CHAPITRE 55 : DES VÊTEMENTS ET CHAUSSURES DES FRÈRES.
Dimanche 7 août :
Comme pour la nourriture, le principe de saint Benoît, à propos des vêtements, est qu’il faut avoir le nécessaire et éviter le superflu. Il ajoute qu’il doivent être adaptés à chacun, en fonction de sa taille et de ses besoins.
Progressivement, l’habit du moine s’est distingué de l’habit laïc ordinaire pour devenir le signe de son état de vie et une protection contre le monde. Il a le caractère symbolique du changement de vie, et ce changement est signe de mort au monde et vie pour le Christ. De plus, il est un signe d’unité en évitant l’accentuation des différences entre les frères dans la communauté.Lundi 8 août :
On retrouve dans ce chapitre ce principe de saint Benoît qui est l’attention aux personnes. Il ne se contente pas d’établir des principes rigoureux et intangibles, mais il faut que ces principes soient compatibles avec la faiblesse et le tempérament de chacun, comme aussi avec les conditions de vie.
Mais il est une règle qu’on ne peut transgresser sinon on n’est plus vraiment disciple du Christ, c’est celle du renoncement à la propriété. Mais pour que cette règle soit applicable, elle doit être équilibrée par l’attention aux besoins de chacun et qui peuvent varier de l’un à l’autre. C’est donc à l’abbé de veiller à ce que chacun ait le nécessaire. Ainsi, il coupera court aux murmures et à l’envie.
Ce sujet a déjà été abordé dans un autre chapitre, le 34e : « Si tous doivent recevoir uniformément le nécessaire ».
CHAPITRE 56 : DE LA TABLE DE L’ABBÉ.
Mardi 9 août :
Ce petit chapitre sur la table de l’abbé pose en fait la question de l’hospitalité. Longtemps, surtout pendant les premiers siècles du monachisme, les monastères étaient presque les seuls lieux d’accueil pour les voyageurs et les pèlerins. Puis les auberges sont apparues et ont pris le relais de cet accueil.
Mais la tradition de l’hospitalité continue dans les monastères où les hôtes ne viennent pas seulement pour un accueil matériel ; leur séjour a aussi d’autres motivations d’ordre existentiel et spirituel. La table de l’abbé a donc un sens plus large que le seul aspect des repas qui ne sont pas exclus pour autant. C’est aussi la nourriture spirituelle et le ressourcement qui sont offerts par la communauté aux hôtes pendant leur séjour.
Quant à cette remarque finale sur la discipline au cours des repas, ne la négligeons pas non plus, car à tout âge nous devons veiller à notre comportement à table.
CHAPITRE 57 : DE CEUX QUI EXERCENT UN MÉTIER DANS LE MONASTÈRE.
Mercredi 10 août :
Dans ce chapitre sur les artisans du monastère, la valeur essentielle qui donne sens à tout l’ensemble est l’humilité, car ce n’est pas la recherche de la performance artistique ou le rendement économique qui doivent être privilégiés. La qualité du travail et la beauté des œuvres réalisées sont importantes, de même que la ressource économique, mais tout cela doit être mis au service de l’ensemble de la communauté.
L’amour du travail bien fait et la commercialisation des produits montrent le sérieux du travail, mais ne doivent pas primer sur la recherche de Dieu et sur la charité fraternelle comme le sens du partage, l’attention aux autres et particulièrement aux plus faibles. Le travail ne doit pas dégénérer en orgueil ou en recherche du profit, mais nous devons toujours être animés par l’humilité, le détachement avec le service de Dieu et des frères.
CHAPITRE 58 : DU RITE DE LA RÉCEPTION DES FRÈRES.
Jeudi 11 août :
Dans ce long chapitre sur la réception des frères, la première moitié décrit les étapes par lesquelles le nouveau venu doit passer pour s’engager dans la communauté. Et si le chemin semble long, c’est qu’il en est bien ainsi. On remarque ainsi la grande sagesse et la prudence de saint Benoît. Il parle certainement d’expérience, car il a pu voir au cours de son long abbatiat des candidats trop pressés courant à l’échec.
Ces étapes successives sont une sécurité pour le candidat car elles lui permettent de vérifier sa progression dans sa recherche de Dieu, dans son aptitude à accepter les épreuves et les humiliations, sa persévérance et son endurance dans la vie communautaire. Elles sont aussi nécessaires pour les anciens chargés de sa formation, car elles leur permettent de vérifier dans la durée son évolution.
En même temps la liberté du nouveau frère est respectée ; il ne s’engage pas sous la pression.
Vendredi 12 août :
La seconde partie de ce chapitre développe le rite de la profession elle-même. Il se caractérise par les trois vœux que nous prononçons toujours, même si la formulation du second est légèrement différente par rapport au texte de la Règle : nous disons « conversion des mœurs » alors que saint Benoît parle de « vie de vertus monastique ». Les deux autres sont la stabilité et l’obéissance. Tout le reste du rituel : charte, offrande de soi avec le verset du psaume 118 : « Accueille-moi Seigneur… », prosternation, reste identique pour marquer l’engagement dans la communauté.
Il y a un autre point, fortement souligné par saint Benoît ici, c’est le renoncement total à toute possession : possession de biens et volonté propre, ce qui va jusqu’à l’abandon sur son propre corps. Ces deux dimensions expriment le renoncement à l’avoir comme à l’être, et c’est en parfaite contradiction avec l’esprit du monde et ses aspirations légitimes. En effet, l’épanouissement personnel suppose, aujourd’hui comme hier, l’aspiration à posséder et à disposer de sa liberté pour mener sa vie.
CHAPITRE 59 : DES FILS DE NOBLES OU DE PAUVRES QUI SONT OFFERTS.
Samedi 13 août :
Cet usage d’offrir des enfants au monastère pour qu’ils y soient élevés et formés et y demeurent toute leur vie, n’est plus recevable aujourd’hui. On ne conçoit plus un engagement à vie sans liberté personnelle. Il y a eu dans le passé, et même jusqu’au milieu du XXe siècle, des vocations qu’on pourrait dire ‘’forcées’’, et qui relevaient plus des parents que du candidat lui-même. On sait ce qui en est résulté bien souvent.
Ce que l’on peut retenir de ce chapitre, c’est d’abord que nous sommes tous égaux devant Dieu, car Dieu appelle qui Il veut, quelle que soit notre condition sociale, ethnique, culturelle… Un psaume qui est repris au temps de l’Avent dit : « Prêtez l’oreille, habitants de l’univers, gens du commun et gens de condition, riches et pauvres ensemble ».
Ensuite, la mention de la nappe de l’autel nous rappelle que notre oblation est prise dans l’Eucharistie, et donc unie à l’offrande du Christ. Par notre profession monastique, nous nous offrons totalement au Christ qui nous associe à sa mort et à sa résurrection. Déjà le baptême était une plongée dans la mort et la résurrection du Seigneur et la profession est le prolongement du baptême pour une vie entièrement consacrée au service du Seigneur.