Homélie :
Chers frères et sœurs dans la foi,
Les quarante jours qui séparent notre solennité de l’Ascension du jour de Pâques, sont comme un seul jour. De fait, la chronologie de la liturgie ne doit pas nous faire oublier que, pendant le temps pascal, du matin de Pâques au jour de la Pentecôte, en passant par l’Ascension, c’est l’unique mystère pascal, le mystère un de la Pâque de Jésus que nous célébrons.
Dans son récit de l’Ascension, Saint Luc résume son Évangile en disant: «Dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné.» Jésus, son œuvre et son message, sont la base et la raison d’être de l’Église et de tout ce qu’elle fait.
La première compétence de ces témoins dont parle Luc, c’est d’aimer le Christ passionnément. Mais comment accueillir le Christ pour qu’il devienne le cœur de notre existence, le centre autour duquel gravite toute notre vie?
Dans la première lecture, Jésus nous a donné la réponse à cette question: «Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous: alors, vous serez mes témoins ! » Nous sommes donc invités à accueillir le don de la grâce spirituelle comme la Vierge Marie. Si Marie a pu accueillir le Christ si parfaitement dans son âme et dans sa chair, c’est grâce à l’Esprit qui est venu sur elle et l’a recouverte de son ombre.
L’Esprit continue en nous son œuvre. S’il fait de nous des témoins, c’est d’abord parce qu’il fait de nous des amoureux du Christ. Jésus nous donne des signes de son action avec nous et à travers nous. Le dernier de ces signes est celui qu’on voit le plus souvent dans la vie même de Jésus: «Ils imposeront les mains aux malades et les malades s’en trouveront bien.»
Si la croix est présente dans la foi chrétienne, ce n’est pas parce que nous sommes masochistes ou que nous aimons souffrir. C’est parce que nous expérimentons le Mal en nous et autour de nous. Quand on fait de l’amour le sens et le moteur de sa vie, on se frappe inévitablement au mal. Le mal est la source de la souffrance qu’a connue le Christ et que connaît tout croyant qui veut suivre le Christ et vivre à sa manière.
La liturgie d’aujourd’hui souligne une croix que connaît notre Église. Dans la première lecture, les Apôtres posent une question à Jésus : «Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ?» Le règne de Dieu est la raison même de la venue de Jésus. Or les disciples ne savent pas trop où ce projet s’en va, puisque Jésus les quitte au moment même où ils ont le plus besoin de lui. Leur croix, à ce moment de leur vie, sera de ne pas connaître l’avenir, et de le remettre entièrement entre les mains de Dieu. Les croix les plus difficiles à porter sont souvent celles que nous n’avons pas choisies.
Nous pouvons relever un dernier point qui est au cœur de la liturgie d’aujourd’hui: la mission. «Allez dans le monde entier proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création.» Notre Église a besoin d’hommes et de femmes qui brûlent de l’amour du Christ, qui désirent le faire partager aux autres, qui osent se désinstaller et inventer des chemins neufs pour être témoins dans le monde d’aujourd’hui. Notre nouveau Pape nous donne le ton et le goût de poursuivre notre chemin de croyant.
La fête d’aujourd’hui n’est pas qu’un souvenir nostalgique du passé; elle est surtout un regard plein d’espérance sur l’avenir. Car le ciel où Jésus est monté n’est pas dans les nuages : il est au fond de notre cœur.
Père Dieudonné
Prieur du Bec