l’Assomption. Notre 15 août, comme Pâques, est la fête de l’espérance ; Marie, c’est la dame de l’espérance. Petite fille fraîche et vulnérable, elle avait laissé le Saint Esprit imprimer dans son cœur que la fidélité de Dieu serait plus tenace que l’obstination du démon. Même les jours où elle a dû fuir Hérode le massacreur des innocents, même les jours où elle l’a vu pendu par des clous à une croix,… elle a cru à l’accomplissement des paroles qui lui avaient été dites de la part du Seigneur. Grâce à cela, elle a traversé l’horreur et elle est parvenue à la résurrection.
La fête de l’assomption nous redit qu’à notre époque, la seule méthode pour traverser les difficultés de la vie, c’est la méthode de Marie : croire que s’accompliront les promesses de Dieu. Dieu s’est engagé envers nous… et envers le monde. Ce qu’il a fait pour Jésus à Pâques, il l’a fait pour Marie à l’Assomption, il le fera pour tous : il libèrera la création du péché et de la mort ; il essuiera les larmes de tous les visages, il réconciliera tous ceux qui n’ont pas trouvé le moyen de mettre fin à leurs querelles…Il fera un règne de justice d’amour et de paix.
Frères et sœurs, il y a encore dans notre pays et il y en aura toujours, des gens qui croient que Dieu est fidèle, des gens d’espérance. C’est étonnant ! Ne trouvez-vous pas miraculeux qu’en voyant tout ce qu’on voit, tout ce qui se dit, des gens continuent à dire que tout n’est pas fichu ? Comme Marie, ils laissent le Saint Esprit imprimer dans leur cœur la fidélité de Dieu… Comme Marie, ils rendent au monde le plus beau service, le service de l’espérance… La seule question que je me pose : qu’est-ce que je laisse imprimer dans mon cœur : la fidélité de Dieu ou les dents du dragon ? Est-ce que je regarde les hontes du monde en ayant en tête la phrase « courage j’ai vaincu le monde » ou est-ce que je les regarde avec accablement en disant « le mal aura le dernier mot » ?
Marie en son assomption nous montre qu’il est sage de croire à la fidélité et à l’alliance de Dieu. Dans notre cœur, disons à Dieu que nous croyons à l’accomplissement de sa promesse.
Pere Dieudonné
Prieur du Bec