Évangile : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils »
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.Homélie de l’Annonciation du Seigneur. Jeudi 25 mars 2021
La fête de l’annonciation oriente habituellement nos regards vers Noël. Elle est associée à l’enfance de Jésus. C’est une fête des commencements. La célébrer à l’approche de la semaine Sainte et de Pâques peut nous surprendre. Pourtant ce rapprochement met en lumière son sens profond. La mort et la résurrection de Jésus en révèle toute la portée. Cette fête, une des plus importantes parmi les fêtes mariale, s’intitule exactement : « Annonciation du Seigneur ».
De plus, elle dépasse la simple annonce d’une naissance en même temps que la naissance de Jésus, elle dévoile sa véritable identité. Le Fiat de Marie : « Qu’il me soit fait selon ta parole » prépare le Fiat de Jésus à Gethsémani : « Père, que ta volonté se fasse et non la mienne. » On perçoit clairement ici l’unité du plan divin.
Jésus est véritablement Fils de Dieu. Il vient apporter aux hommes le salut par sa mort et sa résurrection. La dernière prière de la liturgie de ce jour exprime clairement cette vérité : « Seigneur, fortifies, en nos cœurs, la vraie Foi, afin qu’ayant proclamé le Fils de la Vierge vrai Dieu et vrai homme, nous parvenions au salut et à la joie éternelle par la puissance de sa résurrection. »
La mission du Christ est affirmée dans l’épître aux Hébreux et dans le psaume 39 : « En entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le psaume : » tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande mais tu m’as fait un corps ; tu n’as accepté ni holocauste ni explications pour le péché, alors j’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté. »
Par cette mission rédemptrice, Jésus vient sceller une alliance nouvelle. Son offrande remplace les anciens sacrifices. En livrant sa vie, il nous sanctifie et nous libère du péché. L’incarnation du Fils reçoit tout son sens de sa mort et de sa résurrection.
L’annonce de sa venue en notre humanité inaugure les temps nouveaux. Une autre oraison de la fête rappelle que l’Église a commencé le jour où le Verbe s’est fait chair. La plénitude des temps est advenue : Dieu envoie son Fils, né d’une femme, et veux faire de nous ses enfants d’adoption. Telle est l’espérance neuve qui s’ouvre pour l’humanité avec l’Annonciation.
Le message de l’ange définit d’abord les fonctions de Jésus. Il sera grand et régnera toujours sur la maison de Jacob. En lui se réalise les prophéties, particulièrement celle d’Isaïe que nous venons d’entendre. La jeune femme enfantera un Fils, et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire » Dieu avec nous. » il est le Fils de David et son trône sera affermi pour toujours.
Mais ce Fils annoncé est donné par Dieu. Son identité dépasse sa fonction. Il est le Fils du Très-Haut sa conception est l’œuvre de l’Esprit Saint qui demeure en lui pour toujours. C’est pourquoi il sera saint, dit l’ange. Puisqu’il est vraiment Dieu, il peut sauver tous les hommes et les ramener à son Père. C’est ce que résume la Préface : » Il venait accomplir les promesses faites à Israël, combler et même dépassé l’espérance des Nations. »
Pour cette si haute mission, Marie est choisie par Dieu entre toutes les femmes. Associée à ce plan, elle est préservée par une grâce spéciale venant déjà de la Pâque de son Fils. Elle est saluée par l’ange Gabriel comme » comblée de grâce « . Elle est habitée par le Seigneur. Elle est la terre bénie qui accueille la rosée du ciel et où germe le Sauveur.
En recevant l’annonce de l’ange, elle s’associe librement au plan divin. Par son consentement, elle participe, à sa place, à la mission de son Fils. Elle fait sienne l’obéissance de son Fils, évoquée dans l’épître aux Hébreux, s’offrant ainsi au vouloir divin et entrant dans la dynamique du Salut. Tout en demeurant créature, l’accueil le Verbe par la foi et l’Esprit Saint descend en elle. Elle est le temple des trois personnes divines.
Nous sommes, nous aussi, objet de l’amour du Père. C’est bien pour cela qu’il envoie son Fils dans le monde. En cette fête, se manifeste la tendresse du Père qui veut nous faire partager sa divinité.
Mais il attend notre réponse libre et aimante. Il nous appelle à participer à sa mission salvatrice, d’abord en l’accueillant par la foi. En Jésus, il nous donne sa parole qui nous rejoint jour après jour. Souvent, les peintres, qui ont représenté l’Annonciation, nous montrent Marie, un livre à la main, absorbé dans la méditation des Écritures. Comme elle, recevons fidèlement la Parole du Seigneur pour qu’elle fructifie en nos vies, qu’elle les transforme et fasse de nous des témoins de sa présence. Que nous soyons reconnus comme les disciples de Jésus à l’amour que nous avons les uns pour les autres.
Ensemble nous sommes l’Église, le Corps du Christ qui a commencé avec le oui de Marie. L’Esprit Saint est toujours à l’œuvre en elle. C’est lui qui bâtit la maison, qui fait des croyants une communauté. Laissons-nous guider par lui dans la confiance, nous rappelant la parole de l’ange : « Sois sans crainte, Marie, tu as trouvé grâce devant Dieu. » Et cet encouragement, Jésus l’adressera maintes fois à ses disciples.
En ces jours qui nous rapprochent des fêtes pascales, suivons Jésus sur le chemin de vie pour que nous soyons les témoins de son amour. Que notre réponse, notre Fiat, soit uni à celui de Marie, lui-même achevé dans l’obéissance totale du Fils à son Père.
Père Claude
Prieur du Bec