Dimanche 10 septembre :
Au début de ce chapitre sur l’abbé, saint Benoît nous dit qu’il « ne doit rien enseigner, constituer ou ordonner en dehors des enseignements du Seigneur. » On peut rapprocher ces paroles de ce qui est demandé à l’évêque au cours de son ordination, comme on l’a entendu hier matin, lors de la consécration de notre nouvel évêque d’Évreux, Mgr. Olivier de Cagny :
« Voulez-vous annoncer l’Évangile du Christ avec fidélité et sans relâche ?
-Voulez-vous garder dans sa pureté et son intégrité le dépôt de la foi, selon la tradition reçue des Apôtres, toujours et partout tenue dans l’Église ? »
Et les autres questions insistent sur son rôle de pasteur, comme l’imposition de l’évangile au-dessus de sa tête pour signifier concrètement sa charge d’enseignement et d’annonce de la Bonne Nouvelle. L’évêque, à la tête d’un diocèse, comme un abbé à celle d’une communauté, a pour mission d’annoncer le Christ afin de garder le troupeau dans l’unité. C’est bien du Christ qu’il reçoit sa charge et c’est avec Lui, l’unique Pasteur, qu’il la partage.Lundi 11 septembre :
En développant les qualités que doit avoir l’abbé, comme tout responsable, saint Benoît insiste sur la cohérence nécessaire entre les actes et les paroles pour que l’abbé ait toujours un double enseignement : celui de la parole et celui des actes. On ne peut dire une chose et faire son contraire ! Le supérieur doit démontrer par l’exemple et par ses actes la justesse de ce qu’il veut enseigner dans ses exhortations.
En hébreu, le mot ‘’davar’’ qui signifie ‘’parole’’ implique l’acte correspondant ; la parole engage celui qui la prononce. Et sans le dire explicitement, saint Benoît nous rappelle que cette cohérence parfaite entre parole et acte se trouve dans le Christ qui a toujours unifié son enseignement avec ses actes, par le lien qui est l’amour. En obéissant à son Père, Jésus s’est offert par amour. Par sa mort et par sa Résurrection, il a scellé tout son enseignement qui est un exemple que nous devons suivre.
Mardi 12 septembre :
Saint Benoît rappelle ici un principe qui est affirmé par l’apôtre saint Paul, c’est que nous sommes tous égaux devant Dieu. Par conséquent, l’abbé ne doit pas y avoir de préférence parmi les frères et il doit les aimer d’un amour égal car nous formons tous un seul Corps dans le Christ. L’abbé ne faisant pas de différence entre les frères, cela exclut toute jalousie, toute comparaison entre eux. De même, les frères entre eux doivent avoir cette même charité, ce même respect, reconnaissant que chacun est l’image de Dieu et a été racheté par le Christ. En Lui, nous ne formons qu’un seul corps et nous sommes les serviteurs les uns des autres.
Mercredi 13 septembre :
Saint Benoît détaille ici tous les types de caractères qu’on peut trouver dans une communauté, et le moins qu’on puisse dire, c’est que le tableau est large, car nous sommes loin d’être parfaits. Il suffit de lire l’énumération de saint Benoît pour nous reconnaitre en tel ou tel tempérament. Aussi il est demandé à l’abbé d’exhorter, de reprendre, de corriger pour nous aider à nous convertir. Cela ne veut pas dire qu’il ne soit que dur ou sévère. Il est père et il exprime son amour autant par les reproches que par les encouragements. Son modèle c’est le Christ qui veut nous attirer à Lui et ne cesse de déployer son amour pour sauver tous les pécheurs.
Nous avons tous un chemin de conversion à faire, un chemin vers le Royaume, et c’est le travail de toute une vie ! Le corps du Christ se construit avec nos différences, nos diversités, mais il faut en corriger les défauts par l’humilité et la charité pour les accorder et les faire contribuer au dessin de Dieu sur chacun de nous et sur l’ensemble de la communauté. L’abbé est là pour harmoniser l’ensemble.
Jeudi 14 septembre, fête de la croix glorieuse :
Saint Benoît insiste toujours sur la mission de l’abbé et continue de montrer la difficulté de sa tâche. C’est qu’il doit avoir le souci de chacun car qui lui est demandé avant tout c’est de veiller au salut de chacun, et chacun a une personnalité particulière. Il faut pour cela trouver le conseil approprié à chacun pour aides à l’accroissement de ce bon troupeau. L’abbé doit marcher dans la foi, avoir toujours les yeux tournés vers le Monde à venir, car c’est là l’essentiel : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit ».
Ce que dit saint Benoît de l’abbé, s’adresse aussi à chacun de nous. Nous devons avancer dans la confiance, dans la pauvreté et le détachement sans rester prisonniers de l’immédiateté, de l’efficacité, de la superficialité qui s’imposent dans notre société d’aujourd’hui. Le Christ a tout abandonné et s’est totalement confié à son Père qui l’a relevé et exalté.
Vendredi 15 septembre :
Il y a dans cette dernière partie du chapitre sur l’abbé deux citations de l’Écriture. La première vient de l’Évangile selon saint Matthieu, dans le Sermon sur la Montagne où Jésus nous dit : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera surajouté ». La seconde vient du psaume 33 : « Rien ne manque à ceux qui le craignent ». Le mot important est ici : ‘’d’abord’’. Il souligne la priorité à accorder à la recherche de Dieu, au spirituel, par rapport au reste de la vie, qui a sa place et qui ne doit pas être négligé comme le travail, les services et autres soucis matériels, mais qui ne doit pas envahir notre quotidien au point d’étouffer la recherche de Dieu et son service. Saint Benoît le dit de l’abbé qu’il doit sans cesse rappeler la direction à suivre, mais aussi pour chacun de nous qui devons mettre notre confiance uniquement en Dieu.
Nous lui avons demandé le jour de notre profession : « Accueille-moi Seigneur, selon ta Parole et je vivrai, ne me déçois pas dans mon attente ! ». Et nous savons bien que le Seigneur tient toujours ses promesses car sa fidélité est le roc sur lequel peut s’appuyer notre propre fidélité.
III-DE L’APPEL DES FRÈRES EN CONSEIL
Samedi 16 septembre :
L’appel des frères en conseil est nécessaire quand il y a des décisions importantes à prendre et certaines ne peuvent être prises sans réflexion préalable. L’abbé ne peut pas prendre certaines décisions seul ; il doit d’abord écouter les avis des frères, car les décisions importantes ne peuvent pas se prendre dans la précipitation.
Lorsque l’abbé réunit la communauté pour traiter de choses importantes, il l’invite d’abord à se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint. En effet, parmi les attributs de l’Esprit-Saint, son troisième attribut est le conseil ; Il est ‘’Esprit de Conseil’’.
Se réunir en conseil, c’est donc se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint, et cette écoute de l’Esprit-saint, comporte l’écoute mutuelle, humble et respectueuse de chacun. On ne peut prétendre avoir tout seul la Vérité ! L’Esprit-Saint inspire à chacun une sagesse, sa Sagesse.
Et c’est après avoir écouté les uns et les autres que l’abbé peut décider ce qu’il estimera bon pour la communauté. La décision prise sera d’autant mieux acceptée s’il y a eu consultation et débat commun. Tous alors pourront comprendre ce qui justifie une telle décision.
Frère Claude
Prieur du Bec