CHAPITRE 38 : DU LECTEUR DE SEMAINE.
Dimanche 17 juillet :
Dans la mesure où l’on dit que le repas monastique a une dimension liturgique, la lecture fait partie de ce rituel. De même que les services de cuisine et de table commencent par une bénédiction après les matines du dimanche, le lecteur entrant en semaine demande, lui aussi, la bénédiction et la prière des frères puisqu’il a la charge d’édifier les auditeurs par sa façon de lire.
Si depuis plusieurs semaines nous avons allégé ce service de lecture au réfectoire pour ménager nos forces en la diminuant et en la remplaçant par de la musique ou du silence, nous devons toujours garder un climat de silence au cours des repas car le silence favorise la paix.
Il n’est d’ailleurs pas impossible non plus que, de temps en temps, nous ayons une lecture, même seulement pour le début du repas. Mais si la lecture doit édifier, elle n’est pas faite pour combler un vide ou servir de bruit de fond. Elle doit donc être audible et intelligible, donc pas trop rapide ni nécessairement longue.CHAPITRE 39 : DE LA MESURE DE NOURRITURE.
Lundi 18 décembre :
Dans ce chapitre, comme en d’autres concernant la vie monastique, on retrouve un principe cher à saint Benoît qui est celui de la mesure. Et en ce qui concerne la nourriture, ce principe va de pair avec la sobriété.
La nourriture est calculée en fonction des besoins de chacun comme du moment, de la saison, du travail à accomplir. Il doit y avoir suffisamment pour chaque frère, mais ce qu’il faut éviter, c’est l’excès ; la sobriété reste indispensable. Le moine doit demeurer vigilant par rapport à la nourriture, comme pour toutes les autres choses d’ailleurs !
C’est ainsi que les différents domaines de la vie ne sont pas séparés, car c’est toujours l’homme total qui prie, qui travaille, qui se nourrit… Notre être est UN ; il n’y a pas de séparation entre l’esprit, le cœur et le corps. Notre corps participe à la prière de la même façon que notre esprit et notre cœur respirent nos actions les plus variées comme le travail, les repas ou le repos.
On voit ici que tous ces chapitres sont animés par cette idée que tout homme, donc le moine, forme un tout dont les différentes composantes sont inséparables.
CHAPITRE 40 : DE LA MESURE DU BOIRE.
Mardi 19 juillet :
Dans ce chapitre, comme dans le précédent, et d’autres encore, saint Benoît insiste sur la mesure. Il connaît la nature humaine et sait que tous les excès sont possibles ! C’est pourquoi il tient compte des faiblesses et des fragilités des uns comme des autres.
Il permet donc l’usage du vin tout en y mettant des limites. Il ne faut pas plus tomber dans l’ivresse que dans la gloutonnerie lorsqu’il s’agit de la nourriture.
Mais au principe de la mesure, saint Benoît en ajoute un second : bannir le murmure ! Si les circonstances font que l’on ne peut pas satisfaire tous ses désirs, que ce soit pour la nourriture, la boisson ou dans tout autre domaine, on ne doit pas s’en attrister. Au contraire, les moines doivent bénir Dieu, car le manque peut nous rappeler que l’essentiel n’est pas d’ordre matériel. Nous chantons dans une hymne : « Il creuse en toi la pauvreté pour t’apprendre à prier ». La pauvreté est un chemin d’ouverture de nos cœurs vers Dieu.
Et puis le manque nous rappelle aussi qu’il y a des pauvres autour de nous, proches et lointains, qui n’ont même pas le nécessaire pour vivre.
CHAPITRE 41 : À QUELLES HEURES SE PRENNENT LES REPAS.
Mercredi 20 juillet :
Il apparaît ici, une fois de plus, que les repas ont toujours un rapport avec la liturgie comme on l’a vu à propos des semainiers de la cuisine et du lecteur. On voit ici le lien du repas avec le temps liturgique. L’horaire est calculé en fonction de la fête de Pâques et il y aura deux repas pendant le temps pascal et les jours de jeûne. Mais le repas sera plus tard, en début de l’après-midi, de septembre au Carême, et le soir pendant le Carême.
Il y a donc toujours une référence au mystère du Christ et l’attente de l’heure du repas a pour but de nous rappeler que notre vie est tendue vers le Christ ; notre horizon n’est pas seulement pour cette terre. C’est bien le sens de notre vie au monastère, comme de toute vie chrétienne d’ailleurs, car dès maintenant, nous vivons de la vie du Christ.
CHAPITRE 42 : QUE PERSONNE NE PARLE APRÈS COMPLIES.
Jeudi 21 juillet :
Ce chapitre sur les Complies marque l’importance de cet office qui ne vient pas tant de sa longueur, c’est en effet l’un des plus bref de la journée, que de sa place et de sa portée symbolique. Il marque le passage du jour à la nuit, de l’activité au repos, de la parole au silence. Le jour est le temps de la vie sociale, la nuit le temps du retour à soi-même, du retour à Dieu.
L’office de Complies est l’achèvement de la journée, son accomplissement. Le mot ‘’complies’’, completorium en latin, peut d’ailleurs avoir ce sens. Il nous renvoie à la dernière parole du Christ sur la croix : « Tout est accompli ». Le Christ remet sa vie entre les mains du Père ; à notre tour nous lui remettons toute notre journée avec ses œuvres bonnes et aussi avec notre péché, d’où la récitation du Confiteor au début de l’office. Et nous nous unissons à la prière de l’Église pour remettre au Père la vie de tous les hommes, proches ou lointains, avec les soucis du monde que nous pouvons offrir dans le silence de la nuit.
Ce silence que recommande saint Benoît avec insistance, n’est pas un silence disciplinaire, qui à la limite serait vide, mais un silence qui nous met en relation avec Dieu et qui, s’il suspend les relations humaines, les offre au Seigneur qui veille sur tous et poursuit son œuvre de rédemption dans le secret.
CHAPITRE 43 : DE CEUX QUI ARRIVENT EN RETARD À L’ŒUVRE DE DIEU OU À TABLE.
Vendredi 22 et samedi 23 juillet :
Au début de ce chapitre, saint Benoît rappelle ce principe essentiel : « Que rien ne soit préféré à l’œuvre de Dieu ».
La célébration de l’office, plusieurs fois par jour, est notre premier service. La liturgie est le lieu de la rencontre entre Dieu et chacun de nous ; elle imprègne toute notre vie de moine. Par la prière liturgique, nous rendons hommage à Dieu, qu’elle soit solennisée ou beaucoup plus simple, nous avons à manifester notre amour pour Lui.
Saint Benoît inclut les repas dans ce même chapitre où, une fois de plus, il établit le lien entre repas et liturgie. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’être présent, du début jusqu’à la fin, à tous ces actes communautaires. Nous devons donc veiller à l’exactitude de l’heure qui est la marque du respect dû à Dieu et aux frères.
On peut préciser aussi que le repas, étant un acte communautaire, il se prend sur place, au réfectoire, et que, sauf nécessité impérieuse, on ne doit pas manger à tout moment de la journée et faire le difficile ou s’abstenir lorsqu’on est à table, sous le prétexte qu’on n’a plus faim. C’est un manque de considération à l’égard de tous ceux qui préparent les repas : cuisiniers, serviteurs de table, réfectoriers comme de nos voisins de table.