CHAPITRE 49 : DE L’OBSERVANCE DU CARÊME.
Dimanche 31 juillet :
Nous comprenons bien ce chapitre lorsque nous le lisons pendant le carême. Nous nous conformons alors à ce que demande l’Église et nous essayons de faire disparaitre les négligences des autres temps pour lesquels saint Benoît donne une série de propositions pour nous préparer à célébrer « la sainte Pâques dans la joie du désir spirituel ».
Mais dès le début du chapitre, nous entendons un rappel plus large : « Bien qu’en tout temps la vie d’un moine doive présenter une observance de carême… » Ce rappel est compensé par ce constat : « cependant, comme peu ont ce courage… »
Il faut bien remarquer que nous vivons souvent dans l’instant et que nous aimerions que nos désirs soient immédiatement satisfaits. Si nous n’y prenons pas garde, nous subissons facilement l’influence du monde ambiant, de notre société, avec ses nombreuses sollicitations. Savons-nous prendre de la distance par rapport à nos désirs immédiats ? Savons-nous discerner entre le nécessaire et le superflu ; entre ce qui est réellement urgent et ce qui peut attendre ?
Écoutons bien l’avertissement du Seigneur qui s’adresse à tous et pas seulement aux moines : « Gardez-vous de toute avidité ! (Luc 12, 15) ». Jésus nous invite à nous décentrer de nous-même pour ouvrir nos cœurs à nos frères, à ceux qui sont plus particulièrement dans le besoin.
CHAPITRE 50 : DES FRÈRES QUI TRAVAILLENT LOIN DE L’ORATOIRE OU SONT EN VOYAGE.
Lundi 1er août :
Dans ce chapitre où il est question de l’éloignement du monastère à cause du travail ou d’un voyage, il est fait appel au discernement de l’abbé. Une absence dans l’obéissance maintient le lien avec la communauté. Ce lien s’exprimera notamment dans la prière, si possible aux heures régulières, à celles des offices célébrés au monastère. L’essentiel est de garder le rythme de la journée en cohérence avec ce qui se célèbre au monastère.
Saint Benoît rappelle ainsi l’importance de l’office divin qui est le premier devoir du moine. L’office pénètre nos vies et nous rappelle que nous ne nous appartenons plus ; nous appartenons au Christ que nous nous sommes engagés à servir.
CHAPITRE 51 : DES FRÈRES QUI NE VONT PAS TRÈS LOIN.
Mardi 2 août :
Ce bref chapitre traite des petites sorties hors du monastère. Elles doivent avoir un but précis, car la tentation évoquée est celle de manger au-dehors sans l’autorisation de l’abbé, ou de s’attarder sans raison. Il peut y avoir alors une tentation de fuite.
Saint Benoît rappelle la nécessité de l’obéissance qui permet de rester en lien avec la communauté et de demeurer dans l’unité. Lorsque saint Benoît évoque, à la fin de ce chapitre, le risque d’excommunication, il veut dire que de pas être dans l’obéissance sépare de la communauté et qu’ainsi, l’unité est brisée. L’obéissance n’est pas une servitude ; au contraire, elle est toujours libératrice.
CHAPITRE 52 : DE L’ORATOIRE DU MONASTÈRE.
Mercredi 3 août :
Il y a dans ce chapitre sur l’oratoire deux aspects complémentaires :
L’oratoire est d’abord, comme son nom l’indique, le lieu de la prière. Prière de l’office célébré en communauté, en assemblée, et prière personnelle en dehors du temps de célébration. C’est pourquoi on doit y garder le silence. Mais si l’on y célèbre et qu’on y prie, c’est parce que ce lieu est consacré : « C’est ici la Maison de Dieu et la porte du ciel » s’exclame Jacob en se réveillant du songe où Dieu lui a parlé.
La consécration d’un lieu est une réalité objective qui fait de l’oratoire le centre du monastère. De même, la célébration de l’eucharistie et de l’office est à la fois source et sommet de notre vie spirituelle, cette vie spirituelle qui imprègne et féconde toutes nos activités, tous nos travaux.
CHAPITRE 53 : DE LA RÉCEPTION DES HÔTES.
Jeudi 4 août :
L’hospitalité selon saint Benoît a son originalité ; ce n’est pas un simple accueil hôtelier comme on peut en trouver ailleurs. L’hôte qui se présente au monastère est considéré comme le Christ selon sa parole même chez saint Matthieu, dans la parabole du Jugement dernier : « J’étais sans toit et vous m’avez accueilli » (Mt. 25). Et encore : « Qui vous accueille, m’accueille ».
L’attitude qui correspond à cette reconnaissance du Christ dans l’hôte est pour la communauté l’humilité et le respect. Mais en même temps, cet accueil doit être plein d’humanité ; on propose à celui qui arrive tout le nécessaire, sans que ce soit pour autant le luxe des meilleurs hôtels.
Si le Christ est reconnu en eux, il est aussi présent en ceux qui reçoivent. Les hôtes viennent souvent pour chercher le Seigneur, chercher le Christ sans toujours en avoir une idée précise. Parfois, ce sera pour une simple halte dans une vie souvent difficile. C’est pourquoi, ils sont accueillis dans la prière de la communauté qui par sa vie, la célébration des offices, son travail quotidien, ses relations fraternelles, essaie de laisser transparaitre celui qui l’habite et la fait vivre : le Christ.
Vendredi 5 août :
La seconde partie du chapitre sur l’accueil des hôtes rappelle le respect et la discrétion qu’on doit garder à leur égard. Ils arrivent dans un lieu normalement imprégné de silence qu’ils viennent justement et bien souvent rechercher. Nous devons donc les laisser en paix sans chercher à entrer en contact avec eux s’ils ne l’ont pas demandé.
Par ailleurs, saint Benoît élargit la réflexion à propos du travail : puisque la plupart des frères ont des charges, des travaux à effectuer, nous devons rester attentifs les uns aux autres et nous entraider en fonction des besoins de chacun.
CHAPITRE 54 : SI UN MOINE PEUT RECEVOIR DES LETTRES OU AUTRE CHOSE.
Samedi 6 août, solennité de la Transfiguration :
Dans ce chapitre, saint Benoît nous rappelle, une fois de plus, la nécessité de la désappropriation. C’est la logique de notre profession monastique : ne rien recevoir ni posséder. C’est la suite du renoncement à notre volonté propre, de notre vœu d’obéissance.
En cette fête de la Transfiguration, nous sommes invités à suivre Jésus comme les apôtres et à marcher avec lui vers sa Passion et sa Résurrection. Lui-même « n’a pas retenu le rang qui l’égalait à Dieu », comme le dit saint Paul dans son épitre aux Éphésiens., mais il a abandonné jusqu’à sa vie pour la recevoir en plénitude du Père.